Suite à la publication lundi 4 avril de la chronique de Nizar Bahloul intitulée « Avec leur immunité, ils font la loi ! » , le député Mustapha Ben Ahmed nous a adressé la réponse suivante, que nous publions dans son intégralité. Avant tout, je suis surpris par les conclusions hâtives et partiales de cet article qui se base sur une seule version des faits. Je déclare que je ne me cache derrière aucune immunité et suis pleinement disposé à aller devant la justice et assumer la responsabilité de mes actes si infraction existe ; bien que les faits qui ont été rapportés dans le communiqué du président de la délégation de Sidi Bou Saïd, soient totalement déformés et je me réserve de les relater pour laisser le soin à la justice de délibérer quant à la faute et le fautif. Je précise que la qualité de député ne me retire pas ma qualité de citoyen, un citoyen qui n'hésite pas à refuser toute injustice qu'on lui inflige ou se laisse intimider sous n'importe quel prétexte ; tout en exprimant ma désolation sur la manière de l'exploitation de cet incident pour porter atteinte à l'image de tous les députés.
Sur le fond du problème, et en l'absence d'une loi régissant cette opération, je signe, je signe et persiste qu'elle prend la forme d'un « braquage » et d'un « racket » . Dans la situation actuelle, il n'existe, au niveau municipal, aucun moyen de recours contre les abus et les irrégularités de l'opération de l'enlèvement des voitures, ni un droit de dédommagement des dégâts causés lors de cette opération. Beaucoup de doutes et de suspicions tournent autour de cette activité, qui est généralement octroyée à des sous-traitants particuliers qui n'ont d'autre souci que d'amasser le maximum d'argent et qui ne sont soumis à aucun contrôle. Le gestion financière de cette opération manque de beaucoup de transparence sur le départage des bénéfices entre sous-traitants et communes publiques.
A Sidi Bou Said, cette opération prend une plus grande ampleur, avec l'inexistence de parkings aménagés à l'exception d'un seul au centre ville et la délégation se permet le luxe d'en profiter au maximum. Alors, les citoyens qui affluent sur Sidi Bou Said, surtout les weekends, risquent de voir leurs véhicules pris au piège des camions élévateurs qui ne s'arrêtent jamais et raflent les voitures toute la journée et la nuit. La délégation de Sidi Bou Said est toujours restée muette et insensible aux plaintes et réclamations répétées des citoyens au sujet des dépassements et irrégularités dont ils sont victimes.
Concernant M. Dakhlaoui, couvert d'éloges dans l'article suite à sa position et présenté comme « héros », je pense qu'on risque d'être déçu lors de l'évaluation des résultats de son exercice à la tête de la délégation quand le moment viendra et qu'on découvrira les vrais mobiles de sa position sur cette affaire. En effet, son comportement n'était pas si responsable, car s'il l'était, il aurait dû soit ouvrir une enquête et entendre ma version des faits, soit attendre la délibération de la justice après qu'il ait déclaré déposer plainte. Ses propos obscènes et xénophobes à mon égard qui me qualifient de « personnage odieux » dans l'un de ses commentaires démontrent que M. Dakhlaoui n'était vraiment pas conforme avec ce qu'il prétend être : un défenseur des bonnes pratiques et de l'application de la loi.
Pour finir, je n'ai pas réellement de problèmes avec le fond de l'article, car je ne me considère jamais au dessus de la critique, mais seulement en posant la question d'un angle législatif met le lecteur sur une fausse piste qui risque de négliger la deuxième partie du problème qu'est l'intérêt des citoyens que toutes les lois sont supposées servir.
Mustapha Ben Ahmed
Réponse de l'auteur : L'incident de Mustapha Ben Ahmed n'était qu'un prétexte pour traiter d'un problème réel nettement plus large et plus grave qui dépasse sa propre personne. Par rapport aux faits, et en dépit de l'absence de démenti de M. Ben Ahmed aux propos du président de la délégation, j'ai usé du conditionnel dans toutes les phrases tout en prenant soin de préciser « au-delà de la véracité des faits » et « tentative d'intimidation supposée ». Nous ne connaissons pas M. Dakhlaoui à Business News et il n'a pas été, à mon sens, couvert d'éloges. Nous avons, encore moins, traité son acte d'héroïque. Je remercie M. Ben Ahmed pour sa réactivité et son respect, qui n'est plus à démontrer, et l'invite en tant que député à légiférer de telle sorte que les citoyens évitent ce type de désagréments et abus quotidiens bien réels des municipalités en général et de Sidi Bou Said en particulier. Pour le moment, hélas, son groupe parlementaire estime que la question du niqab est prioritaire.