Béji Caïed Essebsi, Premier ministre, a dressé un état des lieux de la situation actuelle que vit la Tunisie dans un discours d'une quarantaine de minutes prononcé au Palais des congrès jeudi 18 août 2011. Il n'y a pas vraiment eu de révélation particulière dans ce discours, le Premier ministre n'a fait que rappeler certaines évidences qui échappent à quelques révolutionnaires de la 25ème heure ou à ceux qui ont des calculs politiques déterminés. Le pays était au bord du chaos au lendemain de la révolution, il y a eu des milliers d'évadés de prison et le pays se porte bien mieux aujourd'hui. « Le pays s'est stabilisé, on a réussi l'organisation des examens et la situation s'est bien améliorée », a indiqué le Premier ministre qui a évoqué la guerre libyenne et les 900.000 réfugiés que la Tunisie a accueillis à bras ouverts, alors que 22.000 clandestins tunisiens ont déclenché un branle-bas dans toute l'Europe. A plusieurs reprises, il a rappelé que la mission de son gouvernement s'achève le 23 octobre, arrêtant, du coup, toutes les polémiques à ce sujet. Evoquant le dossier polémique de la Justice, Béji Caïed Essebsi a rejeté la comparaison avec l'Egypte rappelant que la Tunisie est dirigée par des civils et non par des militaires, rappelant l'impossibilité de réformer l'appareil judiciaire en deux mois. Des améliorations se ressentent cependant puisque le nombre de juges d'instruction s'élève actuellement à 23 contre 12 précédemment. Quant aux procès actuels, il a indiqué que tout le monde est d'accord qu'il faut rompre avec les pratiques du passé et qu'il a respecté ce point en refusant de s'ingérer dans le travail de la Justice. « Les juges en témoignent », précise-t-il, soulignant la nécessité absolue que la justice soit indépendante et admettant que les procédures sont encore assez lentes. Quant aux magistrats corrompus, Béji Caïed Essebsi a indiqué qu'il est prêt à prendre des mesures conservatoires contre ces juges dès que l'Association des Magistrats Tunisiens et le Syndicat des Magistrats lui remettent une liste nominative de ces personnes. Pour ce qui est des symboles de l'ancien régime, le Premier ministre rappelle la dissolution du RCD et le rejet des candidatures des anciens RCDistes, ce qui constitue, déjà, une punition collective contraire aux coutumes. Restent ceux qui sont libres dans la nature sans jamais être inquiétés. Béji Caïed Essebsi attire l'attention sur le rôle des différentes commissions et instances créées et invite la Haute instance de protection de la Révolution à dresser une liste de ces personnes. Il promet des mesures conservatoires contre elles d'autant plus qu'elles n'ont pas honte de se pavaner sur les plages. Répondant à ceux qui le dénigrent et l'accusent de profiter de la révolution, Béji Caïed Essebsi rappelle que cette révolution a été déclenchée par des jeunes qui n'ont ni chef, ni leader, ni idéologie religieuse ou partisane. Ce sont ceux-là mêmes qui accusent les autres de profiter de la révolution qui en profitent. Il souligne, en toute modestie précise-t-il, que c'est le gouvernement qui protège le plus la révolution. Tout en soulignant que tout n'est pas parfait, le Premier ministre estime que son équipe gouvernementale est parmi les meilleures à l'exception de la première équipe post-indépendance. Nous y reviendrons avec une analyse plus détaillée en milieu d'après-midi. R.B.H.