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Qui a peur d'Amina de Femen ?
Publié dans Business News le 29 - 05 - 2013


Par Hamma HANACHI*
Demain, 30 mai, s'ouvre à Kairouan, le procès d'Amina Tyler, la jeune fille de 19 ans, adepte de Femen. Créatrice de Femen Tunisie, elle a eu l'outrecuidance de poster son portrait seins nus sur les réseaux sociaux en signe de solidarité avec le mouvement qu'elle considère comme représentant « les vraies féministes ». Slogan « mon corps m'appartient, il n'est l'honneur de personne». Pas de troubles à l'ordre public, pas d'agression ni d'actes de violence, juste une expression sous une forme singulière, anticonformiste, d'une jeunesse brisée qui veut dans un monde chloroformé, afficher une liberté sans entraves. Transgression, blasphème, péché, les islamiste intégristes sonnent l'hallali, la sorcière est à brûler, les menaces de mort s'ajoutent aux insultes, une offense à la religion crient les uns, une injure à l'ensemble de la société, répondent les autres. Les réseaux sociaux s'emparent de l'événement, l'affaire prend des proportions internationales, des journaux (notamment Marianne), la télé, Canal+, la Rainews24, évoquent le danger qu'encourt la nouvelle Femen. Amina, en dépit des allégations qu'on lui prête telles que le fait qu'elle soit déséquilibrée ou dérangée, garde la tête sur les épaules et, face aux réactions extrêmes de soutien menées par ses sœurs de combat devant la mosquée de Paris, elle déplore les actes contre la religion. Bien entendu, sa remarque n'a pas eu d'écho, on met un voile sur sa lucidité : paria, elle fut, paria, elle reste, on ne badine pas avec les mœurs. Hors normes, marginale, on l'insulte sur les réseaux, isolée, on l'accuse de folle, sinon d'inconsciente, en répandant sur elle une foule d'adjectifs immondes, de basse extraction. La jeune effrontée, annonce son départ à Kairouan le jour de la confrontation attendue, du sinistre dimanche19 mai, entre les Ansar Achariâa et les forces de l'ordre. Profitant du chaos régnant, Amina fend la foule et tague le mot Femen sur le muret du cimetière attenant à la mosquée Oqba. Les policiers, l'arrêtent, la protégeant ainsi de l'hystérie de la foule enragée et prête à la lyncher. Fin de l'épisode, on respire.
Mais quelques jours plus tard, alors que l'opinion débat encore sur les violences de la cité Ettadhamen, on apprend qu'une plainte a été déposée contre Amina par les associations kairouanaises. Motif : profanation de cimetière. Le Gouverneur enfonce le clou, il l'accuse d'avoir voulu se « dénuder », les rumeurs enflent et serpentent, le sujet divise une partie de la société, et provoque des débats contradictoires, les uns, sont révulsés, arguant que notre société arabo-musulmane n'est pas mûre pour de tels combats, ceux-ci , étant à leurs yeux, contre productifs, sinon nuisibles, les autres, agrippés aveuglément à l'identité tunisienne désapprouvent, énergiquement, le geste ou au mieux, haussent les épaules « idéologie d'importation, inadaptable chez nous » , heureusement, quelques citoyens, sensibles au sort d'Amina ont formé une chaîne de solidarité à travers un comité de soutien. Alors qu'elle est en détention à Kairouan en attente du procès, Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, donne de la voix, dans une déclaration accordée le 21 mai à Shems Fm, en avançant : « Ce qu' a fait Amina est une provocation de tous les citoyens, la justice se chargera de cette affaire ».
Or, on apprend à travers le site Nawat.org, en date du 24 mai, qu'Amina avait fait le voyage dans la seule intention d'élever une banderole sur laquelle elle aura écrit « La Tunisie est un Etat civil et les femmes tunisiennes sont libres ». Or pour nombre de citoyens, l'impudente dépravée voulait se dénuder devant la foule, le déluge d'insultes que beaucoup font pleuvoir sur la victime en est une preuve. Les préjugés ont la vie dure.
Mieux encore, le miracle provoqué par ce geste a eu pour effet de mettre dans le même sac la haine de la foule qui voulait lyncher l'impénitente, le mensonge du Gouverneur, les déclarations du parti Ettakatol, mettant dos à dos les Ansar Achariâa et Amina. Plus gênant encore que les accusations et les idées reçues, le silence coupable des chefs de partis et d'organisations marqués modernistes.
Plus curieux aussi, dans cette affaire est le chef d'accusation retenu contre Amina : détention d'une bombe d'auto-défense. Accusation qui, selon son avocat Me Souheib Bahri, n'est mentionnée que dans un seul arrêté, daté du 18 juin 1894. Quand aux militants jihadistes, à propos desquels on se demande ce qui les rattache encore à l'humanité, ils continuent à manifester, en toute impunité, bruyamment à Kairouan, à la cité Ettadhamen ou ailleurs dans le pays, brandissant des sabres et autres armes blanches. Et vive la révolution !


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