• 8564,7 millions de dinars seraient alloués aux salaires du secteur public en 2012 • Création de 21 138 nouveaux emplois dans les différents secteurs de l'économie pour une valeur de 100 millions de dinars • 9300 départs à la retraite en 2012 • Les augmentations salariales coûteraient à l'Etat 922 millions de dinars Le budget économique de l'Etat pour cette année, fait encore parler de lui. Ce budget est estimé à 22 935 millions de dinars (près de 16.382 millions de dollars), soit une augmentation de 9,6% par rapport au budget de l'année dernière. 70% de ce budget prévu, provient des ressources intérieures, alors que le reste, soit 30% serait assuré par des emprunts intérieurs et extérieurs. Les dépenses de l'Etat se répartissent sur les dépenses de développement, la subvention des produits de base, de l'énergie et du transport ainsi que d'autres dépenses prévu pour le développement régional. Les dépenses relatives à la masse salariale dans le secteur public y font partie. Ainsi, 13 540 millions de dinars seraient alloués aux dépenses de gestion dont 80% seraient allouées pour satisfaire la masse salariale. Ce sont donc, à peu près, quelque 8564,7 millions de dinars réservés aux salaires de la fonction et du secteur publics, en augmentation de 922 millions de dinars par rapport à l'année 2011. Cette augmentation s'explique, selon le document du budget de l'Etat, par les augmentations salariales décidées en 2011 qui avoisinent 288 millions de dinars et les augmentations salariales spécifiques à quelques secteurs pour une valeur de 40 millions de dinars. Les promotions et les avantages décidés ont coûté à la communauté environ 80 millions de dinars. Raison pour laquelle, le Premier ministre promet des mesures d'austérité pour restreindre le maximum possible ces dépenses. Plus encore, cette augmentation (de 922 millions de dinars) prend aussi en considération les salaires prévus dans le cadre de recrutement de 21 138 agents dans les différents secteurs de l'économie, pour un montant de l'ordre de 100 millions de dinars. L'éducation s'accapare la part du lion avec le recrutement de quelque 5089 personnes, alors que la santé connaîtrait l'embauche de 3 203 personnes. Le domaine de la jeunesse et des sports va absorber 1893 nouvelles recrues. Les ministères de la Justice ainsi que celui de l'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique, connaîtraient respectivement l'embauche de 1356 et 978 demandeurs d'emplois. Le ministère des Finances va également embaucher 961 personnes, alors que les recrutements programmés dans le ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle avoisinent les 742 nouveaux postes d'emplois. 3841 emplois sont programmés dans d'autres secteurs. Parallèlement, l'année 2012 va enregistrer le départ d'environ 9300 personnes à la retraite. Quid du privé ? Si l'on réfère au document du budget de l'Etat pour l'année en cours, le total des emplois à créer durant cette année serait de 75 000 nouvels emplois. Compte tenu des emplois programmés dans le secteur public (21 138 emplois), le secteur privé serait appelé à embaucher environ 49 000 demandeurs d'emplois. En serait-il capable ? Difficile d'y répondre. Le secteur privé tunisien est entrain de perdre des emplois. 40 000 emplois étaient ainsi perdus en 2011 et ce à cause des sit-in, des grèves sauvages et de la conjoncture économique difficile, affirme-t-on auprès des sources patronales. Wided Bouchamaoui, Présidente de l'UTICA en a fait le constat lors de sa rencontre avec Hamadi Jbali, Premier ministre en évoquant les risques auxquels le patronat est confronté. Or, de l'avis de certains économistes, la réalisation de 75 000 nouvels emplois semble une tâche réalisable. Le budget économique 2012 prévoit une croissance économique de 4,5%, soit l'équivalent de 60 000 emplois (15 000 emplois sont équivalents à 1 point de croissance à prix constant). La création de ces nouveaux emplois est et demeure tributaire de l'atteinte d'un taux de croissance honorable qui est à son tour tributaire de la disponibilité des financements internes et surtout externes dont le pays aurait certainement besoins. Zied Dabbar
Mehdi Lâarif, Association des Economistes Tunisiens « Il est difficile de réaliser un taux de croissance de 4.5% » Le Temps: 4,5% de croissance en 2012. Est-ce possible? Mehdi Lâarif : sincèrement et compte tenu de la conjoncture actuelle, il me semble difficile de réaliser ce taux de croissance. Beaucoup d'indicateurs nous démontrent qu'il est difficile d'atteindre même un taux de 4%. Les sit-in, les grèves et les blocages des routes rendent la tâche de plus en plus difficile. Car, la réalisation de cet objectif demeure tributaire des nouveaux investissements étrangers et même tunisiens. Actuellement, ces investissements sont en stand by et la majorité des investisseurs sont réticents à investir dans un climat incertain, malgré leurs bonnes volontés déjà proclamées auparavant. En fait, pour atteindre 4,5% de croissance économique, soit l'équivalent de 60 000 nouvels emplois environ, il faut instaurer un climat de paix sociale. Il faut ainsi mettre fin à la vague de grèves anarchiques et de sit-in qui ont eu lieu dans toutes les régions du pays et qui ont poussé plusieurs entreprises étrangères à fermer leurs portes. Il faut aussi, que le climat d'affaires s'améliore que ce soit à l'intérieur du pays ou à l'extérieur. Ce qui se passe actuellement en Europe, notre premier partenaire économique, ne donne que des mauvais signes. D'ailleurs, les agences internationales de notations en ont fait le constat en publiant des prévisions négatives concernant les perspectives économiques européennes. Plus encore, l'année 2012 connaîtrait le payement d'une tranche de l'ordre d'un milliard de dinars en termes d'un emprunt extérieur emprunté par la Tunisie en 2005. Telle situation ne fait que compliquer la situation financière du pays qui serait contraint à s'endetter. En somme, je dirais bien que malgré cette conjoncture difficile, l'optimisme est toujours de mise. Bref, il faut travailler pour y parvenir.