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Le silence devant les ingérences
Publié dans Business News le 06 - 05 - 2012

Déçu et préoccupé, Gordon Gray, ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, a été très rapide pour réagir au jugement de Nabil Karoui. Il espère que cette affaire soit résolue d'une manière qui garantisse la liberté d'expression : un droit humain fondamental refusé aux Tunisiens durant l'ère Ben Ali, dit-il dans une note publiée le 3 mai, l'après-midi même du prononcé du jugement.
Celui qui s'attendait à une quelconque réaction de la part du gouvernement à cette note, où l'ingérence la dispute à l'humiliation, en aura pour son compte.
Sous Ben Ali, et davantage encore sous Bourguiba, aucune de ces notes ne passait sans une réaction immédiate du gouvernement qui rappelle aux « frères » et « amis » les lignes rouges à ne pas franchir et les limites de la fraternité et de l'amitié.
On a carrément frôlé l'incident diplomatique à la fin des années 90 et au début des années 2000 avec la France lorsqu'elle était gouvernée par Lionel Jospin, suite à ce type de déclarations.
Les temps ont changé et « grâce à la révolution », il semble désormais permis aux partenaires et amis de nous donner des leçons, de s'ingérer dans nos affaires intérieures et même dans le processus de notre justice. Après tout, pourquoi pas.
Le calife du Qatar s'est bien arrogé le droit de donner publiquement des leçons à notre président de la République sans que ce dernier ne réagisse. Pourquoi ce qui est permis au calife du Qatar ne l'est pas à l'ambassadeur des Etats-Unis ?
Et qui devrait réagir, selon vous ? Rafik Abdessalem ? Il ne fait pas le poids. Le ministre des Affaires étrangères se mesure, lui, aux journalistes et à l'opposition 0,00% et non aux ambassadeurs et dirigeants. Et puis, avant de réagir à ce genre de notes, il doit certainement consulter son beau-père, mais celui-ci se trouve occupé par la visite du « retourneur de veste », Youssef Qaradhaoui.
Voilà où nous en sommes grâce à ce gouvernement qui se dit légitimement élu et n'aime pas être qualifié de provisoire. Nos ministres réagissent au quart de tour à une critique journalistique ou à une déclaration d'un opposant, mais s'inscrivent aux abonnés absents quand ils se font remonter les bretelles par des puissants étrangers.
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Que les Etats-Unis se disent déçus et préoccupés par le verdict, c'est en leur honneur bien qu'ils soient en train de défendre des principes qu'ils n'appliquent pas à eux-mêmes. Mais que notre gouvernement s'interdise de réagir, ne serait-ce que pour la forme, c'est tout simplement inquiétant.
Aussi inquiétant que la notion de la justice dans notre pays et ce point représente le fond de la note de M. Gray.
Notre justice est-elle indépendante, aveugle et insensible à la chose politique ?
Les signaux alarmants sont là et plusieurs faits, séparés, laissent croire que non.
Les anciens barons de Ben Ali qui sont en détention en toute illégalité, selon leurs avocats.
L'exhumation du corps de Moncef Ben Ali qui s'est faite sans l'aval de sa veuve et de ses enfants, selon leurs avocats.
L'avertissement donné par le ministre à un substitut du procureur qui, selon ses collègues, n'a rien fait d'illégal et estime qu'il y a là une ingérence flagrante du ministre dans son travail.
La suite favorable donnée à la plainte du prédicateur Habib Boussarsar contre Béji Caïd Essebsi. Le prédicateur estime avoir été offensé quand il a été traité de criminel par l'ancien Premier ministre et verra son procès se tenir au cours de ce mois de mai. En revanche, il n'y a toujours pas de suite à la plainte déposée, auparavant, par M. Caïd Essebsi contre le même Boussarsar qui appelle, devant les caméras, à la mort de l'ancien Premier ministre.
Nasreddine Ben Saïda ou Nabil Karoui ont été traduits devant la justice en un temps record, grâce à la réactivité du ministère public. Pendant ce temps-là, des « journaux-amis » continuent à dénigrer et insulter les opposants sans pour autant être inquiétés.
Face à ces faits, quelle image donne notre justice d'elle-même ?
Noureddine Bhiri et Hamadi Jebali crient sur tous les toits qu'ils s'interdisent catégoriquement de s'ingérer dans la justice, et on a vraiment envie de les croire, mais que penser de tous ces faits et quelle explication leur donner ?
Interrogé à propos des listes noires relatives aux magistrats et aux journalistes, Lotfi Zitoun, ministre-conseiller du chef du gouvernement, s'est lui aussi caché derrière la justice pour justifier son opposition de livrer ses listes.
Or, le gouvernement a entrepris des opérations d'assainissement ayant touché les corps des officiers de la Direction générale des prisons. Ils ont été soumis à la retraite d'office sans autre forme de procès. Sur quelle base les a-t-on poussés à la retraire ? Auparavant, sous Béji Caïd Essebsi, on a observé la même attitude avec une quarantaine de hauts cadres du ministère de l'Intérieur.
Face à ces deux faits, il y a lieu de s'interroger : y a-t-il ou non une justice dans le pays ? Si c'est oui, pourquoi tous ces officiers « limogés » n'ont pas été traduits devant les tribunaux puisqu'on a estimé qu'ils étaient coupables.
Et si c'est non, pourquoi donc n'élargit-on pas l'assainissement à tous les autres corps, à savoir les magistrats, les journalistes, les avocats et les hauts cadres de l'administration ?
Les associations, syndicats et professionnels ne cessent de réclamer les « listes noires » afin d'assainir ces secteurs. Or le gouvernement adopte une politique du deux poids, deux mesures qui laisse croire qu'il n'a pas envie d'un profond assainissement.
En vérité, il a besoin de certains « pourris » qui ont retourné leur veste pour se mettre à son service et il est à parier, hélas, que nous ne verrons jamais les « listes noires » de ceux qui se sont mouillés avec la police politique ou l'ATCE.
Grâce aux dossiers hyper confidentiels auxquels il a accès, le gouvernement a une idée exacte de qui fait quoi et qui est avec qui. Il sait tout. Et pourtant, il ne fait que ce que bon lui semble et ne s'ingère que là où il veut.
Reste à savoir si ce comportement est dicté par un calcul électoral ou par souci de concorde nationale.
Quoiqu'il en soit, il y a face à lui un silence désabusé. Un silence identique à celui du gouvernement aux ingérences du pays de l'Oncle Sam.


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