L'Institut national de la Statistique (INS) a organisé, vendredi 13 novembre 2015, une conférence de presse pour présenter les résultats de l'enquête nationale qui s'est intéressée au rapport du Tunisien avec la sécurité, les libertés et la gouvernance locale. Une enquête qui a été effectuée pour la première fois par l'INS. La conférence a porté sur les indicateurs relatifs à la participation du Tunisien dans la vie politique et citoyenne, sa perception des principes de respect des libertés fondamentales et son expérience avec les différentes formes de discrimination. Il a été également question de présenter des indicateurs sur la corruption. On notera que cette enquête a été réalisée durant les mois de septembre et octobre 2014, sur un échantillon de 10.600 personnes de 18 ans et plus.
-Participation dans la vie politique et citoyenne :
L'enquête a révélé que 94% des personnes interrogées ne sont pas actives dans la vie politique et citoyenne. Seulement 1,3% sont actifs au sein d'associations, 1,2% dans les syndicats, 1% dans les partis politiques et 0,7% dans les clubs sportifs.
On apprend que seulement 14,2% des citoyens ont participé dans les élections municipales de 2010, alors 54% ont participé aux élections de l'Assemblée nationale constitutive de 2011. Par ailleurs, 38% des interrogés ont affirmé ne pas être satisfaits du processus démocratique en Tunisie.
-Respect des libertés fondamentales :
L'étude démontre que 58% des personnes estiment que la liberté d'expression est respectée et 55% pensent de même pour la liberté de la presse. 66% estiment que la liberté de l'appartenance politique est respectée, contre 72% pour la liberté de vote. Quant au respect du principe d'égalité entre les sexes, 62% estiment que ce n'est pas le cas en Tunisie et 62% trouvent que les droits de l'Homme ne sont pas assez respectés.
D'autre part, l'enquête s'est focalisée sur 6 formes de discrimination, selon : la région, la couleur de la peau, le genre, le handicap, l'appartenance politique et la situation financière. Il en ressort que 41% ont affirmé qu'il existe une discrimination sur la base de l'appartenance politique, 20% la couleur de la peau, 26% le handicap, 30% le genre, 80% la situation financière et 61% sur la base de la région.
-Gouvernance et secteur de la santé :
55% des personnes ont exprimé leur confiance en les différents établissements de la santé publique. Au niveau du Grand Tunis, du Nord-Ouest et du Sud-Est le taux de satisfaction des services de santé avoisine les 50%, alors que les habitants du Centre-Ouest et du Sud-Ouest sont insatisfaits à hauteur de 73% et 79%.
Les principales causes d'insatisfaction sont : la non-disponibilité du staff médical, la durée de l'attente, le manque de médicaments et le nombre important de malades.
-Gouvernance et secteur de l'éducation et de l'enseignement :
70% des personnes interrogées ont exprimé leur confiance en les établissements d'éducation publique (écoles primaires, collèges, lycées et universités). Quant aux causes d'insatisfaction, elles se présentent comme suit : -Au niveau des écoles primaires : 55% s'élèvent contre les cours particuliers imposés, 50% le niveau des enseignants, 28% contre l'absence d'eau potable (74% au Centre-Ouest). -Au niveau des collèges et lycées : 64% critiquent le phénomène des cours particuliers, 45% le non-encadrement des élèves durant les heures creuses, 44% critiquent le niveau pédagogique des professeurs. -Au niveau des universités : 47% insatisfaits de l'octroi des bourses et prêts, 42% de la difficulté de trouver un logement universitaire, 45% le manque d'encadrement des étudiants.
L'enquête a en outre révélé les raisons ayant poussé les parents à ne pas scolariser leurs enfants : -Les garçons : 40% disent qu'ils ne pouvaient pas assumer les frais de scolarité, 18,4% à cause de la distance importante de l'école, 15% l'enfant aide à subvenir aux besoins de la famille. -Les filles : 36% disent qu'ils ne pouvaient pas assumer les frais de scolarité, 27% à cause de la distance importante de l'école, 21% l'enfant aide à subvenir aux besoins de la famille.
Concernant les causes du décrochage scolaire, elles se présentent comme suit : l'échec scolaire (58% garçons – 48% filles), l'enfant ne veut plus étudier (39% garçons – 30% filles), la famille ne peut plus assumer les frais de scolarité (26% garçons – 28% filles), la fille aide à subvenir aux besoins de la famille 11%, le trajet entre le domicile et l'école (filles 10%).
-Sécurité :
Près de la moitié des personnes interrogées ont exprimé leur peur de la violence et des crimes dans la vie quotidienne. 55% ont fait part de leur peur des violences commises à l'encontre des femmes, alors que 60% ont exprimé leur appréhension du terrorisme, atteignant son plus haut taux au Sud-Ouest (90%) et au Nord-Ouest (86%), contre un taux le plus bas au Sud-Est (31%).
D'un autre côté, les femmes ont avoué ne pas se sentir en sécurité au niveau des transports publics (28%) ou dans les lieux publics, notamment les supermarchés, cafés, stades (20%), contre respectivement 17% et 11% pour les hommes.
On apprend aussi que ce sentiment de peur est tributaire du manque de présence de patrouilles sécuritaires (57%), par contre 60% sont satisfaits de la prise en charge des sécuritaires après avoir été victime d'un méfait.
-Le citoyen et la municipalité :
Les Tunisiens ne sont pas satisfaits des services des municipalités : 72% sont mécontents de l'état des trottoirs, 64% des éclairages de rue ou 70% de l'état des routes. Ainsi, les mesures prioritaires pour améliorer la situation dans les quartiers sont : 74% réaménagement des routes, 65% le traitement des déchets, 57% renforcer les éclairages publics et 31% aménagement d'espaces verts.
-Corruption :
L'étude a permis de démontrer que les Tunisiens ont la certitude que le phénomène de la corruption est présent à tous les niveaux et dans tous les secteurs. 50% des citoyens pensent que la corruption existe dans toutes les institutions de l'Etat. Il ressort de l'enquête que les secteurs de la santé et sécuritaire sont les plus touchés par le phénomène de la corruption avec respectivement 67% et 68%, s'en suivent les délégués 64%, 59% le secteur de l'éducation et de l'enseignement, même le secteur privé est touché avec 58%.
Toutefois, on apprend que les personnes interrogées ont à 67% déclaré refuser catégoriquement de donner des pots-de-vin, 22% le font par contrainte et selon la situation, alors que 6% n'ont aucun souci avec la corruption et disent qu'ils la pratiquent pour se faciliter la vie.
Cliquer ici pour télécharger le rapport dans son intégralité.