• Un ouvrage de Mohamed Maâmri Le contenu informatif disponible sur Internet ne peut pas être considéré dans sa totalité comme étant le fruit du journalisme électronique. Cette dernière activité, bien qu'en constante évolution dans le monde arabe, ne fait l'objet d'aucune définition précise sur le plan juridique dans cette région-là et reste rattachée aux textes relatifs aux communications (le support) avec parfois référence aux lois régissant la presse et les publications d'une façon générale. Ce sont là les principales conclusions de l'ouvrage que vient de publier notre confrère Mohamed Maâmri, chez Kacem Chérif et dont le titre (en arabe) est ce que nous traduisons : «La presse électronique arabe : fondements et défis». S'étalant sur un peu plus de 170 page (15x21), l'ouvrage est une reprise revue et augmentée du mémoire de master en sciences de l'information et de la communication soutenu par l'auteur à l'Institut de presse et des sciences de l'information (Ipsi) de Tunis en juin 2009. Travail qui s'est intéressé aux aspects conceptuels et juridiques. Ayant gardé son caractère universitaire et de recherche, l'ouvrage décortique le thème en cinq chapitres, et ce, en plus de l'introduction, la conclusion, les résumés (en français et en anglais) et les références bibliographiques. Soit tour à tour : «Un nouveau réseau conceptuel», «La presse électronique dans le monde arabe» et la presse électronique arabe et la législation», «De la relation entre spécification et définition et législation» et enfin «Horizon de la presse électronique arabe». Un plan bien détaillé Voulant participer à l'enrichissement du débat autour de cette «nouvelle» forme de presse et ce qui pourrait la différencier des autres contenus disponibles sur le web (sites officiels, blogs, réseaux sociaux…), l'auteur a commencé par le passage obligé de la définition des concepts puis donné un large aperçu sur la réalité de cette presse dans la région arabe (historique, législation, environnement médiatique, échantillons…). L'auteur a ensuite donné un bref aperçu sur la polémique autour de l'organisation de l'Internet puis traité de quelques échantillons de législation en vigueur dans des pays non arabes. Il a tour à tour présenté les modèles français, américain et chinois. Il a ensuite présenté le modèle tunisien puis les modèles saoudien et égyptien, pour enfin s'attaquer aux challenges législatifs et leur double contrainte locale et mondiale, y compris les volets relatifs aux délits par voie de presse. Enfin et dans le dernier chapitre, l'auteur traite de la réalité de cette presse dans les pays arabes en focalisant sur les défaillances et lacunes pouvant freiner son développement telles que la faiblesse de l'infrastructure de télécommunication, l'analphabétisme, le manque de rentabilité économique dont pourraient souffrir les journaux électroniques, le manque de professionnels spécialisés dans cette nouvelle presse. Un phénomène appelé «blogs» Examinant plusieurs définitions de la presse électronique telles que rencontrées dans la littérature spécialisée, l'auteur considère que cette forme de presse est avant tout un journalisme avec tout ce que cela implique sur le plan professionnel (métier), législatif (codes), éthique (chartes), économique et social. Il s'agit du prolongement de la presse papier sur un support électronique en ligne. Ce qui lui confère un caractère multimédiatique, instantané, interactif, souple, tout en restant peu coûteuse. Bref, alliant tous les avantages de l'Internet, y compris l'hypertexte, les liens supplémentaires et l'archivage électronique. Faisant remarquer la disparité caractérisant la région arabe et touchant aussi bien les infrastructures que les législations, ou le pouvoir d'achat des citoyens respectifs, l'auteur montre la difficulté de la question. C'est-à-dire l'analyse de la situation de la presse électronique arabe en général. Il relève cependant le phénomène grandissant des blogs (490.000 selon le rapport arabe sur le développement). Tunisie : le code de la presse comme référence En traitant du modèle tunisien dans ce domaine, l'auteur a pris soin de donner un aperçu succinct sur la réalité de cette presse en Tunisie, c'est-à-dire de l'existence de journaux électroniques qui ont su s'imposer et d'autres qui n'ont pas pu survivre. Il a expliqué que du côté législatif, la Tunisie possède un code de la presse ainsi que d'autres dispositions spécifiques touchant l'expression publique réparties sur plusieurs autres codes (contrats et obligations, communications, commerce, pénal, de la propriété intellectuelle et artistique…). L'auteur se réfère aussi à l'article n°2 du décret n°97-501 (1997) définissant les services à valeur ajoutée dans les communications en ligne, ainsi que l'article n°4 du même texte. Celui-ci impose à tous ceux qui désirent obtenir une autorisation d'exploitation de ce genre de services d'être soumis à la législation tunisienne, ayant un capital propre, à majorité d'actionnaires tunisiens. Quant à l'article n°19 dudit décret que l'auteur cite, il stipule que ces services se doivent d'avoir un directeur responsable sur le contenu du service offert, et ce, en conformité aux dispositions du code de la presse. Ayant fait le tour de la question et mis le doigt sur les différents problèmes que rencontre la presse électronique dans le monde arabe, Mohamed Maâmri, qui détient également un DEA en civilisation arabo-islamique (1997) et a fait partie du comité arabe de la presse électronique relevant de la Ligue des Etats arabes (2006-2009), a ainsi apporté du nouveau à la question. L'auteur, qui est actuellement le directeur de Radio Tataouine après un passage au journal Al Horria avec grade de rédacteur en chef, a donc plus d'une corde à son arc médiatique, sachant qu'il faisait partie du cabinet du ministre de la Communication. Il est donc bien imprégné des enjeux et problématiques touchant les médias d'une façon générale et son ouvrage ne manquera pas de participer à l'évolution du secteur.