Après moult déclarations et contre-déclarations, des affirmations et contre-affirmations, le directeur général de la Pharmacie et du médicament au sein du ministère de la Santé publique a décidé : les Tunisiens n'auront pas de Viagra. C'est ce qu'a déclaré, haut et fort la semaine dernière, Monsieur le directeur dans un journal en cherchant à démentir un autre. C'est curieux d'utiliser un journal pour démentir un autre, mais passons, là n'est pas la question. La question est : pourquoi les Tunisiens n'ont pas droit au Viagra, contrairement au reste des pays de la planète ? Kamel Idir, le directeur en question, propose deux raisons et à nous de choisir laquelle désire-t-on retenir. La première est que la Tunisie a d'autres priorités et d'autres préoccupations à même de retenir l'attention et de susciter l'intérêt. La seconde est que des expériences ont attesté que ce médicament avait causé, dans l'un des pays, 300 décès parmi les hommes qui en avaient fait usage. Pour la première raison, force est de reconnaitre que la Tunisie a d'autres préoccupations, mais si l'on suit le principe de Monsieur le directeur qui en sait, a priori, davantage que nous sur nos préoccupations, on va arrêter, par exemple, d'importer des 4x4 de luxe, grands consommateurs de devises et de carburant. Et tant qu'on y est, pourquoi n'arrête-t-on pas « d'importer » des entraîneurs de foot à prix d'or, comme M. Idir sait si bien le faire, puisqu'il est également président d'un club sportif ? Franchement, et avec tout le respect que l'on doit à la personne de M. Idir, sa direction, sa pharmacie, ses médicaments et son club sportif, son classement des priorités nationales ne tient pas du tout debout. Il n'y a pas mieux qu'un bon viagra pour tenir debout un homme et le booster à créer, à produire, à ajouter de la valeur et de la croissance au pays. C'est prouvé et attesté partout où le Viagra est commercialisé. Sont connus aussi les dégâts que cause l'absence de Viagra dans les ménages et parmi les couples. Quant au second argument, on aimerait bien savoir de quel pays Monsieur le directeur parle-t-il. Si le Viagra est tuant, cela se saurait et il aurait été retiré depuis des années des grands pays où il est commercialisé. Or, ce n'est pas le cas. A vrai dire, il est tuant, mais le terme a un sens autre que celui voulu par M. Idir. Hommes et femmes, normalement constitués et pas complexés par leur sexualité, aimeraient tous être tués et catapultés au 7ème ciel par le Viagra. C'est connu, quand la psyché va, tout va ! Je ne vois donc pas de quels « tués » parle M. Idir. A moins qu'il ne pense à ceux qui ont acheté leur Viagra de contrefaçon sous le manteau à Sidi Boumendil ou sur Internet, mais là c'est une autre histoire. Mais il se trouve qu'il n'y a pas que le Viagra qui est considéré comme médicament de confort interdit d'importation, parce que quelques directeurs-pharmaciens ne l'ont pas jugé (sur quelle base ?) prioritaire. Exemple : l'Actifed jour et nuit qu'on voit à la pub, lui non plus, n'est pas importé. Pourtant, si l'on est moins enrhumé le jour et qu'on dort bien la nuit, il est évident que l'on sera plus productif. Reste à convaincre son pharmacien de la chose. Sérieusement, nous sommes en 2010 et il est parfois horripilant de constater que certains responsables continuent à vouloir imposer leurs décisions à la population dans un monde où le marché et le commerce sont libres. Jusqu'à nouvel ordre et d'après les informations que j'ai et la politique suivie depuis toujours par le pays, je pense que les Tunisiens sont libres et libres de choisir de vivre dans le confort, si leurs moyens le leur permettent. Ils sont libres, également, de juger d'eux-mêmes et de fixer leurs propres priorités et leurs propres préoccupations qui ne sont certainement pas un paquet de Viagra, mais pas non plus un ballon de foot. Qu'il y ait une raison valable d'interdire le Viagra ou tel ou autre médicament de confort, soit ! Mais qu'on nous la donne cette raison et qu'on arrête de nous considérer comme mineurs et non vaccinés en nous fourguant des excuses fallacieuses héritées des années 60 et en nous prenant pour des idiots qui ne savent ni lire ni écrire et qui n'ont pas de télé ou d'internet pour savoir ce qui se passe sur la planète.