Dans sa première interview, depuis son accession officielle à la magistrature suprême, Béji Caïd Essebsi, président de la République, a tout fait pour rassurer le peuple tunisien tout en traitant des différents problèmes de l'heure. « Maintenant que je suis président de tous les Tunisiens, je tiens à mettre en confiance tous les citoyens, dans le sens où je veillerai à honorer les divers engagements que j'ai fait lors de la campagne électorale », a-t-il martelé en substance sur la chaîne publique d'Al Wataniya 1, ce soir du mardi 10 février 2015. Il a évoqué, ensuite, sous forme de réponses aux questions posées par Saïd Khezami, les questions que se posent les politiciens, la société civile et le commun des citoyens. C'est ainsi que la formation du gouvernement Essid a accaparé, logiquement, la part de lion dans l'émission. A ce propos, BCE a affirmé qu'il n'est pas intervenu pour imposer qui que ce soit ou quoi que ce soit, par souci de respect de la Constitution. «Bien entendu, on m'a demandé, parfois un conseil ou un avis, mais je n'ai noué ni alliances, ni accords avec aucun parti », a-t-il précisé avant d'ajouter qu'il est persuadé que la version finale de l'équipe gouvernementale est la bonne. La première version, rejetée, a prouvé aux récalcitrants qu'il n'est pas possible de mettre sur pied un gouvernement sans l'apport des voix d'Ennahdha à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). A moins qu'on veuille repartir vers les urnes, a-t-il déclaré. Quant à Al Jabha, il était clair, dès le départ, que ses dirigeants ne voulaient pas participer à aucun gouvernement. « Et personnellement, je ne voulais pas qu'ils soient divisés à cause de moi ou à cause du gouvernement. L'essentiel est qu'ils restent unis », a-t-il réitéré. Pour clore ce volet, M. Caïd Essebsi a répété qu'il n'a pas eu d'alliance avec Ennahdha ni de deal entre lui et Rached Ghannouchi. Et d'enchaîner : «C'est vrai qu'il y a un début de dissensions chez Nidaa Tounes, mais je n'ai pas trahi la confiance des électeurs de Nidaa, comme veulent le faire croire certains », a-t-il réaffirmé tout en demandant aux récalcitrants parmi les cadres de son parti de cesser de faire le tour des plateaux radiotélévisés et de revenir à de meilleurs sentiments. S'agissant de l'incident ayant eu lieu au Palais de Carthage, le 14 janvier 2015 lors des protestations des membres des familles des martyrs et des blessés de la révolution, Béji Caïd Essebsi estime qu'il était préférable que cela arrive au Palais même et non dans la rue avant d'annoncer que l'incident était clos. Concernant les questions touchant la politique étrangère, BCE a affirmé qu'il compte jouer pleinement son rôle, qu'il faut d'abord avoir une vision concertée avec les pays du voisinage, surtout avec la détérioration de la situation en Libye, tout en veillant à avoir des rapports de coopération positifs avec les pays africains, arabes et européens. Parlant plus précisément des pays du Golfe, il a indiqué en substance : « Nous avons de bonnes relations avec tout le monde, y compris avec l'Etat du Qatar ». Pour conclure l'interview et en réponse à une dernière question, Béji Caïd Essebsi a indiqué qu'il n'avait aucun problème avec la critique satirique et qu'on pouvait continuer à le faire en toute liberté.