Nous avons rencontré, aujourd'hui jeudi 22 août, dans les bureaux de Business News, Riadh Beltaïef, anciennement Directeur Général de la Formation, cadre contesté auprès du ministère de l'Intérieur éloigné de ses fonctions le 20 août, et plus connu comme étant le cousin d'Abou Iyadh, leader du mouvement Ansar Al Chariaâ. Riadh Beltaïef a été, comme il a voulu le rappeler, dans les rangs des forces de l'ordre depuis 1984 en tant qu'élève, puis chef de compagnie(1989), Chef de brigade (1997), ou encore, formateur en mission en Centre Afrique. Une carrière qui lui a fait vivre de près des événements tels que ceux de Slimène, alors qu'il était chef de brigade au gouvernorat de Nabeul, ou encore, le début de la révolution et les événements du bassin minier alors qu'il occupait des fonctions à Gafsa. "L'enseignement de la théologie, je l'ai fait suite à une note de Mehrez Zouari" Revenant sur les points polémiques, M. Beltaïef, a voulu amener des précisions, en tant que Directeur de la formation, quant à l'introduction d'un volet théologique dans le cursus de la formation des élèves. Cette matière, précise-t-il, a été introduite sous demande de Mehrez Zouari qui, suite aux événements de Bir Ali Ben Khelifa et à l'implication d'un élève en formation dans ce regroupement terroriste, avait demandé d'initier les élèves, dans le cadre de leur formation à l'Ecole de Sûreté, à avoir une vision modérée de la religion. Cette note avait été appliquée sous forme d'un cycle de conférences dans 4 écoles de formation (Sidi Saâd, Sousse, Bizerte et Bouchoucha). Ces conférences avait été données par des docteurs de renommée en 2012 sous l'égide de 8 directeurs d'écoles de formation et aucun dépassement n'avait eu lieu. M. Beltaïef a cependant été l'instigateur de l'introduction d'une nouvelle matière dans la formation, celle de l'histoire de la Tunisie et précisément le Mouvement national, la colonisation, le mouvement yousséfiste et l'apport de Bourguiba. « J'ai fait passé au double les heures de formation en droits de l'Homme (de 20H à 40 heures). J'ai impliqué mes élèves et les agents dépendants de mes services dans la campagne de nettoyage des rues après la révolution et je suis sorti moi-même pour les accompagner dans ce que je voyais comme un devoir national », a-t-il ajouté. « 5000 élèves ont fait partie des promotions sorties des écoles que j'ai dirigées, ces personnes occupent différents postes au sein du ministère de l'Intérieur. Qu'elles se manifestent si elles avaient noté un quelconque dépassement dans le cadre de leur formation ! L'examen, dont une copie a suscité une polémique sur les réseaux sociaux et où on voyait des questions d'ordre religieux, ne fait pas partie de mon secteur, mais de celui de la Sûreté. », a-t-il tenu à préciser. "Je ne connais pas Abou Iyadh et Habib Ellouze, je ne l'ai vu qu'une seule fois" Riadh Beltaïef, visiblement touché par ce pan obscur que prend sa carrière, nous a expliqué par ailleurs qu'Abou Iyadh, dont la parenté est à l'origine de sa dégringolade, est un cousin (la mère de ce dernier est la demi-sœur du père de Beltaïef). « Il s'agit d'un cousin que l'on ne voit pas et que je ne connais qu'à travers les images que les Tunisiens perçoivent de lui dans les médias. Nous sommes installés à Tebourba et eux, dans la région d'Hammam Lif. Nos familles n'ont pas de contact.Ma tante qui est la mère d'Abou Iyadh, je l'ai vue pour la première fois lors du décès de mon père en 97. Et il y a quatre mois de cela, lorsque sa tante est décédée, j'avais hésité à y aller avant de finir par le faire, mais lui n'était pas présent. Dans plusieurs médias, par contre, j'ai entendu des intervenants dire que j'étais côte à côte avec lui lors de cet enterrement », a ajouté M. Beltaïef. "Ma fin de carrière a été ternie injustement et je ne veux pas sortir par la petite porte" Riadh Beltaïef se dit, en ce moment, pris pour cible par certaines figures de la scène politique et médiatique qui le disent proches d'Abou Iyadh, d'Ennahdha, de Habib Ellouze… « Je dis à toutes ces personnes que je suis ouvert au dialogue et prêt à les affronter ! Qu'elles m'appellent, qu'elles demandent autour de moi et elles sauraient que j'ai servi mon pays honnêtement des années durant ». Concernant sa relation avec Ennahdha, Beltaïef nous assure qu'aucun lien ne le lie au mouvement islamiste au pouvoir « et si je pouvais élire un parti comme le fait un simple citoyen, jamais je n'élirai Ennahdha », dit-il. Alors qu'on le dit proche de Habib Ellouze, Beltaïef précise « j'ai rencontré Habib Ellouze une seule fois dans ma vie, c'était en février 2012: il s'était présenté pour demander que son fils intègre l'école de formation, j'ai examiné son dossier, en sa présence mais accompagné également de 8 directeurs, et je lui ai tout bonnement répondu que son fils, qui avait à l'époque 24 ans, avait dépassé l'âge légal et qu'il ne pouvait de ce fait pas être accepté. Je ne l'ai pas revu depuis ». Revenant à sa relation avec Abou Iyadh, Riadh Beltaïef nous a fait remarquer que son téléphone est placé sur écoute, qu'en tant que cadre du MI un contact avec le terroriste le plus recherché de Tunisie aurait forcément été intercepté et que si un tel fait venait à avoir lieu, il s'agirait de haute trahison. « Qu'on ouvre une enquête, dans ce cas ! Qu'on me punisse par la loi si j'ai commis un quelconque crime à l'encontre de mon pays, mais que l'on ne me sanctionne pas ainsi que ma famille injustement pour un simple lien de parenté ! », tels étaient les propos de M. Beltaïef, visiblement très affecté par la tournure que prend sa carrière au service de la Tunisie. Notons que Riadh Beltaïef occupait le poste de Directeur Général de la Formation, qu'il a été écarté de ses fonctions et à été attaché depuis à la Direction générale des Relations extérieures. La Tunisie l'avait nommé en 2013 pour le poste d'officier expert en formation en Côte d'Ivoire, dans le cadre d'une mission gérée par l'ONU et qu'il n'a, jusqu'à présent, pas eu de réponse. Eloigné de son poste de Directeur général tel que cela s'est passé, M. Beltaïef comme il nous l'a avancé lui-même sera privé de tous les avantages liés à sa fonction. Mehrez Zouari, anciennement, directeur des Services spécialisés et ayant été éloigné de son poste en même temps que Beltaïef, a, lui par contre, été nommé au poste de directeur général de l'Ecole de la Sûreté et garde de ce fait tous ses avantages.