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Allah oublié pour l'alcool, évoqué pour l'héritage
Publié dans Business News le 09 - 05 - 2016

A l'actualité cette semaine, des prochaines semaines et des mois qui viennent, le projet de loi déposé par un groupe de parlementaires sur l'égalité de l'héritage entre les hommes et les femmes. Un projet qui se présente sous la forme de trois articles tous secs (cliquer ici) et qui se veulent comme étant une mise en application de la IIème Constitution. Ladite Constitution qui stipule, dès son préambule, que l'Etat garantit l'égalité de tous les citoyens et citoyennes en droits et en devoirs. Dans son article 46, cette même Constitution stipule que l'Etat garantit l'égalité des chances entre l'homme et la femme pour l'accès aux diverses responsabilités et dans tous les domaines.

Le texte du projet de loi n'ayant même pas encore été rendu public (il était encore au bureau d'ordre de l'assemblée) que les voix se sont élevées pour dénigrer le projet et son initiateur, le député Mehdi Ben Gharbia. Même le mufti de la République a donné du sien, alors que personne n'est venu sonner à sa porte et alors que la Tunisie, Etat civil, n'a pas à consulter les religieux avant de proposer et voter ses lois. Très rapidement, le débat a été ramené sur le terrain de l'islam, du halal et du haram, d'Allah a proscrit et de Mohamed a dit. Dans les contrées arabo-islamiques, il n'y a pas mieux que ces réponses toutes prêtes pour tuer tout projet et toute tentative d'évolution de la société.

La première à élever sa voix fut la députée islamiste d'Ennahdha, Yamina Zoghlami (cliquer ici). « Je ne vois pas l'utilité et la pertinence de ce projet de loi !, a-t-elle martelé. Cette initiative mènera le pays droit au mur. Il y a eu une campagne contre le Coran et contre les libertés. Ce n'est pas comme s'il s'agissait des premières préoccupations de la femme et des familles tunisiennes ! Il est vrai que nous avons une Constitution et des libertés, mais ce projet de loi pourrait nuire à la Tunisie. Quel est son intérêt ?! ». Les grands mots tout de suite ! Quel est le rapport entre cette loi et le Coran ? Va savoir !
C'est pourtant cette même députée qui, il y a quelques semaines, discutait des taxes à prélever sur le Pastis et le Whisky et de l'intérêt, pour l'économie nationale, d'en réduire leurs taux usuriers. L'hypocrisie religieuse de Mme Zoghlami and co n'a vraiment pas de limites !

Quel est l'intérêt justement de cette loi et s'agit-il d'une réelle préoccupation de nos femmes et de nos familles ? Le débat mérite d'être lancé et il le sera sans aucun doute.
Afin de couper court aux experts religieux de tout genre, je précise tout d'abord que l'on ne discute pas de religion, mais de loi civile. Les textes du Coran qu'on n'applique plus se comptent par centaines. Autrement, que l'on autorise d'avoir chez soi des esclaves, des eunuques et des éphèbes(le mot éphèbe dans sa définition par extension, en traduction du mot arabe ghoulem – pluriel ghilmen- telle que donnée dans le livre d'El Jahedh « éphèbes et courtisanes » traduit par MaatiKabbal, préface et notes de Malek Chebel.)
De son vivant, le prophète lui-même autorisait la non-application des textes coraniques dès lors qu'ils sont utilisés à mauvais escient ou ne rendaient pas service à la communauté.
Sont hypocrites ceux qui évoquent la religion pour s'opposer au projet de loi de l'égalité de l'héritage, puisqu'ils appliquent eux-mêmes des textes civils dans leur quotidien. L'alcool est bien autorisé dans la cité alors qu'il est interdit par la religion (quoique…). On ne coupe plus la main aux voleurs et l'Etat n'a jamais traduit un citoyen devant la justice parce qu'il n'a pas observé sa prière ou son jeûne (quoique…).
S'agissant d'une question purement pécuniaire, les opposants à la réforme des textes de loi relatifs à l'héritage se cachent derrière la religion pour pouvoir s'accaparer un bien revenant moralement à une sœur ou une nièce. Pourtant, les mêmes ne font aucune différence entre leur fils et leur fille quand il s'agit de leur assurer une bonne scolarité et un bon cadre de vie.
N'ayant pas d'autre argument plus solide, ils disent que ceux qui veulent de l'égalité n'ont qu'à céder leurs biens à leurs filles de leur vivant. L'argument a un effet boomerang, car ils peuvent bien faire pareil en appliquant les lois divines ségrégationnistes à leurs héritiers et laissent les lois civiles équitables au reste des citoyens. Des citoyens qui, selon l'article 6 de la Constitution, sont libres de ne pas être musulmans !

Les répercussions positives de cette loi sur la société sont pourtant évidentes. D'un point de vue égalitaire d'abord. Il n'y a pas de raison que la femme, qui participe à hauteur de 50% du PIB, se voit lésée en matière d'héritage. Légalement, la femme est aussi redevable de 50% de l'endettement de ses parents (ou enfants), pourquoi serait-elle égale à son frère quand il s'agit de passif et cesserait de l'être quand il s'agit d'actif ?
On dit que ce sont les femmes qui vont profiter le plus de cette loi, or ceci est faux, puisqu'elles vont redistribuer cet héritage parental à leurs hommes (mari et enfants).
Au fait, celles qui vont le plus bénéficier de cette loi, ce sont les femmes rurales issues de milieux patriarcaux analphabètes ou faiblement cultivés. Généralement, dans les familles instruites et citadines, les parents partagent équitablement de leur vivant leurs biens matériels. Il n'en est pas de même pour les familles rurales où les femmes, souvent, subissent encore l'ascendant psychologique de leur frère ou de leur oncle (qu'elles appellent encore sidi).
Que le mufti qui se fait payer par l'impôt collecté en partie des recettes de la vente d'alcool et que Yamina Zoghlami qui discutait récemment des taxes du whisky pensent un peu à ce genre de femmes privées d'une partie de leurs biens familiaux !

Le projet de loi sera un excellent test pour tous ceux qui parlent de modernisme, de lutte contre les disparités sociales, d'égalité et de parité. Un excellent test pour ceux qui se cachent derrière la religion pour perpétuer des lois patriarcales conservatrices qui leur profitent économiquement.
Ce sera surtout un très bon test pour Ennahdha qui jure depuis des mois avoir changé en séparant le religieux du politique. On verra à leur prochain congrès, prévu théoriquement ce mois-ci, s'ils ont vraiment changé et s'ils veulent vraiment faire appliquer la Constitution dans les textes de loi.
Mehdi Ben Gharbia leur jette une belle patate chaude dont ils ne sortiront certainement pas indemnes quelle que soit la position qu'ils auront avec cette question.
Pour finir, et je ne saurai rappeler ce point, la Tunisienne se doit d'être l'égale du Tunisien en termes de droits, comme le stipule la Constitution, c'est indiscutable. Mais la femme se doit également d'être l'égale en termes de devoirs et je pense notamment à la question de la tutelle de famille. Légalement, c'est à l'homme de subvenir aux besoins de sa famille et c'est au père d'assurer la pension de ses enfants. Il est grand temps que la Tunisienne soit elle aussi redevable, dans les textes, des mêmes exigences que le Tunisien.


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