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Tunisie - Enquête sur les salaires des patrons
Publié dans Business News le 18 - 02 - 2010

Existe-t-il des hommes ordinaires qui touchent des rémunérations extraordinaires ? Apparemment, oui. Les chefs d'entreprises tunisiennes. Si certains disent, que les patrons des entreprises tunisiennes sont mal payés comparativement à leurs homologues, sous d'autres cieux, d'autres les contredisent sur toute la ligne. Leur justification : les dirigeants tunisiens disposent d'une grande liberté pour construire leur rémunération d'autant plus que cette même rémunération, dans un tissu économique composé à 90% par des entreprises familiales, n'est pas indexée par rapport à la performance. Entre la vérité et la fausseté, entre la transparence et l'opacité, entre l'information et la désinformation, le Tunisien meurt d'envie pour trouver une réponse à une question taboue: Combien gagnent les chefs d'entreprises tunisiennes ?
L'Institut arabe des chefs d'entreprise (IACE), a braqué les feux de projecteurs sur la question, en organisant mercredi 17 février 2010, un workshop ayant pour intitulé : « La rémunération des dirigeants sociaux». Nonobstant les problèmes d'opacité et de complexité, du fait de la multiplicité des éléments de rémunération et les difficultés de leur détermination, d'une part, et la quasi absence de la transparence, d'autre part, font que le législateur oblige les dirigeants à communiquer le détail de leur rémunération. Néanmoins, ce n'est pas la peine de pratiquer aussi dur les sciences occultes et la sorcellerie, pour parvenir à calculer la rémunération des dirigeants en Tunisie. Même si c'était prévisible statistiquement, on se perd en conjectures.
Hassen Zargouni, PDG de Sigma conseil, ne s'oppose pas à ce constat d'autant plus que son enquête, baptisée "l'Etat des lieux et des pratiques en vigueur en matière de rémunération des dirigeants sociaux en Tunisie ", effectuée par sondage auprès d' un échantillon de 180 sociétés dont 10% sont cotées en Bourse, a mis la question sous le signe d'un débat sur des terrains glissants.
Le sondage, qui s'étalait sur tous les secteurs d'activités, nous fait ressortir des chiffres marquants. En Tunisie, la rémunération brute annuelle médiane est de 85000 DT, la rémunération brute moyenne est de 110000 DT, la rémunération brute minimale est de 29000 DT. Il est à noter, à ce propos, que le salaire annuel de bon nombre de chefs de PME n'atteint pas encore ce montant.
Quant à la maximale, elle est de 360000 DT. Il en ressort, également, que l'industrie (moyenne 120000 DT) est plus rémunératrice que les services (moyenne 100000 DT), les sociétés anaonymes rémunèrent près de 3 fois (2,7) plus que les SARL et les avantages en nature oscillent entre 15 et 40 % de la rémunération totale des dirigeants sociaux à savoir pour le président du conseil d'administration, le président directeur général(PDG), le directeur général(DG), le directeur général adjoint(DGA) et l'administrateur.
Par secteurs d'activités, l'industrie pétrolière est la mieux rémunératrice (291 000 DT), suivie par le secteur bancaire (264 000 DT) et les industries de matériaux de construction (198 000 DT), l'industrie minière (146000 DT) et l'hôtellerie (140000 DT). Le secteur de transport et autres services figurent en queue de liste avec une rémunération annuelle brute moyenne de 50000 DT.
Quels enseignements pouvons-nous tirer de ces chiffres ? On place souvent tous les patrons dans le même sac. Pourtant, de grandes différences de salaires les séparent. Selon M. Zargouni, il y a une incohérence entre la rémunération des administrateurs par rapport à leurs compétences et un grand écart entre la rémunération des dirigeants et les hauts cadres d'une même entreprise. En outre, les entreprises publiques rémunèrent moins leurs dirigeants (un mensuel brut de 1200 à 4000 dinars). Côté transparence, les entreprises publiques s'avèrent plus transparentes que celles exerçant dans le privé.
A entendre M. Zargouni, la rémunération des dirigeants sociaux en Tunisie est incohérente par rapport aux enjeux économiques et ce, de par son caractère forfaitaire alors que ces mêmes dirigeants sont sensés être des experts. Dans un tissu économique composé à 90% par des entreprises familiales, celles les moins transparentes sont celles dont le père fondateur est le dirigeant actuel. Un des problèmes épineux, que connaissent ces entreprises, demeure, sans aucun doute, la transmission familiale interne qui n'est pas perçue comme une préoccupation majeure. Du point de vue gouvernance, la pratique du terrain révèle toutes les difficultés d'ordre fiscal, juridique et financier rencontrées par les dirigeants au moment d'assurer leur succession. Une situation qui ne présente pas un grand souci, faut-il l'avouer, pour les pères fondateurs. "Ce sont des pratiques managériales opaques, notamment en matière de rémunération des dirigeants sociaux. La question de transparence ne se pose pas dans le cas d'une transmission légale. En Tunisie, à mon sens, il n'y a pas de problèmes de salaires exorbitants, le problème réside dans le manque de transparence", a-t-il précisé.
Autre question non moins brûlante pour ne pas dire épineuse : Pourquoi les patrons des entreprises privées, surtout celles cotées en Bourse, ne dévoilent pas au public les salaires qu'ils gagnent ? L'Histoire retiendra deux noms pour avoir été les premiers chefs d'entreprises en Tunisie à communiquer publiquement leur salaire, en l'occurrence Fethi Hachicha (le patron d'Electrostar) et Abdelwaheb Ben Ayed (patron de Poulina Group Holding). Ce dernier touche annuellement 550000 dinars (2008). Pourtant, le Code des sociétés commerciales (CSC) oblige, dans ses articles 200 et suivants, les dirigeants à communiquer le détail de leur rémunération. Ahmed Ouerfelli, juge, a soulevé l'ambigüité de certains textes légaux qui ne tranchent pas clairement sur la question. A juste titre, la loi promulguée en 2005, s'est penchée sur les jetons de présence, un des éléments de la grille globale de la rémunération. Cependant, elle n'a pas évoqué spécifiquement les salaires des dirigeants. Les nouvelles dispositions ont été prises dans un souci de transparence totale et dans le dessein d'éclairer les minorités, et non dans l'optique de violer des secrets interdits.
Selon M. Ouerfelli, l'amendement de 2009 du CSC oblige, en effet à la déclaration, aussi, des indemnités et des «autres avantages». On y retrouve généralement les voitures, les bons d'essence, les logements et autres bonus. Il stipule que le rapport adressé aux actionnaires, doit comprendre les salaires des membres de la direction générale, PDG et Directeur général, les jetons de présence et toutes sortes d'émoluments. Tous les avantages sont considérés comme étant des opérations réglementées qui doivent requérir l'approbation du conseil d'administration et doivent apparaître dans le rapport du commissaire aux comptes. Une autre précision de taille. "Il n'y a aucun rapport entre la législation sur la protection des données personnelles et les nouvelles dispositions prises dans un souci de transparence vis-à-vis des actionnaires", précise M. Ouerfelli.
A vrai dire, si la loi ambitionne à persuader les décideurs économiques de la nécessité d'épouser leur temps et de s'engager dans une optique de transparence, elle ne cherche pas, par contre, à violer des secrets interdits. Il est temps de briser la loi d'omerta pour nos dirigeants. Ils doivent prendre en considération les implications fiscales et sociales et raisonner de façon globale en tenant compte de la trésorerie de l'entreprise et de ses besoins à court, moyen et long termes, en s' engagent dans cette optique de transparence, un des piliers de la bonne gouvernance. Walid Ahmed Ferchichi


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