S'exprimant vendredi 18 décembre 2015 sur Shems Fm, Afra Ben Azza, jeune activiste de 17 ans, a donné le récit de son arrestation au district de sûreté du Kef. L'adolescente dit avoir été « maltraitée par les policiers». Selon ses propos, elle aurait été victime de harcèlement et d'injures par les agents. « J'ai eu droit à toutes les insultes possibles. On me balançait des gros mots et j'ai été même traitée d'athée par une agente du district. Elle m'a dit : ‘la Tunisie n'est pas à vous, elle est à ceux qui croient en Dieu' », a relaté Afra.
La jeune femme ajoute qu'elle a été déshabillée pour la fouille et laissée, aux geôles, dans le froid, sans nourriture ni eau. Elle avait été, en plus, « harcelée par les matons », d'après ses dires. « L'un a essayé de me faire chanter en me disant : ‘Donne-moi un baiser et je te donnerai à boire. Un autre me lançait : ‘T'as de jolies lèvres'», a-t-elle décrit. Toujours, selon sa propre version, la jeune activiste aurait été obligée à signer, en opposant son empreinte de force. Elle dit aussi avoir été empêchée d'appeler sa famille et menacée de «retourner en prison une fois qu'elle aura 18 ans ».
Revenant sur la raison de son arrestation, Afra indique que celle-ci est survenue lorsqu'elle protestait dans la rue contre le changement du statut du café historique Bou Makhlouf, construit depuis plus de 400 ans.
Par ailleurs, le ministère de la Justice est revenu sur cette affaire dans un communiqué publié aujourd'hui dans lequel il informe que le procureur adjoint de la République s'est déplacé, sur consigne du parquet du Kef, pour s'enquérir des conditions de détention de la jeune femme. Dans son rapport, celui-ci a mentionné qu'aucun signe d'agression physique n'a été constaté.