Un clash a eu lieu ce matin, sur Express FM, entre le ministre des Finances Elyès Fakhfakh et le leader du Parti des travailleurs tunisiens Hamma Hammami (voir notre article à ce sujet). Hamma Hammami a déclaré que M. Fakhfakh chercherait à vendre les terres tunisiennes à des étrangers, ce qui est une nouvelle forme de colonisation, ce à quoi le ministre a répondu qu'il n'a jamais donné une telle déclaration. Sûr de lui, Elyès Fakhfakh a exigé de Hamma Hammami de lui présenter une preuve que l'on cherchait à vendre des terrains à des étrangers. Le ministre a défié le leader politique de lui présenter cette preuve et l'a tancé de colporter ainsi des rumeurs. Sûr de lui, lui aussi, Hamma Hammami a répondu qu'il relèvera le défi et présentera cette preuve que l'Etat est à la recherche d'acquéreurs pour des terres tunisiennes. Ce à quoi Elyès Fakhfakh a répondu « je vous donne un délai pour présenter ces preuves et, à défaut, je déposerai une plainte contre vous pour diffamation ! », a affirmé le ministre qui a précisé que tout ce qu'il entreprend est dans l'intérêt de la Tunisie. Vérification faite, les preuves existent bel et bien et Hamma Hammami avait raison dans sa déclaration. Peut-être que ce n'est pas Elyès Fakhfakh qui a indiqué rechercher des acquéreurs étrangers, mais le fait est là et ceci a été annoncé officiellement par l'Etat tunisien lors d'une conférence qui a eu lieu à l'Assemblée nationale française le 5 mars 2013. Cette conférence avait pour thème « Investir en Tunisie : Nouveau contexte, Nouvelles opportunités», à laquelle étaient notamment présents Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale Constituante et Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie. On y a présenté alors le projet du nouveau code de l'investissement (cliquer ici pour le télécharger) qui indique dans l'article 8 du chapitre 2 : « L'investisseur étranger est libre d'acquérir ou louer les terrains et les locaux bâtis dans les zones industrielles ou dans les zones d'activités logistiques ainsi que les terrains dans les zones touristiques, et ce, pour la réalisation des projets économiques à condition d'en conserver la vocation ». On rappelle que l'acquisition des terrains par des étrangers était quasiment interdite en Tunisie et il fallait une autorisation spéciale du gouverneur. On précise que durant tout l'échange verbal entre Hamma Hammami et Elyes Fakhfakh, à aucun moment le ministre n'a nié l'intention de l'Etat de vendre des terrains à des étrangers. Il a juste insisté sur le fait que « lui » n'a pas dit cela. Mais Elyes Fakhfakh parle-t-il en son propre nom ou en sa qualité de ministre, auquel cas il parle au nom de tout l'Etat. R.B.H.