La Conférence pour l'investissement Tunisia 2020 a été une occasion pour faire des affaires, conclure des accords et surtout, donner un peu de substance politique au gouvernement Chahed. Elle a surtout été une occasion pour montrer au grand jour ce besoin viscéral que nous avons, nous Tunisiens, le besoin d'espérer et de rêver. Indépendamment des résultats concrets de cette conférence, indépendamment de son succès ou de son échec, elle aura mis en relief le fait que le Tunisien demande seulement à espérer, à entrevoir un filet de lumière dans ce long tunnel obscur fait de contestations sociales, d'insécurité, de terrorisme et d'érosion de son pouvoir d'achat.
Il y a d'un côté, ceux qui sont dans la béatitude absolue, pour qui tout va bien dans le meilleur des mondes, ou plutôt qui essayent de nous le faire croire. D'autres, après avoir bien fait comprendre qu'ils font partie des privilégiés, racontent combien leur travail va payer pour l'avenir du pays. D'autres sont là juste pour prendre des photos et pour figurer sur d'autres. Mais tout ça n'est pas important. Permettons-nous, pour une fois, d'espérer et d'être positifs.
Même les plus cyniques d'entre nous, les prétendus « sympathiques » aux lourdes blagues, ceux qui critiquent la couleur du tapis et qui ne sont pas contents de la direction du vent, sont en fait, en attente d'espoir. Un espoir qu'ils s'acharneront à ringardiser évidemment puisque eux, ils savent mieux que tout le monde, mais ils l'attendent quand même.
Il s'agit là de l'un des enseignements les plus importants de cette conférence. Pour nous, Tunisiens, il faut que l'on soit convaincus que notre destin nous appartient. On a du mal, en tant que bons méditerranéens, à prendre une certaine distance « historique » et à regarder ce que l'on a fait de bien. Aujourd'hui, quand le Premier ministre français écorche le nom du président tunisien, on peut s'en amuser publiquement pendant des jours. C'est sûr, ça ne remplit pas l'assiette et ça ne comble pas les déficits, mais c'est quand même bien !
Cet espoir et cette fierté doivent nous emplir de détermination à poursuivre notre chemin. Tout n'est pas rose en Tunisie, loin de là, mais tout n'est pas noir non plus. Il y a de quoi faire, il y a des raisons pour se battre et il y a un futur pour ce pays.
Il faut également rendre hommage à tous ceux qui ont travaillé d'arrache-pied pour faire réussir cette conférence. Je commencerais par ceux qui ont nettoyé les rues, élagué les arbres et arrangé, un tant soit peu, le visage offert par Tunis à ses visiteurs. Toute personne qui nettoie notre saleté est digne de respect et de déférence, ne l'oublions pas. Il faut également remercier les cadres et le personnel du ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale. Ils ont commencé à travailler sur cette conférence avec Yassine Brahim et ensuite avec Fadhel Abdelkefi. Ce dernier, lors d'une interview accordée à Business News, n'a pas tari d'éloges sur son équipe et sur les cadres de son ministère. L'ampleur et la qualité de leur travail s'est vue lors de cette conférence. Il ne faut pas non plus oublier nos diplomates dans les plus grandes capitales du monde. Ils ont abattu un travail conséquent pour faire la promotion de Tunisia 2020 et pour convaincre les investisseurs et les hommes d'affaires de faire le déplacement et de venir en Tunisie. Ils ont également organisé les roadshows qui ont permis de faire connaitre cette conférence et d'expliquer son importance et ses enjeux. Tout cela sans oublier les deux co-commissaires de cette conférence, Mourad Fradi et Hazem Ben Gacem, qui étaient au four et au moulin pendant des jours pour faire que cette conférence se passe dans les meilleures conditions. Il y a des centaines de personnes à remercier à tous les niveaux, sans qui rien n'aurait été possible.
Il existe des compétences en Tunisie, il existe des gens qui font bien leur travail, n'en déplaise aux « sympathiques » qui commencent leurs phrases par « les Tunisiens sont… ». Il y a des raisons de se battre, et nous nous battrons.