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Le commerce parallèle, symptôme d'une marginalisation de tout un pan de la Tunisie
Publié dans Business News le 11 - 02 - 2015

Rien ne va plus dans les régions frontalières au sud-est de la Tunisie. La grogne populaire à Dhehiba et Ben Guerdane a paralysé les activités dans la région. La situation a dégénéré jusqu'à en arriver à de violents affrontements opposant les forces de l'ordre et les manifestants, ayant entrainé un protestataire décédé et plusieurs autres blessés, outre les dégâts matériels subis par les postes de polices incendiés. La situation explosive dans ces deux villes est symptomatique de la marginalisation de longue date d'une région qui subsiste essentiellement grâce au commerce parallèle.
Les manifestants protestaient à Dhehiba contre la marginalisation et revendiquaient la création d'emplois et la suppression de la taxe de sortie du territoire de 30dt, en plus de l'assouplissement des contrôles douaniers sur les transports des marchandises. Ils ont été réprimés par les forces de l'ordre, en fin de semaine dernière. La mort d'un manifestant a engendré des heurts et les mouvements de protestations se sont étendus à la ville de Ben Guerdane où les manifestants ont appelé à l'ouverture d'une enquête sur le recours excessif de la force policière.
Après le point de passage de Ras Jedir, Dhehiba est le deuxième plus important poste frontalier avec la Libye. La situation dans les deux régions est similaire d'autant plus que la presque majorité des habitants actifs sont impliqués dans le commerce parallèle constituant leur unique moyen de subsistance, en l'absence de politique de développement régional et d'investissements.
Une étude récente de la Banque mondiale a démontré que les flux d'échanges informels entre la Libye et la Tunisie sont considérables et pourraient égaler la moitié du total des échanges commerciaux entre les deux pays. Le commerce informel, activité importante dans la région, a principalement lieu à travers le poste frontalier de Ras Jedir et en second lieu à Dhehiba. L'échange informel implique un grand nombre de personnes, tels que les transporteurs, les vendeurs ambulants, les commerçants saisonniers ou les grossistes et consommateurs tunisiens, pour qui cette activité rend les marchandises plus abordables. En outre, diverses marchandises en provenance de Chine et de Turquie entrent en Tunisie à travers la Libye, à cause des différences de taxation pouvant atteindre 78%. Le commerce informel est devenu encore plus vital pour l'importation des marchandises nécessaires et pour les exportations, qui fournissent des revenus en devises étrangères.
Il faudra noter que le taux de chômage le plus élevé en Tunisie est enregistré, pour l'année 2013, selon l'INS, dans le gouvernorat de Médenine (20,4%) avec 31.800 chômeurs et de Tataouine (37,0%) avec 16.200 chômeurs. D'après l'étude de la Banque mondiale, ce taux dans la délégation de Ben Guerdane est de 2% inférieur à la moyenne dans le gouvernorat de Médenine. Jusqu'à 20% de la population active est impliquée dans le commerce informel dans la région, dont 83% des habitants de Ben Guerdane, ce qui en fait la principale source d'emploi. Généralement, il s'agit d'hommes dans la trentaine qui ont un niveau d'études primaire ou secondaire, et ont, en moyenne, quatre personnes en charge. Un calcul a établi que le revenu annuel de ces ménages est d'environ 250dt, ce qui est en dessous du seuil de pauvreté national. C'est dire la situation plus qu'alarmante dans laquelle vivent les habitants de la région. Le même schéma s'applique aussi à Dhehiba.
Une enquête de la BM a été effectuée auprès des personnes impliquée dans le commerce parallèle. Leur demandant les solutions qui pourraient améliorer leur vie quotidienne, deux catégories de réponses en ressortent. 36% des personnes interrogées ont proposé un certain nombre de mesures susceptibles d'améliorer leurs activités, tels que l'assouplissement des contrôles douaniers, l'amélioration des relations avec les autorités libyennes ou encore la lutte contre la corruption au sein des réseaux commerciaux et de transport de marchandise. Le second groupe, plus important (55% des personnes interrogées) assurent vouloir arrêter le commerce informel et souhaitent obtenir un emploi stable dans leur région. Les emplois les plus prisés sont dans le secteur industriel, l'agriculture et le secteur touristique, en particulier le tourisme médical ou encore la création d'une entreprise commerciale, sous condition de la mise en place d'une zone de libre échange.
Face à la grogne des habitants de Dhehiba et Ben Guerdane et à la répression policière qui s'en est suivie, la classe politique tunisienne, toutes tendances confondues, ont appelé à la mise en place, en urgence, d'une stratégie de développement visant à sortir ces zones frontalières de la marginalisation. Des régions oubliées par les autorités et les régimes qui se sont succédé, ce qui a mené à une situation sociale plus que critique. Les habitants n'ayant trouvé aucun autre moyen à leur disposition pour s'en sortir, se sont rabattus sur le commerce parallèle comme seule source de revenu. D'aucuns disent que ce phénomène a proliféré après la révolution et à cause d'un certain laisser-aller sécuritaire, mais force est de constater que les raisons sont plus profondes et découlent de la disparité économique et sociale dont souffre le sud-est de la Tunisie.
Véritable moteur économique des régions frontalières, le commerce parallèle est un phénomène complexe à traiter. Lutter contre, ne devrait pas forcément passer par l'intensification des sanctions ou par des solutions sécuritaires, ceci est corroboré par les troubles sociaux qui ont éclaté à Dhehiba et Ben Guerdane. Une stratégie globale de développement régional et un plan d'intégration progressif des personnes impliquées dans ce commerce au sein des circuits officiels est à préconiser, afin de limiter l'ampleur du trafic, cause de pertes faramineuses pour l'Etat tunisien.


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