Le journaliste et animateur de Zitouna TV, Salah Attia, a défié, dans une déclaration à Business News ce mercredi 15 juillet 2015, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) de présenter une seule défaillance dans le dossier de la chaine, justifiant le refus de son autorisation. D'ailleurs, la démarche de saisie de matériel effectuée par la Haica ce matin n'a rien donné, puisque la chaine émet de l'étranger et il n'y avait donc rien à saisir. N'ayant rien saisi, la Haica a mis les locaux de la chaine sous scellé et ce serait une erreur juridique, selon Salah Attia, puisque la décision de l'instance parlait uniquement de saisie de matériel et de non de mise sous scellé. Une procédure en référé va être immédiatement engagée par Zitouna TV pour faire casser la décision de la Haica de fermer les locaux.
Salah Attia estime que la chaine est dans son bon droit, d'où sa décision de continuer à émettre. Le journaliste précise que la Haica n'a pas donné de motifs à sa décision de refus alors que la chaine s'est conformée aux requêtes et au cahier de charges en vigueur. Interrogé sur la présence d'un membre dirigeant d'Ennahdha à la tête de Zitouna TV, ce qui est contraire à la loi, Salah Attia a indiqué que la Haica a opposé ce motif, il y a un an et demi déjà. Pour régulariser la situation, le conseil d'administration de la chaine a trouvé un arrangement à l'amiable avec Oussama Ben Salem qui a vendu ses parts dans la chaine à une femme investisseur qui l'a remplacé, depuis, dans le conseil d'administration. Suite à toutes les procédures légales relatives au transfert des parts, Zitouna TV a déposé un nouveau dossier à la Haica comprenant la nouvelle composition du Conseil d'administration et les documents attestant la vente des parts d'Oussama Ben Salem, les états financiers, la provenance du financement de la chaine, etc. Interrogé sur le financement de la chaine, Salah Attia a indiqué que c'est l'homme d'affaires Sami Essid, président du conseil d'administration, qui la finance à travers des fonds propres familiaux. Les documents attestant de ces faits ont également été fournis à la haute instance.
Du côté de la Haica, on explique que les mesures prises ce matin (saisie de matériel et fermeture de locaux) n'ont touché que trois médias ayant refusé d'obtempérer aux injonctions, à savoir Tounesna, Zitouna TV et la radio du coran. Quant aux autres médias avertis la semaine dernière, Nour FM, MFM et Insan TV, ils se sont conformés aux injonctions jusqu'à ce que l'instance se prononce sur leurs dossiers. Si la Haica répond sur le dossier dans sa globalité, un proche de l'instance donne des précisions à Business News quant au sujet de la Zitouna TV. Il n'y a en effet qu'autour de cette chaine qu'il y a une polémique dans la sphère publique. Pour notre interlocuteur qui suit le dossier de très près, il est vrai que la Haica n'a pas donné de réponse à Zitouna TV, mais l'instance refuse de travailler sous pression et exige que la chaine obéisse aux injonctions de fermeture avant de se prononcer. On estime anormal qu'il y ait des promoteurs de projet qui se conforment à la loi et attendent qu'on leur donne une autorisation pour commencer à émettre, alors que d'autres font comme bon leur semblent.
En attendant, la polémique bat son plein autour de la décision de la Haica et de sa mise en exécution. Deux de ses membres, Hichem Snoussi et Amel Chahed, subissent une campagne de dénigrement des plus hostiles (du jamais vu, même par la presse de caniveau de l'ancien régime lorsqu'elle s'en prenait aux opposants), atteignant leur propre personne et leur honneur. La campagne en question est menée par des « invités » réguliers de Zitouna TV, connus par leur proximité des milieux islamistes et révolutionnaires.