Sous le slogan : « Nous devons être les premiers bénéficiaires de notre argent », le Front populaire a lancé une campagne d'affichage urbain, contre l'endettement. Jusque-là rien d'extraordinaire, n'aurait été l'une des affiches qui met en scène un barbu avec comme message : « L'usure est contraire à ce qu'a dit Dieu et le prophète ». A deux fois, on vérifie si ce n'est pas une mauvaise blague ! C'est que le Front populaire, la première formation de gauche de Tunisie, prônant les valeurs de la laïcité et de la séparation du politique du religieux, se met justement à véhiculer un concept purement religieux.
L'usure ou le prêt à intérêt (Riba) est l'un des grands péchés de la religion musulmane, mais que vient faire ce concept dans une campagne de la gauche hostile à l'endettement ! Le Front populaire aurait-il changé d'idéologie ? A la lumière de cette affiche, il est lieu de se poser la question !
En réalité, la formation de gauche tente par tous les moyens possibles de toucher toutes les franges de la société tunisienne, toutefois, en n'étant aucunement gêné à employer les codes utilisés par les partis à idéologie religieuse. Quelle serait la différence entre le Front et Ennhdha ou Hizb Ettahrir !
Dans cette Tunisie en manque de repères, notre gauche brouille encore plus les pistes et s'essaye au « commerce du religieux », commerce certes juteux et rapporteur, afin de vendre ses idées. Cette gauche irresponsable, que plusieurs jeunes tunisiens voyaient comme une alternative aux autres tendances politiques, de droite ou conservatrices, sonne aujourd'hui son glas…
Progressistes, circulez, il n'y a plus rien à voir !