La Tunisie est tributaire à 65% de l'étranger pour ses besoins en hydrocarbures. Le marché local est alimenté à hauteur de 35% par la STIR, la société tunisienne des industries de raffinage et de 65% par les importations. En vue d'inverser la tendance, une stratégie nationale est adoptée. Les pouvoirs publics ont décidé de prospecter encore plus. Si le coût est important et l'investissement lourd, l'exploration du sous-sol à plus de 4000 mètres de profondeur est jugée assez satisfaisante pour approvisionner le marché national et dégager des excédents. Dans ces programmes de maîtrise de l'énergie, le gouvernement tunisien est parvenu à stabiliser la consommation des produits pétroliers au profit du développement de la distribution du gaz naturel. Le gaz prend ainsi des proportions intéressantes. La Tunisie a connu pendant une dizaine d'années, un déficit énergétique. Elle connaîtra au cours de l'année 2009, un solde positif de l'ordre de 0,6 Millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP), selon les statistiques présentées à la table ronde organisée vendredi 20 février 2009 par le Forum international de Réalités en partenariat avec Oilibya. Les investissements dans le domaine de l'exploration et du développement du secteur pétrolier et gazier ont été quintuplés au cours de la période 2005-2008, passant de 500 MD à 2700 MD. Le nombre des puits forés s'élève actuellement à 38 puits de développement contre 14 puits en 2005. Une vingtaine de nouvelles découvertes ont été réalisées au cours de cette même période. Avant, les forages se limitaient à quelques centaines de mètres. Maintenant, on creuse de plus en plus en profondeur. Les efforts de prospection devraient être accompagnés, parallèlement, par la mise en place d'une stratégie appropriée d'approvisionnement axée sur le stockage des réserves énergétiques et une meilleure régulation du niveau de la production. Ablelaziz Rassaä, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Industrie, de l'Energie et de PME, chargé de l'énergie renouvelable et des industries alimentaires, a souligné que « l'un des piliers de la politique énergétique en Tunisie est la promotion des investissements étrangers et l'encouragement de partenariat et de joint-ventures. En effet le climat des affaires dans notre pays offre des conditions de stabilité et de sécurité ainsi que des facteurs de compétitivité qui représentent des atouts majeurs pour les compagnies étrangères qui désirent réaliser des projets de prospection et de développement des hydrocarbures ». Le gaz naturel est un motif de satisfaction pour M. Rassaâ : « Les projets gaz en cours ou prévus dans le court terme à l'instar du champ Hasdrubal ou du projet "gaz du sud" vont permettre à la Tunisie de dégager un excédent du bilan gaz qui atteindrait 2 Mtep en 2O12 et pourrait ouvrir de nouvelles opportunités d'écouler ce produit sur de nouveaux marchés. » Parallèlement à la production, la stratégie nationale consiste à développer l'infrastructure énergétique en Tunisie : « Grâce au dynamisme du secteur, la capacité du gazoduc du Sud a été doublée. Elle sera renforcée à court et moyen termes par plusieurs nouveaux projets importants à l'instar des gazoducs prévus par le plan directeur qui vont permettre le raccordement de 100 communes supplémentaires au réseau national du gaz naturel en 2011 », a annoncé M. Rassaâ. Il est à noter que 460 000 ménages étaient raccordés au gaz naturel en 2008 contre 220 000 en 2004. L'objectif, selon le secrétaire d'Etat est d'atteindre les 700 000 en 2011. Parmi les villes concernées par l'extension du réseau, le secrétaire d'Etat a cité Gafsa, Kasserine, l'Ariana, Bizerte, Béja, Jendouba La table ronde, qui a pour thème "Quelle stratégie tunisienne pour le secteur pétrolier et gazier : de la prospection à la commercialisation", a été axée, comme l'a noté à l'ouverture des travaux Taïeb Zahar, directeur de Réalités, sur trois problématiques dégagées à partir des différentes préoccupations des professionnels, à savoir le forage et la prospection, le raffinage et l'approvisionnement et enfin la commercialisation et la fluctuation des prix. Les problèmes inhérents à ces différentes étapes ont été abordés dans trois panels. Au nombre de ces problèmes, les orateurs ont évoqué les difficultés liées à la formation de spécialistes que les multinationales attirent en mettant les grands moyens, les contraintes liées à l'importation, tels les délais d'approvisionnement, l'infrastructure adéquate, lenteur des procédures administratives, la libéralisation des carburants M. Rassaâ a indiqué que les études sont en cours au sein du ministère en vue de surmonter ces obstacles à l'importation et qu'à l'heure actuelle, seul le kérosène bénéficie d'une libéralisation à l'importation. L'un des moments forts de cette table ronde aura été la question des prix du carburant. Des intervenants se sont fait l'écho de la déception du consommateur tunisien devant la baisse jugée dérisoire du prix de l'essence, à savoir 50 millimes. Dans sa réponse, M.Rassaa a souligné que la nouvelle démarche de l'Etat vise à donner une plus grande prévisibilité des prix de manière à aider les différents acteurs économiques à prendre une décision à bon escient. L'objectif recherché est d'assurer la convergence requise entre le prix national et celui pratiqué sur le marché international. Il a indiqué que les prix sont amenés à être révisés à chaque fin de trimestre et qu'ils évolueront soit à la baisse soit à la hausse, en fonction de la fluctuation du prix du baril sur les marchés internationaux. Il a précisé que la taxation en Tunisie est la plus basse en comparaison de ce qui est pratiqué dans d'autres pays. Mais, qu'en est-il de l'après pétrole ? Est-il opportun de traiter de pétrole et d'occulter l'énergie renouvelable, à l'heure où les constructeurs automobiles sont de plus en plus impliqués dans l'après pétrole ? Les constructeurs automobiles et les autres gros consommateurs de pétrole multiplient les expériences et les innovations pour des solutions hydriques et électriques. En fait, la question de l'énergie renouvelable et des énergies alternatives a été éludée à dessein. Le "Forum international de Réalités", conscient de cette évolution, promet de consacrer d'autres tables rondes à ces nouvelles formes d'énergie. Taïeb Zahar a annoncé qu'un forum sur le nucléaire sera organisé bientôt ! Moncef BEDDA