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Tunisie - CPR : A chacun sa lunette !
Publié dans Business News le 19 - 04 - 2012

Les lunettes de Marzouki, symbole de l'ancien parti de l'actuel président de la République, ne sont plus d'une grande aide pour donner une vision claire de ce qui se passe aujourd'hui au sein du parti, depuis que celui qui les porte s'est envolé au Palais de Carthage, laissant ses enfants s'entretuer pour l'héritage. Un testament aurait été d'une aide précieuse, faute d'esprit démocratique, ou de symbiose entre ces orphelins qui se voient, chacun, héritiers légitimes, se disputant le pouvoir au sein du Congrès pour la République.
Le Congrès pour la République a été fondé par plusieurs dissidents, connus pour leur opposition à Ben Ali. En plus de Moncef Marzouki, président du parti, nous citerons Naziha Rejiba, alias Om Zied, au poste de Secrétaire générale, Abderraouf Ayadi, vice-président, ou encore Samir Ben Amor et Mohamed Abbou. Lorsque Moncef Marzouki a été « élu » président de la République, par l'Assemblée constituante, en décembre 2011, le poste de président du parti sera supprimé, et Abderraouf Ayadi sera désigné à la tête du CPR, en sa qualité de Secrétaire général, dans l'attente du prochain Congrès national. Om Zied, qui avait quitté le CPR, revient alors à ses premières amours et tout semble se dérouler comme prévu.
Deuxième parti de l'alliance gouvernementale, appelée Troïka, le CPR gagne plusieurs postes au sein du gouvernement, en plus des postes de conseillers ayant rang de ministres ou secrétaires d'Etat, auprès de la présidence. La liste des ministres marque alors les prémisses de la désintégration du CPR. En effet, plusieurs députés de la Constituante, n'ayant pas accepté d'avoir été écartés de la prise de décision pour l'établissement de cette liste, font part de leur désapprobation et menacent de ne plus suivre les décisions prises par les dirigeants du CPR, au sein de la Constituante.
En tant que secrétaire général, Abderraouf Ayadi organisera alors une réunion en présence du bureau politique et des députés, pour décider conjointement des « ministrables ». Plusieurs cadres du parti, dont Tahar Hmila, Mohamed Abbou ou encore Abdelwahab Maâter ne seront pas satisfaits de l'issue de cette réunion. Ils décideront de démettre Ayadi de ses fonctions, de geler les adhésions de plusieurs réfractaires et de nommer Tahar Hmila en tant que secrétaire général provisoire du CPR. L'instrumentalisation des médias commence alors et deux listes différentes des ministrables sont publiées.
Se succédant sur les différents plateaux des radios ou télévisions de la place, ou par des déclarations données à la presse écrite, les deux camps s'accusent mutuellement de ne pas respecter l'idéologie du parti, le règlement intérieur ou encore de vouloir opérer un renversement au sein de la formation politique. Le gouvernement tarde alors à se former, Ennahdha attendant patiemment que le CPR dévoile sa liste définitive ou qu'Ettakatol trouve un remplaçant à Khayam Turki. Finalement, un accord est trouvé, les ministres désignés et Abderraouf Ayadi maintenu à son poste.
L'opinion publique pensera alors, à tort, que la crise est résolue. Pourtant, plusieurs épisodes viendront troubler la paix précaire instaurée au sein du CPR, dans l'attente du Congrès. Abderraouf Ayadi nomme, en effet, Slim Boukhdhir, ancien journaliste et membre de longue date du CPR, en tant que chargé de la communication du parti. Cette nomination donnera lieu à une scène épique, entre M. Boukhdhir et Samir Ben Amor, sur les ondes Shems Fm. Le linge sale sorti au grand jour, les deux hommes s'accuseront mutuellement de ne pas être légitimes au sein du CPR. Entretemps, Om Zied claquera de nouveau la porte du parti, critiquant vivement la nouvelle trajectoire de ce dernier, qu'elle accusera de devenir le bras droit d'Ennahdha.
Par la suite, Abderraouf Ayadi annonce aux médias la constitution d'un conseil restreint, englobant plusieurs députés du CPR, le bureau politique et plusieurs cadres du parti. Un conseil constitué pour relancer le parti sur de bonnes bases, privilégiant le dialogue et l'esprit de consensus. Peu après cette annonce, la même scène se reproduit et Tahar Hmila monte au créneau pour destituer Abderraouf Ayadi sans, cette fois-ci, s'octroyer sa place, laissant le poste de SG vacant jusqu'à nouvel ordre. Une décision qui ne sera pas jugée recevable par le principal intéressé qui restera en poste. Les multiples tentatives d'écarter M. Ayadi de la tête du parti auront donc été infructueuses.
Aujourd'hui encore, en ce jeudi 19 avril 2012, une conférence de presse a été organisée par plusieurs membres du bureau politique, pour annoncer la destitution du SG (prétextant des déclarations condamnables soutenant le parti des forces libanaises) lui préférant le jeune élu, Haythem Belgacem, et la décision de tenir un Conseil national le 12 mai prochain. Intervenant sur les ondes de Mosaïque Fm, Abderraouf Ayadi dénonce à nouveau ces manœuvres et campe sur ses positions. Il y a donc deux CPR, et il est à ce jour impossible de savoir lequel est légitime.
Au sein de l'Assemblée constituante également, les différends éclatent au grand jour. Lors des élections du rapporteur général de la commission mixte de l'Assemblée, des élus du CPR annoncent leur préférence pour Fadhel Moussa, dont Mabrouka Mbarek. Alors qu'une majorité votera pour Habib Khedher. Le même jour, à une question posée sur Twitter concernant sa présence au sein du CPR, Mabrouka Mbarek répondra : « Parfois je me pose la question », une « confession » qui illustre les fortes dissensions au sein de ce parti.
Samir Ben Amor, quant à lui, avait été désigné président du groupe parlementaire, en remplacement de Tahar Hmila (victime collatérale de la paix précaire). Prétextant ses obligations auprès de la présidence de la République, il annoncera sa démission à la tête du bloc CPR de la Constituante, et affirmera que Haythem Belgacem a été nommé à sa place. Le même jour, plusieurs députés du CPR affirment que Samir Ben Amor a été démis de ses fonctions dans l'attente d'une élection. Une vacance contraire au règlement intérieur, selon Mustapha Ben Jaâfar.
Au sein de la Constituante toujours, Abderraouf Ayadi sera un des seuls parmi le CPR à condamner vigoureusement les violences policières du 9 avril, justifiées par leur principal allié, Ennahdha. Quand Moncef Marzouki, connu pour ses propos sans concession à l'égard des méthodes policières et de la désinformation du ministère de l'Intérieur, reprendra celles-ci à son compte.
Alors que Moncef Marzouki fait des visites guidées au palais de Carthage pour des enfants de régions défavorisées, invite des blogueurs et des administrateurs de pages Facebook, les laissant se chamailler devant les yeux médusés de la famille de Zouheir Yahyaoui ; alors qu'il est occupé à rêver d'une fusion entre la Tunisie et la Libye, régler les conflits en Syrie ou ceux qui opposent le Maroc et l'Algérie, son parti se désintègre et s'affaiblit.
Aujourd'hui deux visions s'opposent au sein du CPR, deux camps résolus à prendre les rênes du parti. La seule alternative à cette guerre fratricide serait certainement de couper la poire, ou les lunettes, en deux, de changer les montures et les verres, pour que chacun puisse avancer selon sa propre vision et sa propre idéologie et permettre à ses sympathisants d'avoir une conception claire des principes qui seront défendus. Les limites de la conception d'un parti rassemblant des courants divers voire opposés, pour lequel le nom de « Congrès » est approprié, sont ici parfaitement illustrées par l'exemple du CPR qui n'avait, au final, de point commun qu'un leader. Un leader qui aura été un ancien opposant, ancien défenseur des droits de l'Homme et des libertés individuelles, mais qui aura sacrifié ce qu'il a construit pour assouvir sa soif du pouvoir, aussi éphémère et limité soit-il.


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