Economistes, professionnels, société civile, représentants de partis politiques, tous s'accordent à dire que 2013 s'annonce comme étant l'année la plus « casse-cou » pour le budget de l'Etat. Car, au vu de la conjoncture économique actuelle en Tunisie aucun signe positif, ou presque, ne se profile à l'horizon, du moins pour les mois à venir. C'est dans le cadre d'une conférence-débat tenue à l'IACE par le forum Nou-R, que le constat sur le budget de l'Etat au titre de l'année 2012 a été déclaré inefficient : les objectifs d'ordre économique et social n'ont pu être atteints. Pis, pour l'année 2013, les prévisions tablent sur une situation encore plus austère. Alarmant, en effet. Une problématique s'inscrit, alors, à l'ordre du jour : quelles résolutions incontournables doit-on adopter pour dépasser des incohérences du budget de 2012 et quels plans « infaillibles » pour l'élaboration d'un budget pour l'année 2013 qui serait en bon état de marche servant ainsi les objectifs, en l'occurrence, économiques de la Tunisie dans le contexte actuel. ? En jetant un coup d'œil sur les prévisions de l'année 2013, l'on constate que l'augmentation du portefeuille budgétaire global est plutôt insignifiante. En effet, ce dernier est de 26,3 MDT contre 26 MDT en 2012. Un objectif s'inscrit dans ce même cadre, à savoir ramener le déficit budgétaire à 5,9% contre 6,6% en 2012. Expert en développement économique à la Banque Africaine de Développement (BAD), Taoufik Rajhi lance « un pétard » à l'assistance en affirmant que la croissance du budget pour le prochain exercice 2013, sera en termes réels, nulle. Rien d'étonnant à cela, dira-t-on. Du coup, il est impératif de poursuivre la politique du « go and stop » connue aussi sous le nom de politique de rationalité du budget. Comme l'explique l'expert : « nous n'avons pas les moyens nécessaires pour stimuler les dépenses budgétaires. Nous ne pouvons pas aller plus loin que cela, auquel cas nous aurons des conséquences fâcheuses sur le tissu économique national ». Force est de constater, à ce stade, que le fait de maintenir le même niveau de dépenses ainsi que des ressources propres, n'accrédite pas forcément la rationalité et l'optimisation du budget. Pour mieux s'en rendre compte, il suffit de regarder certaines dépenses, creuses qui alourdissent et le contribuable et le budget de l'Etat. Puis, en dépit des soucis –non sans importance- de financement du budget de l'Etat, il y a les risques exogènes et endogènes qui sont écrasants. Et les éléments tenant en échec, à quelques endroits, toute tentative d'un redressement concret, nous citons à titre d'exemple l'environnement économique et politique de la Tunisie, la crise dans la zone de l'Euro, les tensions inflationnistes en continu et les hausses des prix du baril de pétrole et des produits alimentaires. Sans passer outre la problématique endémique et obstinée et dont l'impact sur le budget de l'Etat est lourd, nous citons le volet de « compensation ». Poursuivre sur cette même lignée du mécanisme pour la caisse de compensation reviendrait presque à un suicide économique. Pas de panique, toutefois. Car des solutions dans ce sens existent et fonctionneraient de plus belle, si la volonté politique de bien faire est bien là. Alors voici le topo : pour comprimer le poids « bulbeux » de la compensation, il est conseillé d'appliquer des ajustements plutôt « sensibles » sur les prix des hydrocarbures ainsi que les produits alimentaires. Sinon, ajoute notre expert économique de la BAD, il faut agir au niveau de la TVA qu'il faudra augmenter. Seulement voilà, un conseiller fiscal et membre du parti politique CPR (Congrès Pour la République) ne voit pas de bon œil cette suggestion. En fait, selon lui, l'accroissement de la TVA jouera sur les prix en les augmentant et, par conséquent, affectera négativement le pouvoir d'achat du consommateur. Effectivement, puisque la caisse de compensation est destinée à venir en aide aux besoins des plus démunis, il conviendrait de s'en tenir là, autrement dit focaliser les efforts de la compensation sur la frange de consommateur dont les besoins sont les plus criards, autrement dit, plus de la moitié de la population. Les riches qui paieraient pour les pauvres, et non l'inverse, cela serait sympa pour le budget de l'Etat ! Néanmoins, la charge des dépenses de compensation n'a de cesse d'augmenter, notamment en ce qui concerne la compensation au profit des consommateurs qui flirte avec les 75% des interventions de l'Etat. Par ailleurs, le profil de l'équation budgétaire au titre de l'année 2013, ne contient guère de note optimiste quant à sa résolution. Eu égard à la bourse modeste des ressources, elle peine à couvrir les besoins réels et les dépenses requises par l'économie de la Tunisie. A souligner d'un trait rouge que les prévisions du budget de l'Etat ne concernent pas la hausse des dépenses de développement. On mentionnera, juste, une enveloppe de 5500 MDT qui est prévue au titre de l'exercice de 2013 contre 6200 MDT en 2012. Il faudra s'attendre, donc, à ce que les régions défavorisées et laissées pour compte, principales bénéficiaires de ces dépenses, ne taisent pas leur dépit face à cette mesure d'austérité, surtout si l'on sait que déjà, les réalisations de 2012 en matière de développement régional s'inscrivent à un niveau moindre par rapport aux objectifs budgétaires fixés. En revanche, les dépenses de fonctionnement, quant à elles, enregistreront, pour l'année 2013, une hausse de l'ordre de 7,3%. A souligner que pas moins de 19 000 postes d'emplois seront créés dans la fonction publique dont 10 000 nouveaux emplois et 9 000 remplacements des retraités. Du côté des recettes de l'Etat, pas de changement à signaler : elles seront stables pour 2013. Les recettes non fiscales subiront un fléchissement en 2013, vu qu'il est prévu une baisse à hauteur de 6% des recettes, fruit des privatisations. Ainsi, le gouvernement piochera dans les recettes fiscales en les augmentant de 9%. A ce propos, le membre du CPR et conseiller fiscal n'a pu s'empêcher de s'interroger sur les procédés susceptibles d'accroître les recettes fiscales alors que le tissu économique national s'asphyxie en même temps que les appareils productifs, entravant la bonne marche des entreprises. En terme de résolution finale, l'économie tunisienne se retrouve dans une spirale infernale non seulement par la faute des paramètres économiques de la nouvelle conjoncture post-révolutionnaire, mais aussi et surtout, à cause de l'incompétence évidente des autorités de tutelle. Une incompétence renforcée, d'ailleurs, par une impuissance face à l'écroulement de l'économie nationale.