Le journal arabophone Le Maghreb a publié dans son numéro de ce mardi 26 mai 2015 une lettre ouverte à la juge Kalthoum Kennou, adressée par le député de Nidaa Tounes, Abada Kefi. Rappelons que la juge avait republié, il y a quelques jours, un post sur sa page internet reprenant un autre profil Facebook selon lequel Me Kefi serait impliqué dans une affaire de faux et usage de faux. « Madame la présidente (interprétez ceci comme bon vous semble) qu'est ce qui vous a pris ? Est-ce que je suis en désaccord avec vous pour que vous manifestiez autant de joie pour un procès à mon encontre ? Ou c'est ma qualité d'avocat et de président de la commission de la législation à l'ARP qui vous pose problème ? », a-t-il écrit. Le député de Nidaa rappelle, plus tard, à Mme Kannou qu'elle est, de par sa fonction, tenue de garder le secret sur tout document qu'elle consulte dans le cadre de son exercice, mais pas seulement. « Vous devez également ne pas user de votre « pouvoir » pour diffuser des informations relatives à des affaires en justice ». Puis, Abada Kefi demande à la magistrate comment a-t-elle pu avoir accès ces détails ? « Est-ce c'est le juge d'enquête qui vous a donné possession de mon dossier ou ce sont les services chargés de la levée de l'immunité auprès du ministère de la Justice qui l'avaient fuité ? » s'est-il interrogé. En deuxième partie de sa lettre, Abada Kefi relate sa version des faits. Il s'agit, rappelle-t-il, d'une affaire qui remonte à environ six ans. Il indique, ainsi, qu'une personne avait présenté une demande près du tribunal foncier du Kef pour supprimer le nom d'Abada Kefi du titre de propriété d'un terrain sur lequel l'avocat avait construit une maison, prétextant qu'il est le propriétaire de la parcelle en question. « S'apercevant que cette personne avait falsifié les documents […] j'ai saisi le ministère public et la personne avait écopé de quatre ans de prison », a-t-il expliqué. Et de compléter « Le concerné a, ensuite, fait appel de ce jugement m'accusant de falsification ». Depuis, poursuit-il, l'affaire a été oubliée dans les casiers du juge d'enquête, avant de refaire surface aujourd'hui. « [Ces détails] vous suffisent madame l'honorable juge ? Ou vous souhaitez en savoir plus ? », a-t-il écrit. En fin de sa lettre, Abada Kefi dit qu'il demandera à l'ARP de lever son immunité parlementaire pour pouvoir comparaitre devant le juge. Sinon, il « enfreindra la loi pour la première fois de sa vie » en se présentant devant le juge d'enquête pour lui donner toutes les données relatives à cette affaire.» Notons, par ailleurs, que Me Kefi a été empêché de plaider le 19 mai dans l'affaire « Bienvu », selon plusieurs témoignages.