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Il faut un gouvernement Nidaa-Ennahdha
Publié dans Business News le 11 - 08 - 2016

Yezzi, assez, enough, basta, arrêtez de fouler au pied les rudiments même d'un minimum de décence et de respect des règles politiques. Evitez de rajouter à l'humiliation de tout un peuple, l'indécence de la manière.
Dans un Etat qui cherche à sauver au moins les apparences, il y a des règles à respecter. Le peuple a fait, certes par défaut, de Nidaa et Ennahdha les deux premiers partis pour qu'ils puissent diriger le pays pendant un mandat et se représenter à nouveau devant lui avec un bilan qui va lui permettre de leur redonner confiance ou de la leur retirer. Malheureusement, nous avons eu droit à une tragédie de mauvais goût qui se déroule devant nos yeux et dont voici les différents actes.

Acte 1, scène 1 : de l'irresponsabilité
Les acteurs de cette tragédie sont Nidaa-Ennahdha, avec à leur tête les deux oligarques qui rentrent sur scène après avoir tout planifié en coulisses, derrière des rideaux bien épais. L'intrigue consiste à gouverner sans prendre la moindre responsabilité. Pour ce faire, il fallait choisir des personnes connues pour leur docilité, leur naïveté, mais aussi leur sens supposé de l'Etat et surtout leur incapacité à avoir une quelconque velléité d'indépendance. Il est préférable que ces personnes soient affublées de l'étiquette « indépendant » pour mieux leurrer le peuple.

L'intrigue réside donc, dans l'incroyable équation toute tunisienne à savoir : gouverner sans gouverner ! Comment jouir du pouvoir sans en payer le prix politique ? Tous les partis dans le monde aspirent à avoir le pouvoir et à gouverner. Dans la Tunisie de MM. Essebsi-Ghannouchi, (on les associe car rien ne peut se faire sans que les deux personnages soient d'accord), la décision prise était de se cacher derrière de faux indépendants associés à des petits partis et de les jeter dans l'arène politique pour faire face à tous les défis majeurs que connaît la Tunisie. On se demande alors si MM Essibsi-Ghannouchi ont une idée de ce que c'est la responsabilité politique et la gestion des affaires publiques pour procéder d'une manière aussi irresponsable.
La solution trouvée pour échapper à leur responsabilité tout en continuant à tirer les ficelles, consiste dans la composition d'un gouvernement « d'union nationale version une » puisqu'il regroupait 4 partis et des « indépendants ». Plus de 75% des sièges au parlement. Ils sont censés avoir pris les meilleurs de leurs cadres respectifs pour former un gouvernement et apporter les solutions qui s'imposent. De 2014 à 2016 le peuple est resté spectateur médusé face à autant d'incompétence et d'irresponsabilité.

Acte 1, scène 2 : l'heure du bilan
A l'heure du bilan intermédiaire, le constat est fait par eux-mêmes, le gouvernement qu'ils ont choisi a échoué et son bilan est catastrophique. C'est là où MM Essibsi-Ghannouchi vont tout faire pour imputer cet échec et ce bilan à M. Habib Essid comme s'il gouvernait tout seul, comme s'il n'y avait pas de partis qui le soutenaient au parlement, comme s'il n'y avait pas d'autres partis représentés dans le gouvernement, comme s'il n'était pas nommé par les deux oligarques. Afek et UPL ont participé avec ce qu'ils croient avoir de meilleurs parmi eux ! L'échec leur incombe aussi. La sortie de M. Essid sous les huées et l'humiliation est pathétique, aucun respect ni pour l'homme ni pour la fonction. Le rideau tombe sur l'acte 1, le coupable est tout désigné, il a joué le rôle qui lui était dévolu, il ne servira plus à rien. Exit M. Essid.

Acte 2, scène 1 : entrent les bouffons du roi, ou les idiots utiles (selon la formule de Lénine !)
Pour que la manœuvre de Nidaa-Nahdha puisse fonctionner à nouveau, MM Essebsi-Ghannouchi sortent la même carte du « gouvernement d'union nationale », sous une nouvelle version, à peine maquillée pour berner le peuple encore une fois. Visiblement, plus c'est gros et plus ça marche. De nouveaux acteurs vont entrer en scène pour être utilisés de la même manière que fut M. Habib Essid. L'essentiel c'est de ne jamais perdre de vue la stratégie initiale à savoir, gouverner sans prendre de responsabilité et donc sans payer le prix d'une politique de réforme indispensable au pays et sans rendre de comptes aux électeurs. Pour légitimer cette nouvelle manœuvre, il n'y a pas mieux que de convoquer pour consultation de nouveaux acteurs. Ces derniers ont couru à Carthage, leur tête pleine d'ambition personnelle en s'y voyant déjà. Ils sortent ensuite de l'antre du grand Manitou transformés, défendant l'idée d'un « gouvernement d'union nationale » et cherchant avec peine des arguments pour se donner bonne conscience.

Puisque nos deux oligarques confondent politique et combine, ils ont réussi à faire leur combine en neutralisant ce qui reste de l'opposition, ainsi que quelques personnes qui se revendiquent « indépendantes » et d'autres personnes affublées du titre de « personnalités nationales » sans oublier le recyclage en règle de l'ancien régime. Les objectifs sont multiples : neutraliser l'opposition par l'éventuel octroi de quelques postes même pour ceux qui n'ont pas été élus. Diluer la responsabilité sur le plus grand nombre de partis et de personnalités possibles, en fin, ne jamais assumer un bilan. Du moment où tout ce beau monde a approuvé la farce du « gouvernement d'union nationale version deux », ils ont perdu définitivement leur positionnement politique tout en étant partie prenante de cette manœuvre anti-démocratique. Exit l'opposition, la scène deux peut commencer.
Acte 2, scène 2 : La supercherie du neuf avec du vieux
Nommer un chef de gouvernement, ce n'est pas nommer un Premier ministre. Si le Premier ministre tire sa légitimité du chef de l'Etat qui peut le nommer et le démettre comme il le souhaite, un chef de gouvernement est responsable devant le parlement et donc tire sa légitimé de ce dernier et non du Président de la République. Mais dans notre République à l'oligarchie bicéphale, le respect de la Constitution n'est pas une priorité. Les oligarques nomment une personne très proche, et ils lui assignent le rôle de former un gouvernement dont il n'aura aucun moyen d'en choisir les membres car il aura besoin de partis politiques pour le soutenir. Donc, ils lui ont tracé les contours d'un terrain, lui ont fixé les règles et lui demandent à présent d'exécuter.

Il faut, bien entendu, du cosmétique pour faire croire qu'il s'agit bel et bien d'un « gouvernement d'union nationale » et l'essentiel, c'est d'éviter que Nidaa-Ennahdha assument la responsabilité du pouvoir, et donc celle d'un bilan, et encore moins rendre des comptes. Encore une fois, plus c'est gros et plus ça passe. Une nouvelle personne est recrutée pour jouer le rôle qui lui est dévolu non pas en tant que chef de gouvernement, comme le dit la Constitution, mais comme un Premier ministre aux ordres des deux oligarques et de leurs appareils. Les concertations, le marchandage des postes, tout cela se fait au détriment de la Tunisie. Tout cela est en préparation des échéances électorales prochaines et nullement pour assainir la situation du pays. Tout cela pour créer des conditions propices à des élections par défaut, aux municipales, législatives et présidentielle prochaines. Trois échéances et donc trois ans de compagne électorale s'annoncent avec une main mise progressive sur les rouages de l'Etat.

Epilogue : on prend les mêmes et on recommence
Que peut faire le nouveau gouvernement, que le premier n'a pu faire ? Rien. Le gouvernement Essid avait une majorité confortable, il nous a démontré les limites du système Nidaa-Ennahdha et la paralysie qu'il engendre. A la place d'un chef de gouvernement pourvu de compétences transversales, d'un charisme et d'une volonté de fer au service du pays, les oligarques semblent parier sur l'inverse. En attendant, la scène se termine sur fond d'un Etat en lambeaux, perdant chaque jour qui passe de son autorité au profit des lobbies mafieux.

Avec la nouvelle donne politique, la succession de M. Essebsi est désormais envisageable. L'oligarchie bicéphale peut s'installer dans la durée non grâce à ces réalisations, mais par l'élimination de tout adversaire potentiel crédible et par la manipulation et les combines.

Postface : Il ne s'agit pas d'une tragédie grecque avec ses valeurs et sa morale, mais d'un drame fomenté dans la matrice inconsciente de l'ancien président et exploité à merveille, aujourd'hui, par les deux oligarques. Pour que ce drame ne débouche sur un véritable désastre pour tout un peuple, Nidaa-Ennahdha doivent assumer leur responsabilité.

Si Nidaa-Ennahdha avaient encore un semblant de sens de la responsabilité et d'amour pour ce pays, il faudrait qu'ils assument la totalité du pouvoir. Un gouvernement formé exclusivement par Nidaa-Ennahdha est le début d'une solution politique pour le pays. Comment ? Quand on ne peut plus se cacher derrière des « indépendants », quand on ne dilue plus la responsabilité sur plusieurs partis, Nidaa-Ennahdha seront contraints de sortir le meilleur d'eux-mêmes, de prendre le pouvoir à bras-le-corps, de trouver les solutions qui s'imposent car ils auront un bilan à présenter au peuple à la fin du mandat et une obligation de résultat. C'est aussi bénéfique pour eux s'ils veulent vraiment apprendre à exercer le pouvoir autrement que par la ruse, la roublardise et les combines de bas étages. Ces combines peuvent marcher un temps, mais finiront par leur exploser à la figure.

L'opposition doit aussi assumer ses responsabilités. Elle sera contrainte soit d'approuver les réformes quand elle les juge pertinentes, soit de faire des contre-propositions. Elle fera elle aussi son apprentissage du jeu de pouvoirs dans une démocratie. Elle sera jugée sur son bilan d'opposition et le travail qu'elle peut fournir pour présenter une alternative crédible.
Les partenaires sociaux et la société civile assumeront aussi leur responsabilité et joueront leur rôle de garde-fou face à l'exécutif.
Enfin, le peuple sera pris à témoin pour juger du bilan de chacune des forces politiques et sociales en place.

Tout ce qu'on souhaite c'est que Nidaa-Ennahdha prennent la mesure de la gravité de la situation et assument leur responsabilité. Ils auront le soutien de toutes les bonnes volontés s'ils se mettent réellement au travail et au service du pays. Les solutions sont connues, la méthode de travail aussi, il manque tout simplement une dose d'amour pour ce pays, un peu de courage et d'abnégation.

Hélas, quand la lâcheté l'emporte sur la responsabilité. Quand la ruse et les combines l'emportent sur la compétence et le don de soi. Quand les valeurs sont inversées, nous avons alors, les ingrédients de la décadence d'une civilisation et le début de l'ère de la barbarie dont les signes avant-coureurs sont d'ores et déjà manifestes, sous nos yeux. Viennent à l'esprit ces paroles prophétiques de Nizar Kabbani, tirées de son poème Balkis (excusez la traduction !) :
« La mort est dans nos tasses de café, dans la clé de nos appartements, dans les fleurs sur nos balcons, sur les pages des journaux et dans les lettres de l'alphabet,
Nous rentrons à nouveau, Balkis, dans l'ère de l'ignorance,
Nous rentrons dans la sauvagerie, la décadence, la médiocrité et l'indécence,
Nous rentrons à nouveau dans l'ère de la barbarie où l'écriture est une expédition entre les décombres… »

A bon entendeur, salut !



*Hédi Ben Abbes, universitaire et dirigeant d'entreprises.


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