Je viens de regarder comme beaucoup d'entre vous l'émission de Samir El Wafi avec Sihem Ben Sedrine. Ses aveux explicites ou implicites prouvent le degré de décadence auquel est parvenue la présidence de la République et montrent à quel point l'Etat tunisien s'est décomposé et délabré en moins de quatre ans. L'essentiel de ce que j'ai retenu est que cette personne a tout organisé et agi en parfaite entente avec le président déchu, Moncef Marzouki. Face à la détermination de certains cadres de la sécurité présidentielle, ce dernier a reculé à la dernière seconde, craignant les conséquences de cet acte de profanation des archives nationales, et sans avoir le courage d'informer son agente exécutrice. Mais l'essentiel n'est pas là. Pour que les choses soient claires pour l'ensemble de mes ami(e)s : en partageant les derniers articles au sujet de cette affaire des 6 camions et des archives de la présidence, je ne m'oppose aucunement à l'existence et à la mission de l'Instance Vérité et Dignité. Bien au contraire, même si celle-ci est née des entrailles d'une Assemblée constituante sans légitimité, sans honneur et surtout sans patriotisme, que les pouvoirs qui lui ont été accordés dans la précipitation portent les empreintes de l'improvisation juridique et les stigmates du mimétisme pseudo-révolutionnaire, et qu'elle a été fondée sur ordre de la puissance « libératrice », sur le modèle de ce qui s'est réalisé en Irak et ailleurs. Je considère que l'IVD doit accomplir sa mission, accéder aux archives de la présidence, des ministères de l'Intérieur, de la Défense… etc, pour établir toutes les vérités sur les crimes commis ou supposés avoir été commis entre 1955 et 2013. Tous les ministres et particulièrement ceux de l'Intérieur et de la Défense, tous les secrétaires d'Etat, directeurs, hauts fonctionnaires, y compris au sein de la présidence de la République, de 1955 à 2013, doivent répondre de leurs actes s'ils ont commis des atteintes graves aux droits de l'homme. Mais je considère aussi que dans, sa composition actuelle, cette instance n'est pas habilitée moralement, académiquement et "déontologiquement" à accomplir sa mission. Son futur président ou présidente doit être une personnalité au-dessus de tout soupçon, avec un patriotisme et une moralité exemplaires. Cette Instance doit, par conséquent, être dissoute par la nouvelle Assemblée nationale démocratiquement élue, qui doit ensuite désigner un Comité des Sages, composé de 15 membres n'ayant aucune appartenance idéologique, politique ou associative, dont l'âge doit être supérieur à 60 ans et qui ne doivent percevoir aucun salaire. Le tri, la saisie, la manipulation, l'examen et la reproduction des pièces d'archives doivent être accomplis en collaboration étroite avec une équipe professionnelle appartenant au corps des Archives Nationales et en présence d'un représentant du ministère de la Défense, du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice et de la Présidence de la République. Ainsi, tous les documents classés Secret défense, ayant trait à la sécurité du pays et à nos relations avec d'autres pays, ne seront jamais divulgués. Mezri Haddad est philosophe, maître de conférences, ancien ambassadeur et auteur de plusieurs ouvrages politiques