Dans une interview accordée, vendredi 22 janvier 2016, à France 24, Moncef Marzouki, président du parti Al Irada, a suggéré la tenue d'élections législatives anticipées pour dépasser la crise actuelle. L'ancien chef de l'Etat indique qu'il était nécessaire de redessiner le paysage politique, tout en respectant les règles de la démocratie. La composition actuelle de l'ARP et du gouvernement ne répond pas, selon lui, aux défis posés. D'où, il en déduit la nécessité de procéder à des élections anticipées. « Cette Assemblée est paralysée. Une partie ne veut pas assumer sa responsabilité en tant que parti au pouvoir tandis que l'autre partie a perdu sa légitimité », a-t-il répété. Puis d'enchainer : « Le pays a besoin d'un gouvernement d'union nationale qui soit fort. Le gouvernement actuel est le plus faible que je n'ai jamais connu », accusant, au passage, Habib Essid de manquer d'initiatives. « Il se comporte, dit-il, comme s'il était un commis auprès du président de la République. Il reçoit les consignes de lui par téléphone, alors qu'il a de larges prérogatives selon la Constitution ».
Critiquant ses adversaires, Moncef Marzouki les accuse d'avoir menti aux Tunisiens pendant la campagne électorale. « Les Tunisiens ont patienté pendant un an. Ils ont donné au président et au gouvernement suffisamment de temps pour agir et mettre le pays sur les rails. Aujourd'hui, le peuple vient de réaliser que les promesses électorales étaient mensongères et il n'est pas prêt qu'on lui raconte, de nouveau, des salades », a-t-il souligné.
Moncef Marzouki indique que c'est l'ancien régime qui tient les manettes de l'Etat. « Il suffit de voir, dit-il, la composition de l'Assemblée, des gouverneurs et des délégués pour le constater ». L'invité du JT de France 24 déclare son soutien aux manifestations, à condition qu'elles soient pacifiques. Toutefois, il met en garde contre la possibilité que celles-ci soient exploitées par des forces extérieures qui complotent contre la révolution ou par des groupes terroristes. « Qui visez-vous par ses propos ? », lui demande la journaliste. « Tout le monde sait que les Emirats est l'ennemi des révolutions dans le monde arabe. Ils financent tous les coups d'Etat et créent des partis pour ce faire, contrairement au Qatar qui était aux côtés de la révolution en Tunisie», a-t-il répondu.