Depuis le 14 janvier 2011, les extrémistes de gauche ou de droite jouissaient d'une liberté de droit sans précédant, offerte par des gouvernements successifs nonchalants, indulgents, voire même généreux. Certes les 3 premiers gouvernements transitoires (GNCH 1+2, BCE) n'ont pu faire grand-chose pour mettre un terme aux sit-in illégitimes, aux blocages de l'appareil économique, aux braquages d'individus et de véhicules, aux barrages des routes, et surtout aux manœuvres chaotiques des salafistes. Ceci peut être imputable à la fragilité de la légitimité de ces gouvernements successifs, qui ont préféré gérer ces débordements avec des moyens cléments sans toutefois recourir à l'application de la LOI. Après la réussite des élections et la formation d'un gouvernement fort légitime, tous les citoyens, employés et employeurs, vieux et jeunes, se sont félicités quant à l'annonce officielle des autorités d'appliquer fermement la loi sur toute organisation ou toute personne recourant à l'usage de la force pour nuire à l'ordre public ou pour porter préjudice à l'économie nationale. Malheureusement, la promesse n'a pas été suivie de concrétisation. A l'extrême gauche, les syndicats ont poursuivi leurs actes de sabotage à l'économie. Alors qu'à l'extrême droite, les salafistes ont redoublé de performances dans l'application de leur stratégie de déploiement territorial et de conversion des jeunes désœuvrés, allant jusqu'à en recruter pour les envoyer en Syrie. Quand des cris d'alarme ont étés lancés de tous les coins de la République, la réponse du gouvernement a été rassurante, atténuant les risques d'escalade et les menaces ressenties par la population. Certains leaders sont allés jusqu'à qualifier ce mouvement spirituel de ‘‘porteur de culture complémentaire'' pour la Tunisie, et à octroyer le bénéfice de l'impunité aux acteurs les plus dangereux. Mi-mars 2012, je me suis permis de m'exprimer à ce sujet, taxant Ennahdha de laxiste, voire même de protecteur de cette aile dure. J'ai également souligné que le fait de continuer à flirter avec les salafistes, entraine péril en la demeure (lire l'article à ce sujet). Une semaine après, ces commentaires ont été confirmés sur Mosaïque FM. Grâce au traitement parental réservé par le Gouvernement à ce radicalisme périlleux, le statut de salafiste constitue une efficace niche de désobéissance, bénéficiant de l'immunité disciplinaire vis-à-vis de l'autorité sécuritaire et judiciaire. Par conséquent, ce statut privilégié constitue de nos jours un excellent refuge pour les mafieux, les contrerévolutionnaires, les ex-RCDistes, les délinquants et les hors-la-loi. Ce n'est que maintenant que les Nahdhaouis semblent ‘‘voir rouge'' et entendent enfin appliquer scrupuleusement la loi. Mieux vaut tard que jamais. INCHALLAH. * Mohamed Chawki Abid est un consultant après avoir travaillé pour la BIAT et Attijari Bank. Il a été nommé conseiller du président de la République chargé des affaires économiques avant de démissionner en mai dernier.