Je laisse le soin à nos économistes de faire des analyses détaillées de la situation économique de notre pays, et je me limiterai à analyser deux aspects de notre économie, le budget de l'Etat et le chômage. Ainsi, dans un article paru le 15 juin signé par l'agence TAP, le budget de l'Etat a été révisé, pour inclure des dépenses en hausse de 11%, à 21 330 milliards de DT et des recettes à 14 961 milliards de DT, qui sont loin de couvrir les dépenses de l'Etat, l'obligeant à faire des emprunts à hauteur de 5 152 milliards de DT, soit 24% du budget. En d'autres termes, l'Etat fait face à ses obligations, mais l'activité économique du pays ne génère pas assez de recettes pour couvrir les dépenses. Au point que l'Etat emprunte un quart de ses besoins pour payer les salaires des fonctionnaires, augmentant ainsi sans contrepartie l'endettement du pays qui représente désormais 43% du PIB. Selon le Gouvernement, la croissance économique ne sera pas au rendez-vous, et la saison touristique s'annonce très mauvaise, pour ne pas dire catastrophique. Dans ces conditions, le chômage qui touche aujourd'hui plus de 700 000 de nos concitoyens, sera aggravé par l'arrivée de quelques 85 000 nouveaux diplômés, sans oublier les quelque 200 000 emplois qui seront malheureusement perdus dans le secteur du tourisme, conséquence de la fermeture et la réduction de l'activité de plusieurs unités touristiques. Le chiffre du million de demandeurs d'emploi pointe donc devant nous dans la plus grande indifférence des partis et des acteurs politiques. Jusqu'ou irons nous avant de tirer la sonnette d'alarme ? Pendant ce temps là, des hommes de loi, des politiques, détaillent les solutions pour une excellente transition démocratique. La Constituante, soi-disant demandée par le peuple, serait ainsi la seule et unique solution. Tant-pis si ce processus doit prendre des années, les pauvres et les chômeurs attendront. Le budget de l'Etat continuera aussi à être largement déficitaire, et nous continuerons à endetter les générations futures sans contrepartie au niveau du développement du pays. J'espère que certains d'entre nous commenceront à dire : trop c'est trop et arrêtons le mal que nous faisons à notre pays et aux générations futures. Notre pays ne supportera pas plusieurs années de transition démocratique. Tout en capitalisant sur acquis et les bienfaits de la révolution en termes de liberté et de justice, le provisoire coûte très cher à notre pays. Nous n'en sommes qu'à 5 mois du 14 janvier et notre économie est déjà à genoux et nos structures sociales sont quasi-anéanties. Sans parler de l'aléatoire et du désordre qui règne dans nos régions, conséquence de la perte de l'autorité, et les dangers sont grands de voir encore plus de manifestations populaires, de grèves, de blocages en tous genres pour la défense d'intérêts particuliers. Alors soyons raisonnables, et mon appel est lancé vers les Partis qui monopolisent la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution : d'autres solutions existent, parmi lesquelles le référendum, elles permettent de sortir le pays plus rapidement de la crise, prenez le temps de les étudier ! *Enis GAALOUL, Association Tunisie Moderne