Le 15 septembre, date symbolique de la rentrée scolaire et universitaire, est un rendez-vous qui, tous les ans, marque nos enfants de 6 à 20 ans avec la reprise du chemin des écoles. Cette date marque, également, les parents et notamment leurs budgets à cause des coûts exorbitants des fournitures scolaires et des listes interminables de livres et recueils. La rentrée de cette saison scolaire a été également marquée par des tensions dans les établissements scolaires dans certaines régions, des tensions qui ont joué le rôle de trouble-fête et ont gâché le charme historique de la rentrée. Quelles sont les raisons qui ont fait que la rentrée cette année soit différente ? Lors de la 28ème rencontre de la cellule d'information du Premier ministère, le ministre de l'Intérieur représenté par le capitaine Mohamed Ali El Aroui, a donné un état des lieux des institutions scolaires au cours de la journée du 15 septembre, journée du coup d'envoi de la saison scolaire 2011-2012. Des exemples d'écoles, de collèges et de lycées qui n'ont pas pu démarrer les cours ont été cités. Il s'agit, notamment et à titre d'exemple, du lycée Farabi à La Manouba, du lycée Menzel Chaker à Sfax, des écoles Bou Omrane, Snad et Oum Laâraïes à Gafsa, du lycée de Fériana et Aïn Drahem à Jendouba et on en passe… Toutes ces institutions n'ont pas pu ouvrir leurs portes et accueillir leurs élèves pour diverses raisons. Certains ont pour cause de travaux inachevés, d'autres pour manque de salles de classes ou bien pour un état de délabrement des lieux présentant des risques d'effondrement. Des grèves des enseignants, des sit-in des parents, des revendications de licenciement de directeurs, et même pour cause de défaut de préparation des emplois du temps, toutes les raisons sont bonnes pour empêcher un bon démarrage de cette première rentrée après la révolution. Et pourtant, la reprise des cours après la révolution n'avait pas trop tardé. Les élèves et étudiants ont pu, malgré la pause imposée par les troubles à l'ordre public, reprendre un rythme plus ou moins normal des cours. Et pourtant, les examens de fin d'année et notamment le bac se sont déroulés dans de bonnes conditions. Tout le monde était soulagé de voir que l'année 2010-2011, malgré tous les évènements exceptionnels ; a pu être sauvée et n'a pas donné lieu, comme beaucoup de gens pensaient, espéraient ou voulaient, «année blanche». Sauver l'année scolaire était un défi que les Tunisiens – parents, enseignants et élèves – ont réussi à relever et gagner parce qu'il s'agissait, entre autres, d'une symbolique de la réussite de la Révolution. Et pourtant, la clôture de l'année a été réussie et les élèves et étudiants ont été décorés et honorés d'avoir passé brillamment « l'examen de la révolution ». Mais alors, pourquoi après tous ces efforts et ces victoires, n'a-t-on pas réussi la rentrée ou du moins partiellement ? La vague de contestation qui a saisi le pays, s'est propagée dans toutes les parties de son corps, pour atteindre mêmes ses petites particules. Il serait temps de cesser de se concentrer sur son nombril et de cesser les grèves et sit-in quelqu'en soient les raisons et motifs. L'application de l'état d'urgence décidée récemment par le Premier ministre préconise l'interdiction des sit-in et grèves, alors si cette décision est appliquée réellement, elle obligerait les protestataires à s'abstenir de bloquer la circulation des gens et à freiner le déroulement normal des cours. D'un autre côté, les causes administratives de ce retard de démarrage de l'année, devraient être rattrapées par une activation et une mobilisation massives des équipes administratives afin de ne pas laisser perdurer des classes dont les emplois du temps sont incomplets voire absents ou bien des classes qui manquent d'enseignants alors que la liste des candidats ayant réussi le Capes est bien longue et attendent impatiemment leurs recrutements. Il est vrai qu'il ne faut pas oublier que la Tunisie est en train de vivre une étape exceptionnelle, surtout avec l'imminence des élections de la Constituante. Cet événement est d'une importance cruciale et aura sans doute un impact sur la vie scolaire ne serait-ce que logistiquement parlant, puisque les bureaux de vote ne sont autres que les écoles et lycées. En définitive, la rentrée annonce une nouvelle page pour le pays car il s'agit de l'année pendant laquelle, la Tunisie se verra offerte une nouvelle constitution, une nouvelle république et une nouvelle gouvernance. Alors, avec une bonne dose de patriotisme, d'altruisme et de responsabilité, les élèves reprendront avec enthousiasme le chemin de l'école, qui n'est autre que le chemin de leur avenir et l'avenir du pays. Dorra Meziou