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Tataouine, règne du chaos et récupération politique
Publié dans Business News le 24 - 04 - 2017

2.500 hommes, des centaines de véhicules tout terrains, des tentes de grandes dimensions flambant neuves, des provisions pour tenir un siège et même des pulls imprimés pour l'occasion. Tout y est pour cette opération très bien organisée visant à couper les routes du pétrole dans le Sud tunisien. Pour ces jeunes, il s'agit de reprendre en main l'héritage familial que l'Etat tunisien leur a confisqués, à savoir « des terres riches en hydrocarbures ». Plus concrètement c'est le droit au travail au sein des sociétés pétrolières privées qu'ils revendiquent.

Voilà exactement un mois qu'ont débuté des mouvements de protestation dans la ville de Tataouine. Une ville isolée et à l'écosystème rude et montagneux. Sous le colonialisme français, être déporté vers le bagne de Tataouine représentait un châtiment sans égal, tellement les conditions de détention étaient dures.
Aujourd'hui, 70 ans après l'indépendance, les conditions de vie à Tataouine ne se sont pas beaucoup améliorées. Dans cette région reculée du pays où deux jeunes sur trois sont au chômage, l'infrastructure est archaïque et la colère est en train de céder la place à la haine. On le voit aux revendications et au ton vindicatif qui imprègne les voix de ses jeunes qui reprochent à l'Etat « son absence ».
« Ceci est le résultat du silence de l'Etat tunisien qui nous a pris nos richesses et nos droits. Nous sommes tous ici aujourd'hui pour reprendre ce droit. Nous ne resterons pas muets, nous allons amplifier nos actions, ceci est un message au chef du gouvernement ». Voici le discours tenu par certains manifestants, filmé hier alors qu'ils se dirigeaient vers un point de contrôle pour barrer la route aux camions des sociétés pétrolières actives dans la région. Dans les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les protestataires demandent également que ces sociétés qui recrutent habituellement leurs cadres et techniciens dans les régions du nord et du sahel se mettent à recruter, en priorité, parmi les habitants locaux.

Les partis politiques n'ont pas attendu longtemps pour faire de cette grogne sociale un slogan. Il est indéniable que la ville de Tataouine a souffert pendant des décennies de marginalisation en dépit de sa grande richesse. Mais cette injustice, engendrant déception et colère auprès des habitants, a représenté une occasion rêvée pour les amateurs de récupération et de manipulation politique de tirer avantage de la colère des citoyens. En canalisant cette haine sociale, il en résulte une tentative de résulter l'Etat qui nous rappelle celle menée en 2016 avec la campagne « Où est le pétrole ? » ou « Winou el pétrole ? ». Une ancienne campagne, menée par le parti de l'ancien président Marzouki, Al Irada, mais aussi le CPR et les LPR (Ligues de protection de la révolution), aujourd'hui dissoutes. Le même Moncef Marzouki qui, dans une déclaration faite à la presse étrangère, il y a quelque temps, disait: « Pour redresser le pays, nous devons nous focaliser sur nos compétence car probablement nous n'avons pas de pétrole ».
L'année dernière, « Winou el pétrole » a mis à nu l'ampleur de la fracture qui existe désormais entre nord et sud du pays. Commençant à prendre conscience du danger que peut provoquer cette instrumentalisation de la haine, les autorités tentent de réagir.
A la mi-avril 2017, le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi s'est rendu à Tataouine où il a rencontré les représentants des manifestants « nous avons pris note de toutes leurs revendications et nous avons convenu de répondre à une bonne partie de celles-ci » déclarait-il quelques jours après sur Shems FM. Lors de cette intervention, le ministre avait, en outre, déclaré que l'accord trouvé incluait le recrutement prochain de 500 personnes au sein de la société locale pour l'environnement ainsi que dans d'autres sociétés pétrolières installées sur place. Une promesse « tout à fait réalisable », si l'on croit M. Hammami.
Successivement à cette visite, la tension est retombée d'un cran. L'accalmie ne dura que quelques jours. Ce weekend, les « fils des Fellaga », comme ils aiment se faire appeler, ont repris leurs mouvements de protestation… ou de sabotage. Toutes les routes qui mènent aux puits de pétroles ont été coupées mais aussi l'eau nécessaire au procédé d'extraction des hydrocarbures, également. Les stations de pompage des entreprises privées sont donc à l'arrêt.

Lors de son programme de visites dans les régions, le chef du gouvernement prévoit de se rendre à Tataouine jeudi 27 avril. Youssef Chahed devra présider, lors de cette visite, un conseil ministériel à Tataouine et annoncer un ensemble de projets en faveur de la région. Une visite très attendue et qui sera marquée par « la volonté d'aller dans le concret », annonce-t-on. Ce déplacement du chef du gouvernement fait suite à un autre, effectué au début du mois d'avril courant par une délégation gouvernementale dirigée par le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, afin de « voir les mesures qui doivent être prises dans le secteur de l'emploi et de l'infrastructure » et « chercher à établir une relation participative avec les composantes de la société civile afin d'identifier les priorités essentielles ».

Tout comme la visite tenue à Sfax il y a quelques jours, l'équipe gouvernementale a attendu avant de se rendre à Tataouine que les solutions proposées soient concrètes afin d'éviter de faire des promesses qu'elle ne tiendra pas par la suite. Cette visite demeure d'autant attendue que les partis politiques multiplient eux-aussi les communiqués afin d'appeler « le gouvernement à trouver des solutions urgentes au chômage des jeunes de la région et à élaborer une vision globale pour impulser la croissance ».


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