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Cartes sur table avec Rached Ghannouchi
Publié dans Business News le 30 - 03 - 2012

Le parti Ennahdha tend la main aux médias. Et notamment les médias qu'il pense lui être hostiles. Et ces derniers y ont répondu positivement.
C'était une rencontre tenue jeudi 29 mars en début de soirée au Concorde, aux Berges du Lac à Tunis, entre Rached Ghannouchi, Ameur Laârayedh (député) et Mohamed Néjib Gharbi (directeur de l'information d'Ennahdha) d'un côté et les patrons et rédacteurs en chef de médias de l'autre.
Et aussi bien d'un côté que de l'autre, le débat était franc. Chacun a exprimé ses opinions et le fond de ses pensées. Ce n'était pas du «je t'aime, moi non plus», mais plutôt «je ne t'aime pas, moi aussi». Et des deux côtés, dans l'intérêt de la liberté d'expression et du pays, on s'est entendu pour ne pas s'entendre…
«Celui qui vous combat est perdant!». C'est par cette phrase flattant l'ego, et après les salamalecs d'usage, que Rached Ghannouchi a souhaité la bienvenue à ses invités. Une trentaine triés sur le volet et conviés individuellement par le directeur de l'information d'Ennahdha. Ce n'était ni une conférence de presse, ni une table ronde, mais une « mouçamara » pour dialoguer, s'accuser et se défendre avec pour objectif commun, comment faire avancer la situation et le pays.
Les critiques à l'encontre du gouvernement et du parti au pouvoir étaient nombreuses et assez violentes ces derniers temps. La partialité des médias (justifiée par une ligne éditoriale aux contours pas toujours clairs) était souvent de mise. Y compris dans les médias publics.
Rached Ghannouchi voulait comprendre les raisons et espérait trouver la réponse chez les patrons des rédactions après avoir «désespéré» des journalistes.
Les titres présents représentaient l'essentiel de l'audimat et de l'audience du paysage médiatique en Tunisie, en plus de l'Association des directeurs de journaux : Hannibal TV, la Télévision nationale, Ettounissia TV, Mosaïque FM, Shems FM, La Presse, Assahafa, Assabah, Attounissiya, Echourouq, Le Maghreb, Business News, African Manager, AssabahNews, Leaders, Espace Manager, Jeune Afrique,etc.
La préoccupation majeure des présents était la préservation de cette liberté nouvelle. Le leader d'Ennahdha rappelle que son parti est entré par la porte des libertés, que l'Islam est la liberté et son plus grand défi est de créer un pays musulman de libertés respectant le choix du peuple. Il ira même jusqu'à citer Hichem Djaït(ce qui semble fort étrange et paradoxal venant de lui) lorsqu'il a dit : « «Le Tunisien a envie de se prouver, matin et soir, qu'il est libre».
Première intervention des patrons de presse, le rappel du «missile» de Samir Dilou lorsqu'il a dit que les journalistes qui critiquent aujourd'hui n'ouvraient leur bouche, hier, que devant le dentiste.
Le dénigrement quotidien des médias par des membres du gouvernement et d'Ennahdha avait pour effet de chauffer les foules et était, systématiquement, très bien relayé par les militants, notamment sur les réseaux sociaux. Le sit-in depuis plusieurs semaines contre les «médias de la honte» devant la Télévision publique, entre dans le cadre de cette campagne.
«C'est vrai, les hostilités sont de part et d'autre, admet souriant Rached Ghannouchi, mais il faut que cela cesse».
On a alors rappelé les bienfaits de la critique, le rôle du média qui doit représenter le contre-pouvoir et la position de certains gouvernants qui vont jusqu'à pousser les médias à les critiquer.
Tout en acquiesçant, et après avoir nié être derrière le sit-in de la Télé, M. Ghannouchi évoque le manque de professionnalisme de certains et prend exemple du traitement et de la priorisation de l'information dans le journal télévisé d'Al Wataniya.
Réponse : le journal télévisé ne veut plus traiter de l'actualité des gouvernants et ne veut plus les mettre en priorité comme cela a été observé durant 50 ans. S'il est vrai qu'il ne faut pas passer à l'autre extrême, il faut comprendre aussi qu'un temps d'adaptation est nécessaire pour trouver le juste équilibre et présenter un journal télévisé répondant aux normes et aux attentes. Cela dit, rappelle un confrère, les taux d'audience fortement élevés de ce journal télévisé prouvent, malgré les critiques, que les téléspectateurs apprécient ce journal qu'ils boycottaient par le passé.
Outre la nécessité de représenter un contre-pouvoir, quelle que soit la couleur politique du dirigeant, les représentants des médias rappellent qu'ils sont en train d'apprendre l'exercice de leur profession en toute liberté.
Un confrère a également rappelé le poids réel d'Ennahdha qui ne représente que 1,5 million de personnes, qu'elle tire sa légitimité par un certain stratagème électoral et n'a pas à parler au nom de tout le peuple.
Mais il n'y a pas que cela. Il y a également les réponses du berger à la bergère. Les médias doivent-ils se taire lorsqu'un ministre des Affaires étrangères, qui ignore la longueur des côtes de son pays, les dénigre sur unetélé étrangère ? Ou lorsque le premier extrait de l'interview de Rached Ghannouchi donnée mercredi à Express FM, sélectionné par l'administrateur de la page Facebook du cheikh est celui dans lequel il accuse certains médias de saboter le tourisme et l'économie?
Que les médias se trompent, d'accord, mais n'est-ce pas au gouvernement et au parti au pouvoir de donner l'exemple en prenant de la hauteur et en restant au-dessus de la mêlée?
Il y a également la problématique législative puisque le nouveau code de la presse n'a pas encore été validé, ce qui laisse le journaliste sans aucune protection.
Ameur Laârayedh, en tant qu'élu à l'Assemblée et membre dirigeant d'Ennahdha, prend alors la parole pour rappeler que les critiques de son parti n'ont jamais généralisé tous les médias. «L'écrasante majorité des médias se respecte et ne fait pas de politique», a-t-il précisé.
«La question des libertés sera inscrite dans la Constitution et jamais un journaliste ne sera emprisonné dans un délit de presse», a-t-il promis. Tous les présents se tournent vers Nasreddine Ben Saïda lui-même présent dans la salle.
Interrogé sur l'inquiétude des femmes sur leurs acquis et leurs libertés, Rached Ghannouchi a insisté pour réitérer son engagement de préserver les droits. « Depuis 1981, et durant toute notre campagne électorale, nous avons dit que le CSP est conforme à la loi islamique et que ne le maintiendrons, voire nous le renforcerons », a indiqué le leader d'Ennahdha.
La rencontre n'a pas traité uniquement des médias et des libertés, mais également du gouvernement et de sa prestation et notamment des problèmes sécuritaires et ceux des salafistes.
A ce sujet, Rached Ghannouchi a indiqué que le problème des salafistes n'est pas exclusif à la Tunisie et que l'on est loin, très loin, d'être au niveau des pays voisins ou de l'Egypte.
Il est complexe, dit-il et existe même en Europe et aux Etats-Unis. Mais, selon son analyse, cette tendance n'a pas d'horizon devant elle.
Cela dit, il insiste pour dire que les salafistes doivent obtenir le droit d'existence dans les institutions et, pourquoi pas, dans l'Assemblée, comme l'ont été les mouvements extrémistes européens aujourd'hui présents à Bruxelles.
«Mais les extrémistes européens ne menacent pas par les armes», a fait remarquer une personne de l'assistance.
«Ils ont usé des armes par le passé et ont fini par les abandonner et par accepter le jeu démocratique», rétorque M. Ghannouchi tout en indiquant que le ministre de l'Intérieur a bien admis que la violence salafiste représente aujourd'hui le plus grand danger pour la Tunisie. «Mais il est hors de question de les mettre en prison et de leur répondre par la persécution policière tant qu'ils n'ont pas enfreint la loi», a-t-il insisté. Quant aux menaces de mort, il relativise et rappelle qu'Ennahdha et lui-même sont bien plus menacés que les autres. «L'ennemi proche est plus dangereux que l'ennemi lointain et nous sommes leurs ennemis les plus proches», a souligné M. Ghannouchi soulignant avoir déjà entamé des discussions avec eux.
Interrogé sur la prédominance d'Ennahdha sur les autres partis de la troïka, il a souligné que l'on peut tout dire de Moncef Marzouki et de Mustapha Ben Jaâfar, sauf qu'ils sont sans personnalité ou qu'ils se laissent faire.
A la fin de la rencontre, qui a duré plus de deux heures, les présents étaient quasi-unanimes pour saluer l'initiative de Rached Ghannouchi et son équipe. Tout le monde était d'accord sur le fait que les libertés doivent être préservées, mais qu'il est impératif qu'il y ait du respect de part et d'autre.
Chacun mettra de l'eau dans son vin, sans pour autant occulter l'essentiel: le droit à l'information et au libre commentaire.


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