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Les non-jeûneurs se cachent pour mourir
Publié dans Business News le 30 - 05 - 2017

Il y a eu deux faits marquants cette semaine. Il y en a eu plusieurs, en réalité, mais nous ne parlerons que de deux dans cette chronique : corruption…et ramadan.

La lutte contre la corruption initiée par Youssef Chahed a fait la semaine mouvementée qui vient de s'écouler. Nous n'hésiterons pas à qualifier l'opération de véritable « coup de maître », ne soyons pas, pour une fois, avares en compliments. 8 barons de la contrebande arrêtés pour soupçons de complot contre la sûreté de l'Etat suite aux événements tumultueux de Tataouine, une prouesse, même pour les amateurs de films policiers.

Mais ce qui a été le plus intéressant à observer, au courant de la semaine dernière, ce n'était pas tant les arrestations en elles-mêmes mais les réactions qui s'en sont suivies. La classe politique, prise au dépourvu, n'a pas eu le temps de réviser sa copie et de préparer sa réponse. Pour certains, la réaction était évidente, « on soutient clairement la lutte anti-corruption ». Pour d'autres, en revanche, la tâche s'est révélée périlleuse et il fallait tenir des réunions et se concerter avant de dire si oui ou non, Youssef Chahed a bien fait de mettre derrière les verrous certaines grosses fortunes impliquées dans des affaires touchant la sûreté de l'Etat. Multiplier les réunions même, pour certains.

Dès que les grosses têtes sont tombées, certains noms ont été cités d'emblée. Parmi eux, des députés, plusieurs députés. Les réactions paranoïaques et sceptiques se sont multipliées et plusieurs observateurs, mués en détenteurs de la vérité absolue, ont balancé des noms. Mais tout ceci n'est que le début. De grosses têtes sont tombées, d'autres suivront, mais ce qu'elles auront à révéler est plus important encore que leur propre arrestation. Des élus, des politiques et des journalistes seraient impliqués. Mais comment prouver tout cela ? Comment prouver qu'un journaliste a reçu de l'argent pour redorer, au moyen de diffamation et de mensonges, une image ou en briser une autre ? Comment prouver qu'un élu a voté une loi, ou a participé à l'abandon d'une autre, moyennant finances ou tout autre avantage matériel ? Comment prouver que le lobbying pratiqué au sein d'un parti politique s'est transformé en corruption et que des intérêts ont été achetés ? La tâche se révèle plus que compliquée et même si ces arrestations sont de bon augure, il est très peu probable qu'elles arrivent à faire la lumière sur tout ce qu'on espère déterrer.

L'opinion publique applaudit. Les bobos de la capitale sortent manifester, la tête la première, « Go Jo, nous sommes derrière toi ! ». Mais en matière de lutte anti-corruption, peut-on se contenter de regarder, en spectateur, et de simplement applaudir ? Ces mêmes citoyens qui s'extasient aujourd'hui de voir de grosses pointures de la contrebande et de la corruption arrêtées, n'hésiteront pas, une seconde, à faire leurs achats sur le marché parallèle, à monnayer leurs privilèges ou à glisser un petit billet pour faire sauter un PV. La corruption c'est moche, tant que ça ne nous touche pas.
Les habitudes ont la vie dure, les traditions aussi. Celles de ramadan perdurent chaque année dans la « normalité » la plus totale.

Ramadan est le mois de tous les excès. Si les quantités de produits alimentaires consommés en ce mois de la privation explosent, elles ne sont pas les seules. Les pratiques d'exclusion et de rejet de l'Autre pullulent en ce mois du partage et de la tolérance. Paradoxal dites-vous ? Pas dans un pays à la Constitution si schizophrène qu'elle mentionne, dans son article premier, que la religion de l'Etat est l'Islam (impactant ainsi nombre d'articles de loi) et dans son article 6 que « L'Etat […] garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes ». La contradiction n'est pas criante, mais dans les faits, elle l'est incontestablement. Le fait de ne pas observer le jeune durant ramadan est tout à fait légal en Tunisie mais les obstacles rencontrés chaque année par les non-jeûneurs ont de quoi dérouter.

Comme chaque année, l'ouverture ou non des cafés et restaurants pour les non-jeuneurs suscite un débat. Faut-il ou non permettre à ceux qui ne font pas le ramadan de vivre leurs journées « normalement », en marge des traditions liées à ce mois saint ? Si la réponse semble évidente pour certains, d'autres y trouvent des raccourcis. On évoque les personnes malades, dispensées de jeûne, ou les étrangers qui ne sont pas concernés par les rites du ramadan. Un raccourci frileux qui ne prend, presque jamais, en considération le droit de ceux qui ont tout simplement décidé de ne pas jeuner. Une règle tacite, dictée par la société, veut que ce droit soit exercé dans la plus grande discrétion. Le tout est de « prendre en compte le sentiment religieux des jeûneurs ».

Une règle tacite qui se base sur une donnée (impossible à vérifier) selon laquelle la majorité écrasante des Tunisiens pratiquent le jeûne religieux durant Ramadan et que donc la minorité se doit de s'effacer. « Vous avez le droit de ne pas jeûner, mais vous devez le faire en silence, en cachette, ne pas être vu, ne pas en parler et encore moins le faire au nez des jeûneurs ». La voilà la règle.

Une règle qui trouve tout son appui dans les pratiques des autorités. En vertu d'une circulaire vieille de 30 ans, les cafés et restaurants situés dans des zones non touristiques doivent fermer boutique durant le mois de ramadan. La vente d'alcool devient aussi interdite pendant les 30 jours de ce mois saint. Aussi, les cafés ou restaurants se doivent de rester discrets. Pas de tables en terrasses et pas de vitrines exposant des « non-jeûneurs ». L'année dernière, des descentes ont été effectuées dans des cafés-restaurants, par les forces de l'ordre, contre les jeuneurs-troubleurs de l'ordre public.

Dans l'espace public, c'est la loi de la « majorité » qui gagne. Une « majorité » qui s'autorise une intimidation sociale, de rigueur chaque année, avec l'aval des autorités. Cela ne semble pas dérouter outre mesure.

Les non-jeûneurs « se doivent » de se faire petits, discrets et même inexistants, car les « croyants », ont bien voulu leur accorder le privilège de ne pas observer le ramadan. Et ce privilège se gagne, il ne faut pas en parler, il ne faut pas être vu, il faut juste se cacher. En attendant que ce privilège meure, oppressé par le poids des traditions et des habitudes.


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