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Des élections…pour quoi faire ?
Publié dans Business News le 01 - 08 - 2011

Une abstention importante, qui pourrait être massive se profile à l'horizon.
Selon toute vraisemblance, la très grande majorité des Tunisiens n'aura pas été s'inscrire sur les listes électorales au grand dam des initiateurs de l'élection d'une assemblée constituante fin octobre. Une poignée de journées pour faire inscrire près de 5 millions de possibles électeurs….une vraie gageure.
Que peut-il alors advenir ? Les options sont peu nombreuses :
- Offrir un délai supplémentaire, une nouvelle date butoir au delà de celle fixée au 14 août. La liste ne comportera au mieux qu'entre 40% et 50% des électeurs inscrits. Cette solution apparaît d'emblée exclue et inconcevable.
- Prolonger le délai d'inscription au delà, certes, mais il risque de perturber la conduite des autres opérations qui suivent en cascade ; jusqu'à remettre en cause la date butoir de cette élection du 23 octobre avec son lot d'inconnues et de conséquences imprévisibles.
- La dernière option consisterait à abandonner la construction de cette liste et de s'en remettre à la seule CIN actuelle faisant office de carte d'électeurs, et cela en dépit d'un nombre non négligeable de cartes nationales fausses ou invalides, source possible de trucages, de malversations et de contestation ultérieure des résultats. Un très mauvais coup pour la Tunisie qui s'éveille à la démocratie.
Mais même, et à supposer que l'on puisse tabler sur un sursaut d'élan démocratique permettant de combler un peu l'écart, il y a malgré tout fort à parier, qu'une large frange de l'électorat ne se présentera pas à cette élection « historique ».
Sans vouloir jouer ici les oiseaux de mauvais augure, une question insidieuse se pose d'ores et déjà : Et si une large fraction des Tunisiens n'attendait rien de décisif, rien d'important de cette élection ? Une possible désaffection a priori de la politique ? L'observation spontanée de ces dernières années laissait apparaître une propension au renfermement sur le domaine privé, et à l'indifférence, voire au refus de la chose publique. Bien évidemment et pour cause. Mais les Tunisiens seraient-ils devenus « spontanément politisés » comme on veut bien nous le dire ? A voir.
Entendons nous bien. Il ne s'agit là que d'une simple hypothèse, bien sûr, dont notre propre vœu voudrait qu'elle soit infirmée. Cependant, certains ingrédients sont à l'évidence réunis qui pourraient bien déboucher sur cette « horreur impensable ».
Cette question dissimulée s'est, de fait subrepticement, glissée dans les perspectives à venir de la révolution, dans cette phase critique de transition. Peu en parlent, et en évaluent les conséquences. Sujet tabou ? Il faut le croire.
Rechercher les facteurs de l'émergence du phénomène, -une sorte de désobéissance civile-, non mesurable aujourd'hui, permettrait d'en apprécier la portée possible, et d'éviter de se laisser aller à la condamnation -devenu sport national- de boucs émissaires ou à la culpabilisation moralisatrice, telle - l'individualisme tunisien-, ou -les démunis-ignorants n'y comprennent rien- et que sais-je encore.
Tenter de saisir ce qui pourrait expliquer une désaffection possible et injustifiée vis-à-vis de la politique, exige tout d'abord de définir les mots.
Est-ce de la politique (calculs et jeux de pouvoir) ou du politique (intérêt pour la chose publique, devenir de la cité) dont se défierait une fraction de la population ?
Convenons tout d'abord que la citoyenneté ne se réduit pas à la participation électorale. Il y a d'autres et nombreux lieux d'expression de cette citoyenneté : aide et solidarité, actions sociales ou culturelles, comme en témoigne la profusion d'associations nées après le 14 janvier. L'abstention n'est pas donc pas nécessairement un critère univalent d'appréciation d'une possible défiance vis-à-vis du politique.
Cependant, un fait majeur orchestre possiblement cette abstention : La révolution a bien été politique, mais elle a aussi été sociale, comme en témoigne la multiplication des conflits, sit-in, et des grèves.
Beaucoup a été dit sur la première, bien peu sur la seconde, pour ne pas dire passer sous silence et non analysée, nonobstant les dérives : destructions, pillages, violences.
Or et au-delà des messages de sympathie à l'égard des revendications sociales, voire de légitimité de principe, cette révolution sociale ne semble pas avoir trouvé de débouché…de pouvoir. Elle s'est très vite vue récusée, voire dénoncée, comme poursuivant le plus souvent des objectifs jusqu'auboutistes aboutissant à des conflits d'une violence stérile, voire délinquante.
Pour dire les choses autrement, il apparaît que le mouvement de contestation sociale n'a pu trouver de véritables lieux d'expression à lui, -hors du syndicalisme habituel-, tels des comités ou des assemblées locales ou régionales permettant un dialogue, une concertation, et disposant d'une capacité de négociation, obtenant ainsi une certaine reconnaissance implicite (hors du champ habituel de l'Etat). On aurait pu imaginer qu'elle débouche sur des formules se rapprochant de celle de la Haute instance pour la protection de la révolution mais au niveau local ou régional.
Très vite, le gouvernement transitoire a reproduit, -continuité de l'Etat oblige-, les mêmes modes de la nomination (haut vers bas) de responsables locaux ou régionaux, perçus bien souvent comme des « parachutés », et violemment récusés.
A aucun moment ni de nouvelles figures locales, ni de nouveaux lieux de confrontation canalisant les demandes et leurs traitements n'ont véritablement émergé.
De surcroît, la lenteur des commissions comme de la justice, s'agissant de corruption comme des exactions policières a continué d'entretenir et attiser le doute et la suspicion. De fait, la révolution sociale « d'en bas » se sent en quelque sorte flouée, en dépit de sa puissance exprimée mais ne pouvant la traduire en termes politiques, en confrontations et négociations.
Des manipulations certes, mais elles n'expliquent pas tout. Ne pouvant déchiffrer et démêler les ressorts des mouvements (demandes et exigences), les théories du complot et conspirationnistes, manipulatrices ont connu et connaissent encore une vraie fortune, le plus souvent jamais prouvées…mais gommant l'essentiel : le substrat des raisons de ces émeutes.
Ceux qui ont cru à « une révolution politique menée par un peuple pacifique et doux » (stéréotype exotique rapidement relayé) ont quelque mal à saisir cette « colère populaire». Un peuple modéré, soucieux de stabilité, peu enclin à la violence ! Vite dit. L'analyse des révoltes dans les régions et quartiers révèle des traits spécifiques et singuliers fort éloignées des registres des militants des droits de l'Homme et des activistes du couple Laïcité – Chariâ, en décalage donc avec la classe politique et la direction de la centrale syndicale.
Faute de reconnaître le jeu ouvert du pouvoir politique et de la confrontation, le risque est grand de voir s'installer le rejet de la chose publique, et dont la première manifestation pourrait être cette abstention.
S'agissant du personnel politique (anciens comme nouveaux partis), et à quelques exceptions notables près, il se recrute dans la classe moyenne et est donc plus sensibilisé, en termes de réalisations concrètes, par les problèmes qui le touchent directement : libertés fondamentales, droits de l'Homme, laïcité, G8, autoroutes…comme en témoignent aussi en creux, la médiocrité, l'indigence, le manque d'imagination de leur projet « économique », parfois même une pâle copie de ce qui avait cours dans le passé.
Y aurait une défiance vis-à-vis de cette politique là, qui martèle à l'unisson la priorité d'une constituante, d'un gouvernement légitime ? Possible.
Vue à distance raisonnable de l'intérieur du pays comme des quartiers populaires, l'agitation médiatico-politique du landernau « tunisois », certes de bonne foi, mais prisonnier de ses non-dits et de ses signes d'impuissance, crée le hiatus: Où est passé l'argent ? Pourquoi tant d'impunités ? Pourquoi tant d'injustices et d'inégalités sociales ? Pourquoi une vie aussi chère ?
Une distance, un déphasage entre le "nouveau microcosme politique" et le "sous pays réel" pourrait bien se former du moins provisoirement.
Décidément, cette révolution n'en a sans doute pas fini de nous réserver des surprises.
*Hédi Sraïeb est docteur d'Etat en économie internationale et consultant international auprès de plusieurs institutions dont la Banque Mondiale, la Banque européenne d'Investissement, la Banque islamique de développement, la Commission européenne...


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