Les nostalgiques des PTT crient leur joie ! Ils ont réussi à obtenir gain de cause auprès du nouveau PDG de Tunisie Telecom, Raouf Chekir, qui a accédé à toutes les revendications, ou une majorité d'entre elles. Pas moins de 60 contractuels ont ainsi été suspendus de leurs fonctions au motif que leur rémunération ne coïncide pas avec la grille salariale de Tunisie Telecom. L'introduction en bourse, prévue au cours des prochaines semaines, est renvoyée, pour sa part, aux calendes grecques voire annulée tout simplement. Sous la pression de l'UGTT, et avec l'appui du gouvernement, nous dit-on, la direction générale a cédé pour éviter, à n'importe quel prix, la grève prévue aujourd'hui. La grève a été annulée, mais une soixantaine de personnes se sont retrouvées privées de leur travail. Soit elles acceptent de coller à la grille salariale de l'entreprise (signifiant une baisse de leur rémunération), soit elles quittent l'entreprise. On est allé jusqu'à gifler une ancienne salariée de Tunisie Telecom qui a manifesté sa solidarité avec ses collègues contractuels. Pas de place aux voix contradictoires ! Le hic, c'est que ces contractuels, dits « hauts salaires », ont été débauchés par les anciennes directions de l'opérateur, pour qu'ils rejoignent l'équipe de Tunisie Telecom et lui fassent profiter de leur know how. Un know how rejeté par les protestataires qui disent que ces « soit disant compétences » sont incompétents et n'ont rien apporté de nouveau à la société. Se trouvant éjectés de leur bureau, ces contractuels sont actuellement rassemblés (jeudi 10 février 2011 à 12 h30) devant le bâtiment de l'ancien ministère des Technologies de la communication à la rue d'Angleterre à Tunis. Certains soupçonnent un conseiller du gouvernement d'être derrière ces manœuvres afin de fragiliser Tunisie Telecom, en la vidant de ses compétences débauchées chez des opérateurs étrangers et des entreprises, et favoriser ainsi une certaine concurrence. Théorie du complot ? Elle est étayée par le fait de l'impuissance ou la démission de ceux qui défendaient les nouvelles recrues externes par le passé. Cette théorie du complot perd cependant de son crédit quand on sait que le problème, des différences de salaires entre les anciens employés de Tunisie Telecom et les nouveaux contractuels, couvait depuis des années remontant à l'époque d'Ahmed Mahjoub. Autre élément, la concurrence serait plutôt occupée à fouetter d'autres chats actuellement, tout comme le conseiller en question. Quoiqu'il en soit, une chose est certaine, dans l'impossibilité d'augmenter les 8000 salariés de TT et de les mettre à égalité avec les nouveaux, on a dû « sacrifier » les contractuels que l'entreprise a, hier, débauchés. En prenant le risque de lâcher leur employeur initial et de venir servir l'opérateur public (et pour beaucoup, ils n'ont pas vraiment obtenu une hausse significative de leurs revenus), ces contractuels se sont retrouvés perdants sur toute la ligne. Ce qui est à craindre, c'est le pire scénario et il n'est pas improbable, c'est que Tunisie Telecom perde, elle aussi, sur toute la ligne avec le départ de ces contractuels reconnus pour leurs compétences dans le milieu, aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger. Mais comme le dit le proverbe, nul n'est prophète dans son pays. N.B.