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Ennahdha mène la danse
Publié dans Business News le 01 - 12 - 2014

La tension est montée d'un cran la semaine dernière. Il y a, dans ce pays, des politiques qui occupent les plus hautes sphères du pouvoir et qui n'ont jamais entendu parler d'un sondage. Ils ont passé leur « printemps » à dénigrer les instituts spécialisés et les médias les accusant d'être à la solde d'un adversaire politique hypothétique. Et à l'annonce des résultats, aussi bien aux législatives qu'au premier tour de la présidentielle, ils ont été surpris de découvrir la réalité. Tiens ! Les Tunisiens ne nous aiment pas ! Tiens, les Tunisiens n'ont pas compris la révolution et leur intérêt. Sans jamais remettre en doute leurs idées reçues, ils accusent les médias (bien sûr !) d'avoir manipulé, à dessein, l'opinion publique pour l'éloigner de la révolution, de ses hommes et de ses objectifs.
Il est donc normal, avec ce constat d'échec et ces résultats catastrophiques, que la tension monte. Et si la tension ne monte pas suffisamment, on la fait monter en soufflant sur les braises et en jetant l'huile sur le feu. Ici, on joue le tout pour le tout et peu importe que l'on joue, aussi, la politique de la terre brûlée. Tarek Kahlaoui, Hamadi Jebali, Salem Labiadh et autres Al Jazeera, Al Moutawassat, TNN et Assada ne s'embarrasseront plus à relayer tous types d'intox pour alimenter la haine et le régionalisme dans l'espoir de marquer des points en faveur de Moncef Marzouki et d'en retirer à Béji Caïd Essebsi.
Aux dernières législatives, le parti présidentiel CPR a récolté 68.000 voix, soit 2%. Avec un tel score, le constat de l'impopularité de ce parti et de son président est sans appel. Le bilan de Moncef Marzouki est dramatique en trois ans. Il n'a pas arrêté de nommer et de gommer ses conseillers les plus proches, plus d'une quinzaine en tout. Ses amis les plus proches des années de braise l'ont laissé tomber les uns après les autres et ont dénoncé ses turpitudes et le danger qu'il représente : Néziha Rejiba, Omar S'habou, Slim Bagga, Taoufik Mathlouthi, Ahmed Manaï. Au parti présidentiel, aujourd'hui, on dit qu'on est zinzins et qu'on est fiers de l'être. On est même honoré d'avoir le soutien des salafistes et des ligues de protection de la révolution. « Et alors ? », déclarait l'une de ces « zinzins » la semaine dernière sur le plateau de Nessma .
Il y a des parties radicales dans ce pays qui ont intérêt à voir Moncef Marzouki rester là où il est. Comment faire pour qu'il y reste ? On mobilise les foules. Le « miracle » s'est produit dimanche dernier. De 68.000 voix obtenues par son parti le 26 octobre, Moncef Marzouki réussit à décrocher quelque 1,1 million de voix le 23 novembre. Même ceux qui étaient traités de microbes l'ont soutenu ! Il y a donc une véritable machine qui a été lancée pour le sauver. Qui est derrière cette machine ? Tout le monde s'accorde à dire que c'est Ennahdha. Le constat est juste, mais tronqué. Car il n'y a pas un seul parti Ennahdha, mais plusieurs. Ou, du moins, plusieurs tendances au sein d'Ennahdha qui s'entredéchirent en interne.
Il y a deux ans, la division au sein d'Ennahdha était claire pour ceux qui suivent de près le parti islamiste. Le parti était partagé entre les anciens prisonniers et les anciens exilés. Ça n'a pas beaucoup changé depuis, même si l'on ne parle plus de cette ligne de front interne. Les anciens prisonniers n'arrivent pas à admettre qu'ils ont été éjectés du pouvoir et qu'ils ne sont plus le premier parti au pays. Ils en veulent à mort à leur « sheikh » Rached Ghannouchi qui, avec ses tactiques, les a conduits à ce résultat dramatique. Ils lui en veulent d'avoir exercé la pression pour que la loi de l'exclusion politique ne passe pas. Ils lui en veulent d'avoir négocié, à Paris, avec Béji Caïd Essebsi. Ils lui en veulent d'avoir lancé un appel de neutralité à la veille du 1er tour et d'avoir diffusé une vidéo, entre les deux tours, pour relancer cet appel. C'est même la première fois, dans ces élections, que Rached Ghannouchi sort en personne pour diffuser une vidéo.
Ce qui s'est passé en Egypte, l'année dernière, a énormément pesé en Tunisie. Durant ses deux décennies d'exil, Rached Ghannouchi a eu le temps de rencontrer du monde et d'avoir une idée de ce qu'est la politique et la géopolitique. Fin calculateur, véritable renard, Rached Ghannouchi a très rapidement compris qu'il fallait reculer, s'il ne veut pas connaitre le même sort que les frères musulmans égyptiens. Le risque était gros et l'ombre de la guerre civile planait.
Rached Ghannouchi a rapidement compris aussi que le danger de maintenir Moncef Marzouki à son poste est nettement supérieur, pour son parti et pour le pays, que de voir Béji Caïd Essebsi à Carthage. Marzouki à Carthage et Nidaa à la Kasbah signifie cohabitation synonyme d'instabilité politique totale. Marzouki n'a pas beaucoup de prérogatives, mais il a celle de dissoudre le parlement élu. Le danger de le voir jouer avec un tel instrument est réel et Ghannouchi le sait.
Et il sait aussi que Caïd Essebsi n'a aucun moyen de faire revenir la dictature, comme le crient sur tous les toits Marzouki and co. Avec le tiers du parlement entre ses mains, une société civile (islamiste et de gauche) aux aguets et très active et des médias qui tirent sur tout ce qui bougent, cette éventualité est quasi nulle.
Ces convictions de Rached Ghannouchi ne sont pas partagées par tout le monde. Loin de là. Il y a les naïfs qui ne les comprennent même pas, à l'instar des Abbou et des bases d'Ennahdha. Et puis, il y a les requins et les vautours qui n'y adhèrent pas du tout et qui sont prêts à prendre le risque de brûler le pays pour se maintenir au pouvoir. C'est dans cette liste que puise Marzouki et c'est ceux là qui lui ont ramené les voix nécessaires pour qu'il accède au second tour.
Dans cette liste, on trouve des Abdellatif Mekki, Abdelkrim Harouni et Ali Laârayedh, notamment. Hamadi Jebali s'est joint à eux dernièrement, mais pour un autre objectif. Ces gens-là étaient tous en prison et ils ont tous un historique violent, pour ne pas dire sanglant. Ont-ils changé ? Ont-ils évolué ? Le doute est permis quand on se rappelle de la chevrotine de Siliana ou quand on se remémore Abou Iyadh qui a quitté la mosquée d'El Fath parce que Laârayedh a donné l'ordre à la police de se retirer. Il suffit d'écouter leurs discours pour se convaincre que ces gens-là ne comprennent pas grand-chose à la politique, à la géopolitique, ou la nécessité de la concorde pour sauver le pays. De quel pays parle-t-on déjà ? Ils ont passé des années de prison parce qu'ils croyaient en une cause bien déterminée, et non parce qu'ils croient en la démocratie et en la liberté.
Ils ont donc bien manœuvré et ce depuis des mois. Dès la présidentielle, ils ont poussé des dizaines de candidats, les plus farfelus, à se présenter. On a vu la « botoxée » et celui qui lui manquait une « voiture motorisée » pour gagner. 27 ont réussi à dépasser le premier filet. Et quand on voit de près ceux qu'on croit poussés par le parti islamiste, on voit ceux qui appartiennent au camp Ghannouchi (comme Hechmi Hamdi par exemple) et ceux qui appartiennent au camp adverse. Les « démocrates » aux égos démesurés ont achevé le reste.
Maintenant que le premier tour est passé, avec le résultat qu'on connait, les divisions se sont accentuées davantage au sein du parti islamiste. Ceux qui soufflent sur les braises pour enflammer le sud (Laârayedh est de l'extrême sud tunisien, tout comme Imed Daïmi et Slim Ben Hmidène, autres pyromanes du paysage) pour favoriser Marzouki et ceux qui appellent, d'une manière à peine voilée, à ne pas voter pour lui.
Résultat des courses, tout le pays se voit acculé à être dans la réaction et non dans l'action. Les uns tentent de calmer le jeu, pendant que les autres continuent, en toute impunité, à jeter de l'huile sur le feu. Quitte à faire capoter les élections, quitte à enflammer le pays, leur avenir personnel prévaut sur la réussite de la transition démocratique. Une démocratie qui place leur « ennemi » au pouvoir n'est pas une démocratie viable à leurs yeux.
Quand on a connu l'eau de feu et les explosifs dans sa jeunesse, il est tout à fait logique d'évoluer vers le feu et les bombes quand on devient grand. Ce n'est peut-être pas le cas de ces dirigeants d'Ennahdha, mais on témoignera, au moins, qu'ils sont bien doués pour ajouter de l'huile sur le feu et souffler sur les braises.


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