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La montée en puissance des filles se confirme
Bac - Loin de tout machisme
Publié dans Le Temps le 24 - 06 - 2008

Le fait que les filles réussissent mieux scolairement que les garçons est un phénomène qui se manifeste chez nous depuis quelques années lors des examens nationaux (bac et brevet) d'où les filles sortent plus lauréates que les garçons.
En dehors du bac et dans le parcours scolaire en général, les résultats trimestriels et annuels obtenus par les filles au collège ou au lycée sont plus brillants que ceux des garçons : ce sont surtout les filles qui sont les mieux récompensées lors de la cérémonie de distribution des prix organisée dans tous les établissements à la fin de l'année scolaire. C'est dire que la fille est désormais le challenger indomptable du garçon en matière d'études, comme elle l'a égalé ou dépassé dans d'autres domaines (culturel, sportif...).
Ce phénomène n'est pas propre à notre pays, il prend de plus en plus de l'ampleur à travers le monde (sauf dans certains pays en voie de développement où la scolarité des filles n'est pas importante et où la fille est encore victime de plusieurs injustices sur tous les plans). En France, par exemple, le nombre de bachelières dépasse depuis quelques années déjà celui des bacheliers. Une étude aux USA a montré que les filles font preuve d'un avantage significatif sur les garçons lors des examens ou des tests en temps limité, c.-à-d. si on demande à deux élèves de même niveau scolaire et de sexe opposé de réaliser une certaine tâche intellectuelle en un temps donné, il est plus probable que la fille donne de meilleurs résultats. Cette bonne performance féminine est constatée également à l'échelle des pays arabes. Une étude statistique réalisée par l'UNESCO dans 19 pays arabes, portant sur l'année scolaire 1999/2000, révèle que les filles ont moins tendance à redoubler que les garçons, et dans la majorité des cas, elles parviennent au bout de leur cursus, dans le primaire comme dans le secondaire. Ainsi, révèle le rapport, seulement 6% des filles ont redoublé leur année contre 9% des garçons. En Algérie par exemple, dans le secondaire, 31% des garçons étaient redoublants contre 24% des filles. En Tunisie, c'était 20 % des garçons et 17% des filles, et, en Arabie Saoudite, 12% des garçons et seulement 6% des filles. La proportion des étudiantes dans nos facultés est passée de 58.1% en 2005-2006, à 59% en 2006-2007 et à 59.1% en 2007-2008.

Un même potentiel, mais...

Est-ce à dire que les garçons reçoivent moins d'attention que les filles de la part de leurs parents et des enseignants, ou qu'ils travaillent de moins en moins et qu'ils ont d'autres chats à fouetter ? L'absentéisme des garçons qui n'hésitent pas à sécher les cours serait-il à l'origine de ces exploits scolaires réalisés par les filles qui, elles sont plus appliquées et plus assidues dans leur parcours scolaire? Des sociologues et des psychanalystes surtout dans les pays développés se penchent actuellement sur l'étude de ce nouveau phénomène et ils se mettent d'accord sur le fait que l'écart ne vient pas d'une quelconque différence d'ordre biologique mais du fait que la réussite scolaire est, pour les filles, une garantie de promotion sociale. Pourtant les garçons et les filles possèdent le même potentiel de travail au départ mais ce qui distingue le plus les garçons des filles est une différence d'attitude. Dès le niveau primaire, les filles aiment généralement plus l'école que les garçons et répondent davantage à ses attentes.
Cela va certainement à l'encontre d'une conviction machiste fortement ancrée selon laquelle une femme ne peut surpasser ou du moins égaler l'homme dans certains domaines. Les temps ont changé : certaines qualités jusqu'ici connues seulement chez l'homme (courage, intelligence, dynamisme, raisonnement, esprit critique et prise de décision) sont passées au camp féminin connu essentiellement pour ses valeurs émotives (patience, attraction, séduction, délicatesse, affection, intuition et manque d'initiative). Il semble que le mérite de la femme vient du fait qu'elle a su s'approprier les meilleures vertus masculines tout en gardant les siennes pour réussir et surtout exceller ! Dans un pays comme le nôtre où la scolarité est aussi bien gratuite qu'obligatoire pour les garçons et les filles sans distinction, il est tout à fait naturel et légitime que les filles puissent obtenir, tout comme les garçons, les meilleurs résultats scolaires et accéder aux plus hauts degrés de leurs études et, partant, aspirer aux postes éminents de la société.

...Et le marché du travail ?
Cette victoire scolaire remportée par les filles sur les garçons, surprenante pour certains mais naturelle pour d'autres, pose une question fondamentale : les filles seront-elles bientôt les cerveaux les mieux convoités sur le marché du travail ? Il serait sans doute aberrant que ces grandes diplômées se heurtent encore dans l'avenir aux mêmes obstacles qui les ont toujours empêchées d'accéder en grand nombre aux postes dits de haute responsabilité qui restent la chasse gardée du sexe fort. Aussi faut-il changer la mentalité relevant d'un jugement psycho-sexiste de certains employeurs qui croient encore que les femmes sont incapables de commander ou de décider. Ces mêmes employeurs doivent prendre en considération cette nouvelle donne et la considérer comme une opportunité pour consacrer l'égalité professionnelle entre les sexes. Car il n'y aura plus de raison qu'une fille hautement qualifiée se voie refuser le droit d'accéder au poste d'un directeur, d'un chef d'entreprise ou d'un haut responsable dans le secteur public ou privé. Les mâles ont tenu les rênes durant toute l'histoire de l'humanité, disent les féministes, les femmes qui ont longtemps été dominées par les hommes ne veulent plus l'être aujourd'hui. En effet, il semble qu'à l'horizon des dix ou quinze prochaines années, tout le système d'emploi aura été transformé, et avec l'accès massif des femmes aux postes-clés, le rôle traditionnel attribué aux hommes sera lui-même changé. La femme sera-t-elle l'avenir de l'homme ? (célèbre maxime de Louis Aragon). C'est la question qui préoccupe aussi bien les féministes que les misogynes. Cependant, une chose est sûre, c'est que les rôles masculins et féminins auront beaucoup évolué dans les années à venir au rythme d'une société en perpétuel changement. Chez nous, la femme s'est bel et bien affranchie, même si certains hommes refusent encore de l'admettre. L'homme, quant à lui, saura-t-il rester le digne représentant du « sexe fort » devant la femme qui n'acceptera plus d'être éternellement apparentée au sexe dit « faible » ? Let's wait and see !
Hechmi KHALLADI

***

Témoignages recueillis auprès des personnes interrogées sur les excellents résultats des filles:
** M. Sadok. H. proviseur de lycée: « Il paraît que ce phénomène est universel ; on parle de la même chose dans beaucoup de pays, cela est sûrement le résultat de l'accès des filles à l'éducation et à leur émancipation. La fille peut exceller dans les études mais est-on toujours sûr qu'elle puisse s'imposer une fois sur le marché du travail où il y a d'autres obstacles à surmonter? »
** Mohamed J, enseignant retraité : « Elles sont plus nombreuses à être diplômées de l'enseignement secondaire et supérieur et sont moins en échec scolaire que les garçons. C'est pour la simple raison qu'elles sont plus appliquées et plus sérieuses dans leurs études. »
** Fethi J., prof de philo : « Le fait que, dans notre société, elles ne font pas l'objet, vis-à-vis de leur frère, de culture égalitaire, de la part des parents et surtout du père, à cause d'une mentalité rétrograde qui privilégie le sexe masculin, serait à l'origine de ce défi que les filles lancent aux garçons et qu'elles tiennent absolument à relever et faire preuve d'une compétence égale ou supérieure à celle des garçons. C'est tout à fait psychique, voyez-vous ? »
** Amel Chérif qui vient de réussir avec mention très bien (section mathématiques) a fait une réponse tout à fait singulière en disant en toute modestie : « Eh bien, c'est grâce à tous mes instituteurs du primaire et tous mes profs du collège et du lycée que j'ai réalisé cette réussite brillante ; je tiens à les remercier tous, sans exception, au nom de toutes les filles lauréates, pour leurs efforts et leur dévouement, ainsi que leur encouragement ! »


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