Les commentaires suscités par l'article « quelles parts des entreprises tunisiennes dans le TOP 500 en Afrique ? » paru lundi dernier sur ces mêmes colonnes, ont été à l'origine du retour sur le sujet sous un angle différent. Il sera désormais question de mesurer le potentiel financier des grands groupes tunisiens, comparativement aux grands ténors arabes des finances. Laquelle comparaison serait d'autant plus d'actualité que Forbes vient de mettre à jour sa liste des grandes fortunes personnelles pour 2010. Le fait d'aborder ce sujet ne veut nullement dire qu'on s'attendait à des surprises. Loin de là, nos groupes ne peuvent de toute façon pas grimper, du jour au lendemain, les échelons et se retrouver au TOP mondial des affaires et des finances. C'était juste pour faire la part des choses et voir plus clair dans le tableau de bord de l'économie tunisienne. Les chiffres des trois dernières années montrent bien que les sociétés travaillant dans les secteurs du pétrole et du phosphate se répartissent les premières loges en Tunisie, bénéficiant de la faveur de la hausse des cours sur le plan international. La Société Tunisienne des Industries de Raffinage (STIR) vient en tête des sociétés tunisiennes en termes de chiffres d'affaires pour l'année 2008 avec 3,189 milliards de dinars, soit près de 2,5 milliards de dollars. La STIR est talonnée de près en 2008 par le Groupe Chimique Tunisien qui a enregistré un chiffre d'affaires record de 3,017 milliards de dinars, soit 2,3 milliards de dollars. L'Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières (ETAP) et la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) se sont retrouvées aux 4ème et 5ème places avec, respectivement, 1,42 et 1,406 milliard de dinars. Les sociétés de la téléphonie Télécom et Tunisiana, ont occupé les 7ème et 9ème places avec des chiffres d'affaires en 2008 s'élevant à 1,34 milliard de dinars et 0, 89 milliard de dinars. La première remarque sautant aux yeux confirme le fait que le TOP 10 des entreprises tunisiennes est formé d'entreprises étatiques ou à capitaux étrangers (Tunisiana). Seul, le Holding Poulina aurait pu prétendre à une place dans ce club. Mais les résultats des établissements le constituant, avaient été présentés séparément en 2008. Le chiffre d'affaires du Holding Poulina dépasse actuellement le milliard de dinars. Il était, en 2008, supérieur à 970 millions de dinars. Les autres groupes tunisiens pèsent largement moins que le milliard de dinars. Nouvelair était, en 2008, à 477 millions de dinars, le Magasin général à 390 millions de dinars, Délice Danone à 389 millions de dinars, Monoprix à 312 millions de dinars, Ennakl à 305 millions de dinars, etc C'est dire que les chiffres d'affaires des groupes les plus en vue dans le secteur privé ne dépassent guère les 500 millions de dinars et n'ont rien à voir avec les milliards de dollars du TOP 20 de Forbes. Mieux encore, les plus grands groupes tunisiens ne peuvent aucunement rivaliser avec ces fortunes arabes colossales. Il suffit de souligner que le budget 2010 de la Tunisie s'élève à 18,335 milliards de dinars (près de 15 milliards de dollars) alors que la fortune d'Al Waleed Ibn Talel, à titre d'exemple, a été estimée par Forbes à 19,4 milliards de dollars. Ce chiffre résume, à lui seul, toute la situation et reflète le fossé séparant les grandes fortunes arabes des nôtres. Mais, il n'y a pas que le prince Al Waleed, d'autres fortunes personnelles arabes en disent long sur leur potentiel financier. Le Saoudien Mohamed El Amoudi se prévaut de dix milliards de dollars. Le Koweïtien Nasser El Khirafi et sa famille pèsent 8,7 milliards de dollars. En dehors du Golfe, l'Egyptien Nassef Sawiris « pèse » 5,9 milliards de dollars, les Libanais Néjib et Taha Mikati pèsent chacun 2,5 milliards de dollars. Au total, on enregistre pas moins de 33 milliardaires arabes dans le classement de Forbes. Ces chiffres montrent que les dimensions tunisiennes ne peuvent pas se comparer avec celles à l'échelle arabe, même, après la crise financière internationale qui a frappé de plein fouet les capitaux arabes investis sur la scène internationale. Ces chiffres montrent, par ailleurs, que la Tunisie est encore un petit marché et qu'il faut travailler pour parvenir à attirer chez nous les Investissements Directs Etrangers nécessaires pour notre croissance économique.