Notre ami et confrère Mohamed Maâmri, directeur de la radio régionale de Tataouine, vient de pondre un livre de grande portée, "la presse électronique arabe : les fondements et les défis". Lequel livre donne, pour la première fois, une description complète, claire et précise d'un phénomène en plein boom. En plaçant le « journalisme électronique » appelé également « cyber journalisme », « journalisme en ligne » ou « journalisme multimédia », au centre des mutations technologiques que connaît le monde entier, plus particulièrement la région arabe, et qui ont fait basculer de fond en comble la perception même de l'information, de sa production, de sa distribution, de ses supports mais aussi de sa transcendalité par rapport aux médias classiques, l'auteur comble un vide dans la bibliothèque arabe et tunisienne. M. Maâmri, dans ce livre de 173 pages, nous a épargné les ragots qu'on trouve un peu partout sur la question. Etant à la base un mémoire de master en sciences d'information et de communication, la dimension académique du livre s'est enrichie de méthodologies variées et d'études de cas durcies par une lecture et une sélection des références les plus respectées et pertinenentes en la matière. Tout au long de ce travail de recherche immense et fort utile, l'auteur a cherché à appréhender les contours de ce « nouveau type » de médias : la presse électronique, et ce à travers son identification et ses définitions dans sa littérature accompagnée ainsi que dans le corpus législatif arabe. La presse électronique arabe, et plus particulièrement tunisienne, est une presse, faut-il l'avouer, encore naissante, alors que sous d'autres cieux, elle a déjà dépassé la presse traditionnelle et acquis plusieurs lectorats. Déjà, il y a une anecdote sur la place qui disait que la toile est "un gigantesque kiosque à journaux, et nous devons partir à sa découverte". C'est tellement vrai que ce nouveau modèle, d'après l'auteur, continue à soulever un tas de questions auxquelles on ne saurit aisément apporter des éléments de réponses, notamment sur le sujet du statut juridique de la presse électronique. S'il est vrai que, sur la toile, d'innombrables sites diffusent périodiquement de l'information sous une forme qui s'apparente à la presse écrite ou audiovisuelle, le vide juridique obstrue encore toute tentative de distinction entre les sites commerciaux, les sites institutionnels et les sites purement médiatiques. Par ailleurs, M. Maâmri a essayé de dépoussiérer un autre fait oublié : la reconnaissance juridique des journalistes professionnels exerçant dans les médias en ligne. En plus, l'auteur ne manque pas de s'interroger : "Sa législation est-elle inspirée de l'intérieur du corpus juridique médiatique ou de l'extérieur, se métamorphosant en un autre corpus juridique qui n'a de relation avec les médias que par le biais du support technique (Internet). Et quelles conséquences peut-on repérer de la postulation et l'identification minutieuse de la presse électronique au niveau de l'organisation et de la législation ? ». Sujet encore vierge, M. Maâmri en a pris possession avec maîtrise. C'est, en effet, un livre qui se lit d'un seul trait, avec une facilité déconcertante, légèreté du style bien qu'il soit fort sérieux et pleins d'informations. W.A.F.