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Manger est devenu une atteinte à la pudeur !
Publié dans Business News le 02 - 06 - 2017

Il est étrange et certains diront sûrement, exaspérant, qu'en 2017, alors que l'esclavage a été aboli depuis des décennies, que la femme a acquis des droits de plus en plus importants, que certains pays ont adopté le mariage pour tous, que des chercheurs s'attellent à trouver de l'eau dans l'espace pour parer à une éventuelle extinction des ressources sur terre, et donc de l'humanité…. l'on soit toujours en Tunisie en train d'écrire des articles sur les non-jeûneurs de Ramadan.

Il faut dire que la matière ne manque malheureusement pas. Chaque année, manger et boire dans un lieu public expose les téméraires qui osent braver l'interdit religieux, d'une religion qui peut ne pas être la leur, à de véritables situations abracadabrantes.

Manger et boire pendant ce mois saint doit, en effet, et nul ne sait selon quelle loi, se faire dans l'isolement le plus total. C'est aussi ce qu'avait dit l'an dernier le président du parti radical « Zaytouna », AdelAlmi, plus connu pour être le traqueur invétéré des buveurs de café et mangeurs de « kafteji » du Ramadan. « Si on veut manger et ne pas jeûner, on est libre mais il faut le faire chez soi ! », avait-il décidé. Etonnant quand on sait que si dès son article 1er, reprenant celui de la Constitution de 1959, il est stipulé dans la constitution tunisienne que «l'islam est (la) religion» de l'Etatet que «l'arabe sa langue», il est affirmé dans l'article suivant que «la Tunisie est un Etat à caractère civil».

L'article 6 va même jusqu'à garantir « la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes», et pourtant !
Même si l'article 21 sur les droits et les libertés précise que « les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs », qu' « ils sont égaux devant la loi sans discrimination » que « l'Etat garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs », en Tunisie on se fait harceler, embêter et même arrêter quand on mange !

Pas plus tard qu'hier, jeudi 1er juin, 4 jeunes individus ont été condamnés à un mois de prison pour avoir fumé une cigarette dans un jardin public dans la ville de Bizerte. Le juge cantonal au tribunal de Bizerte a prononcé son jugement, séance tenante, à l'encontre de ses jeunes hommes « pour atteinte à la pudeur », nous avait appris une source digne de foi.Atteinte à la pudeur, ou la case « fourre-tout » de la loi.
Evidemment on ne pouvait dire qu'on les arrêtait pour une cigarette, d'abord cela sonnerait un peu ridicule et ensuite aucune loi n'interdit de boire, de manger ou de fumer en public pendant le mois de Ramadan. Il n'empêche, chaque année le débat, les « gardiens de la moralité », les « cafés niquabés », les Adel Almi, les policiers zélés, les musulmans énervés, et les jeûneurs haineux, refont surface et essayent de dicter leur loi. Un phénomène que la Ligue Tunisienne pour les droits de l'Homme avait anticipé en publiant le 29 mai 2017 un communiqué dans lequel elle a appelé les autorités publiques à garantir la liberté de conscience et de culte en ce mois de Ramadan.
Concernant les 4 jeunes de Bizerte, nombreuses ont été les versions qui sont venues justifier leur arrestation. Quand on veut noyer son chien on l'accuse d'avoir la rage, et quand on veut arrêter un non-jeûneur on l'accuse d'être un alcoolique et un drogué, on attend le Ramadan pour l'attraper, un thé à la main et le mettre sous les verrous, en un temps record. Jamais on aura vu en Tunisie, une procédure « administrative » aller si vite et constatons également avec étonnement le silence des partis politiques et de la LTDH à ce sujet, eux qui ont été très réactifs quand il a été question de défendre les suspects arrêtés pour corruption et menace contre la sûreté de l'Etat.

Les autorités n'ont cessé, depuis des jours, de démentir les rumeurs sur les fermetures des cafés et restaurants pendant la journée et pourtant ! Il s'est avéré par la suite qu'une autorisation est nécessaire pour lever le rideau et servir les clients « étrangers ». Que servir des autochtones était interdit et que pour manger il fallait se mettre à l'intérieur, se cacher.

L'intervention des forces de l'ordre dans le casse-tête chinois qu'est devenu Ramadan pour ceux qui ne le font pas, n'est cependant pas nouvelle. En 2015, nous avions déjà assisté à la « prise » musclée, d'un café ouvert à Monastir. Plus tard, nous apprenions que le ministère de l'Intérieur avait décidé de limoger le chef du district de la sûreté de Monastir qui avait alors violemment agressé la jeune serveuse au café, mais aussi trois cadres sécuritaires du district de Gammarth qui avaient procédé à la fermeture d'un café de la région. Ils ont été limogés pour abus de pouvoir et pour avoir pris des mesures illégales.

Où est donc le légal et où est l'illégal ? Est-il légal de fumer dans un parc public pendant le Ramadan ? Est-il légal de manger sur une terrasse pendant le Ramadan ? Est-il légal de ne pas jeûner quand on ne le souhaite pas pendant le Ramadan ? Est-il légal d'interdire ce que la loi permet ?

Chaque année, l'Etat affiche une fébrilité déconcertante face au sujet. On chuchote que les libertés individuelles sont respectées, que les libertés de culte sont garanties, mais si doucement qu'il est impossible que cela parvienne aux oreilles de ceux qui ont décidé de faire leur loi pendant un mois. De quoi donner aussi aux médias étrangers un fait divers de plus à ajouter à la rubrique « Vois ce qui se passe au tiers monde ». Hier nombreux journaux étrangers ont relayé l'histoire de quatre jeunes tunisiens emprisonnés pour avoir mangé en public…


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