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Tunisie - La vie d'Adèle : un cadeau empoisonné ?
Publié dans Business News le 27 - 05 - 2013

L'amour libre entre deux femmes a été à l'honneur de la 66ème édition du festival cinématographique de Cannes 2013. La récompense suprême a été décernée à «la vie d'Adèle», un film du franco-tunisien Abdellatif Kéchiche mettant en scène une passion torride entre deux adolescentes. Sur scène, le réalisateur rend un vif hommage à «la belle jeunesse de France» et esquisse un clin d'œil à «la révolution tunisienne» et à « la liberté d'aimer ».
La Palme d'Or aura, pour la première fois, honoré un film parlant ouvertement d'homosexualité et risquant de provoquer bien des remous dans une Tunisie en pleine effervescence politique, culturelle et idéologique…
Lors de la cérémonie de remise des prix du festival de Cannes 2013, le réalisateur Steven Spielberg prononce une phrase, non vide de sens : « l'exception culturelle est le meilleur moyen de préserver la diversité du cinéma ». Une exception culturelle longuement présentée dans ce long métrage de 3 heures, qui raconte une histoire d'amour passionnée et charnelle entre deux adolescentes.
La scène qui a fait tout le succès du film est une vue de plusieurs minutes de sexe torride, superbement chorégraphiée, découpée en gros plans et avec des bruits de lèvres en arrière-fond sonore. De quoi faire rougir les spectateurs les plus timorés et susciter de vives polémiques auprès des défenseurs des valeurs musulmanes traditionnalistes.
Mais ce choix n'aura pas uniquement été justifié par l'esthétique du film, les jurés ont rendu hommage à une œuvre, certes ambitieuse, mais délivrant avant tout un message politique, à l'heure où, en France, les débats sur « le mariage pour tous » occupent toutes les conversations. Un thème abordé qui exclura le film d'Abdellatif Kéchiche de nombreuses salles de cinéma américaines.
Il n'est cependant pas indifférent que l'auteur, qui se dit « autant tunisien que français », soit né dans un quartier populaire de la capitale tunisienne. Mais cette œuvre, plébiscitée par nombreux critiques cinématographiques, ne risque-t-elle pas de créer l'effet contraire en Tunisie ? On imagine mal, en effet, le gouvernement d'Ennahdha autoriser la projection de « La vie d'Adèle » à l'Africa, au Capitole ou au Zéphyr.
A l'heure où l'homosexualité reste un tabou confiné à un fait marginal et presque inexistant dans la société tunisienne, tout laisse présager que ce film, pourtant couronné, sera accueilli avec froideur par nombre de cinéphiles et fervents défenseurs des sacro-saintes valeurs conservatrices tunisiennes.
Le ministère de la Culture a déjà donné le ton. Tout en se félicitant de ce prix décerné à un réalisateur d'origine tunisienne, il évoque « un film particulier qui peut susciter des réserves chez une partie du public tunisien ». Ce qui laisserait comprendre que le film ne devrait pas être projeté dans «l'environnement particulier tunisien».
« Le film peut intéresser une portion de Tunisiens, mais c'est sûr que certains peuvent avoir des réserves », précise-t-il. Fathi Kharrat, directeur du cinéma et de l'audiovisuel au ministère de la Culture, va même jusqu'à admettre que des réactions violentes à la diffusion du film en Tunisie seraient probablement à craindre. « Mais on peut toujours choisir d'aller voir un film ou non », rétorque-t-il.
Visiblement ce choix ne semble pas donné, puisque Kéchiche s'autocensure d'emblée, alors même que la question de sa diffusion en Tunisie n'a pas encore été abordée. Le réalisateur se dit prêt à «couper» certaines scènes de son film qui pourraient être qualifiées d'offensantes pour le public tunisien. De quoi nous rappeler une époque qu'on croyait révolue, où des scènes de film, parfois même de simples baisers, jugées offensantes pour le grand public étaient coupées et floutées en direct à la télé. Une manière encore d'infantiliser un public qu'on juge incapable de décider de lui-même.
Interviewé par France Inter ce matin du lundi 27 mai, Abdellatif Kéchiche affirme que «La vie d'Adèle» sera probablement en projection dans les salles de cinéma tunisiennes. Alors que, pour beaucoup, la diffusion d'un tel film serait impensable sur les écrans tunisiens, « Empêcher que ce film soit vu serait anti-démocratique », selon le cinéaste. Sur la toile, les campagnes de dénigrement du cinéaste vont bon train. Certains vont même jusqu'à le qualifier de « honte pour la Tunisie », et l'accusent d'avoir « vendu son âme au diable ».
Alors que le film est habituellement projeté sur grand écran plusieurs mois après avoir été présenté au festival, il est aujourd'hui utile de se demander avec quelle période coïncidera sa projection en Tunisie. Puisque l'accueil du film reste largement tributaire du climat politique et social dans lequel il est présenté.
La diffusion de « Persépolis » en octobre 2011, avait engendré violences et heurts. La diffusion du film iranien, programmé à la veille des élections du 23 octobre, loin d'avoir alerté sur le danger d'un scénario à l'iranienne, avait, bien au contraire, profité au parti islamiste, déclaré premier des suffrages. Ennahdha pourra bien profiter de cet élan de créativité pour pointer du doigt les esprits « dépravés » et redorer ses valeurs traditionnalistes si chèrement prônées.
Sur la scène politique, de nombreux élus se disent « fiers » de la récompense de Kéchiche. Nadia Chaâbane, élue d'Al Massar, félicite le cinéaste et qualifie, sur sa page personnelle, le film de Kéchiche de « couronnement d'un grand cinéaste créatif et talentueux et d'un esprit libre. Heureux pour la Tunisie et les artistes tunisiens ». Mehdi Mabrouk, ministre tunisien de la Culture, a même envoyé un télégramme de félicitation au cinéaste franco-tunisien en hommage à ce prix international.
A l'heure où les avis divergent entre gêne et fierté, la beauté du film fera-t-elle oublier au spectateur le sujet osé d'un amour lesbien ? Rien n'est moins sûr actuellement… Mais une éventuelle sortie de «La vie d'Adèle » dans les salles tunisiennes pourrait-elle faire craindre un nouveau Persépolis ?


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