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Le travail obligatoire c'est la santé !
Publié dans Business News le 27 - 11 - 2013

Je suis cette « chose » que l'on appelle « l'interne » ! Au bout de 2 ans d'internat, je passe (sans garantie de succès) le concours de résidanat qui permet d'accéder à une spécialité au bout de 4 à 5 autres années de service au sein du secteur public. L'ANC nous prépare 3 autres années de travail « obligatoire » en régions avant d'avoir copie de nos diplômes. Est-ce juste ?
Je ne voulais pas écrire « d'article » relatif à toute cette vague de protestation en tout genre que suscite le projet de loi 38/2013 relatif au travail obligatoire des médecins spécialistes avant qu'ils ne puissent s'installer dans le privé.
Je ne voulais pas écrire parce que, tout simplement, je n'ai pas cette plume dont sont dotés ceux qui nous critiquent aujourd'hui et parce qu'entre temps, je travaille, j'apprends, j'essaie de contribuer à sauver des vies, avec les moyens du bord.
Je suis cette « chose » que l'on appelle « l'interne », ce vulgaire individu des couloirs hospitaliers qui applique les diverses consignes qui lui ont été dédiées, aussi bien celles qui lui apprendront ce qui sera un jour son véritable métier que les tâches les plus ingrates. Cet individu, que l'on va désormais appeler « l'interne », histoire de se familiariser un peu avec lui, a fait 5 ans d'études après le bac pour en arriver là. Cinq ans de dur labeur pour pouvoir un jour être digne de ce vénéré serment d'Hippocrate (j'invite tous ceux qui s'en servent aujourd'hui pour contrer les médecins à le lire et à s'en inspirer). J'enchaîne les gardes (pour lesquelles je ne suis bien évidemment pas payée) et les post-gardes (il n'y a, bien évidemment pas, de repos compensateur suite à une garde, et il nous arrive de travailler pendant 32h à la file, voire 48h), les transferts de malades critiques dans des conditions lamentables… Je découvre des choses totalement opposées à celles que j'ai apprises sur les bancs de la faculté parce que, dans mon pays, on fait toujours tout de travers me direz-vous ou tout simplement parce que l'on n'a pas trop le choix. Pourquoi ? Parce que nos hôpitaux manquent de tout. Je ne vais même pas m'étaler là-dessus, je vous invite tout simplement à vous rendre aux hôpitaux de la capitale à moins que vous ne les connaissiez déjà. Vous qui n'êtes pas issus des quartiers huppés de la ville comme ces bourgeois de médecins, fils à papa, égoïstes et ingrats !
A la fin de l'année 2014, au bout de mes 2 ans d'internat, je serai autorisée sans aucune garantie de succès, à passer le concours de résidanat qui me permettrait d'accéder à l'apprentissage d'une spécialité donnée. Et ce n'est qu'après 4 à 5 ans de service au sein du secteur public (7ans en tout, si l'on rajoute les 2 ans d'internat) que je pourrais éventuellement finir mes études et passer l'examen de fin de spécialité. Ils se plaignent trop ces médecins, vous ne trouvez pas ? Aspirer à la création d'un foyer à l'âge de 31/32ans ? C'est plus qu'inadmissible, je vous l'accorde !
Mais bon, je n'en suis pas encore là. Heureusement ? En tout cas, c'est ce que pensent une grande partie des jeunes médecins aujourd'hui qui se voient, selon ce projet de loi, confisquer leur diplôme après tous ces sacrifices et qui décident alors de quitter le pays avant qu'il ne soit trop tard.
Ils ont choisi de faire ce métier, me direz-vous. Oui, mais 3 ans de plus, ce n'est pas rien dans la vie de tout un chacun. Nous avons le droit comme chacun d'entre vous d'exiger de pouvoir avoir le choix, Bonté Divine ! (comme dirait notre plus haut dirigeant). Les conventions signées par la Tunisie relatives à l'abolition de tout type de travail obligatoire, on en fait quoi ? On ferme les yeux sur celles-ci quand il s'agit de ces bourgeois de médecins ?
Cette loi ne concerne pas nos ainés mais la jeune génération. Celle-ci qui n'a rien à envier à la précédente et qui l'a tant démontré depuis ladite révolution du 14 janvier. C'est encore à nos jeunes, et qui plus est ceux qui ont choisi de ne pas quitter le pays, de payer pour votre revanche contre tout un système de santé qui agonise depuis des années ? Les insultes sur le net fusent comme s'il en pleuvait ! Mettez-vous une seconde à la place de cette jeune génération qui n'a toujours pas eu l'occasion de faire ses preuves, tous domaines confondus.
Cette loi n'est autre qu'un leurre, sans doute le plus bluffant depuis des lustres. La meilleure carte électorale qu'un politicien puisse rêver ! Aucun des partis politiques n'a présenté un réel projet de santé au cours des élections précédentes. Et, comme par hasard, l'accès aux soins devient un droit à quelques jours des élections seulement.
Le médecin bourgeois, égoïste, ingrat et j'en passe, devient magicien quand il s'agit de l'envoyer, seul, répondre aux revendications de citoyens qui ont toujours été délaissés et privés de tout ! Ne serait-il pas plus judicieux d'établir un réel programme de santé ? De s'asseoir tous autour d'une table et de trouver de réelles solutions ? Surtout que ces dernières existent : des pôles de santé régionaux, des missions fréquentes vers les régions qui manquent de couverture sanitaire par des équipes médicales et paramédicales pluridisciplinaires mettant en jeu aussi bien le jeune spécialiste que l'assistant, l'agrégé ou l'infirmier, etc.. Je n'ai cité que des exemples de solutions sur le court terme. Un dialogue sociétal entamé depuis un an veille à trouver des solutions sur le long terme, contrairement à la solution injuste préconisée par notre cher ministère. Ce jeune spécialiste n'est pas apte à gérer à lui seul cette mission que l'on veut lui imposer. La preuve : notre cher ministre de la santé a dit qu'il voulait nous offrir l'occasion de nous former pendant 3 ans de plus ! En d'autres termes, nous sommes censés apprendre sur les corps de nos concitoyens de l'intérieur ?
Et puis, en parcourant ce projet de loi magnifiquement rédigé par les élus du peuple, défenseurs de la démocratie, de la révolution (et tout le bla-bla qu'ils nous rabâchent à la télé tous les jours ), on se rend compte qu'il est plus que dangereux. En effet, les médecins spécialistes seront conviés par notre cher ministère selon les besoins de ce dernier. Ça veut dire qu'un gynécologue pourrait par exemple être appelé dès la fin de ses 5 ans de spécialité parce que (Hamdoullah) la femme Tunisienne continue et continuera d'assurer la perpétuité de notre peuple. Par contre, un spécialiste de la médecine physique, de la physiologie humaine ou en génétique par exemple, devra attendre que l'on puisse l'affecter quelque part dans le secteur public loin du grand Tunis. Deux conséquences en découlent : Certaines spécialités seront désertées par les résidents lors du choix. Et, là, il faudra peut être faire une autre loi pour obliger les médecins à faire telle ou telle spécialité ! La deuxième conséquence n'est autre que le retour (en supposant qu'elle ait été éradiquée) de la corruption, une porte ouverte au favoritisme puisque ceux qui n'auront pas leur place ailleurs que sur le grand Tunis pour des raisons de moyens et de manque de matériel nécessaire à l'exercice de leurs fonctions primaires, se verront peut être octroyer cette fameuse autorisation d'exercice dans le domaine privé.
A tous ceux qui nous sortent l'argument de la gratuité de notre enseignement à la faculté de médecine, ce privilège républicain n'est-il pas octroyé à toutes les filières, littéraires ou scientifiques ? Pourquoi, alors, exempter de ce devoir régional l'ingénieur, le sociologue, le juriste ou le pharmacien ?
Sachez que le vulgaire « interne » dont je vous ai parlé plus haut rembourse bien sa dette à la communauté pendant les deux ans d'esclavage au sein des hôpitaux publics. Outre qu'il n'est pas rémunéré pour ses gardes, (aussi bien dans le service qu'aux urgences), on lui prélève à chaque fois de l'argent pour les prétendus « logement » et « repas chaud » qu'on est censé lui servir à l'hosto. Sans oublier que les polycopiés qu'on doit acheter tous les ans ne sont pas donnés et que nos enseignants, il y a de cela si peu, n'étaient toujours pas rémunérés pour les cours et l'encadrement qu'ils nous apportent.
A bons entendeurs !
*Interne en 2ème année de médecine


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