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Il y a de quoi s'inquiéter !
Campagne contre les cafés et les restaurants ouverts, le Ramadan
Publié dans Le Temps le 03 - 08 - 2011

S'il est dans l'ordre des choses que le Ministère des Affaires religieuses intervienne plus souvent que d'habitude dans la vie publique en ce mois de Ramadan, la contradiction à propos de la liberté individuelle entre les déclarations de M. Aroussi Mizouri, le Ministre et celles de M. Othmane Battikh, mufti de la République nous semble, à tout le moins, troublante. Pour le premier, cette liberté est inviolable; pour le mufti, elle s'arrête là où commence celle d'autrui. Les deux déclarations furent données en réponse à des questions sur la position officielle de l'Etat au sujet de l'ouverture des cafés et des restaurants aux non jeûneurs durant le mois saint.
Certes, le mufti n'est pas le porte-parole du Ministère des Affaires religieuses; mais malgré l'image caricaturale qu'ils avaient jusque-là des muftis de Bourguiba et de Ben Ali, les gens de chez nous ont plutôt tendance à prendre ce que dit le dignitaire religieux pour plus crédible que les déclarations d'un membre du gouvernement. Surtout que, cette fois, leurs propos ne concordent pas ; puisque M. Battikh recommande aux cafetiers et aux gargotiers de fermer leurs commerces pour ne provoquer personne parmi les jeûneurs et pour s'épargner les réactions hostiles des extrémistes religieux qui auraient menacé de s'attaquer à ces commerces ouverts pendant le jeûne ; tandis que le Ministre des Affaires religieuses laisse entendre que ce n'est pas du tout dans les intentions de son département de favoriser une mesure de fermeture contre ces locaux. S'agit-il d'une duplicité calculée, afin de voir vers quoi penche la majorité et d'en décider ensuite à la lumière de la réaction du public? Ou bien d'un manque de concertation entre deux officiels de la République représentant le même Ministère ? Qui sait encore si ce n'est pas une manière pour le mufti d'initier une nouvelle ère où les dignitaires religieux de son rang s'affirment en tant que décideurs et rompent avec le temps où ils ne jouaient qu'un rôle d'exécutants. Quoi qu'il en soit, la polémique sur les non jeûneurs est très suivie ces derniers jours sur internet et dans les réseaux sociaux. Les avis divergent comme toujours, mais la majorité des opinions que nous avons enregistrées est plutôt tolérante. Les arguments présentés par les uns et les autres sont la plupart du temps d'ordre religieux, moral ou politique. C'est d'ailleurs ce qui se répète également dans la rue. Quand on prend la défense des non jeûneurs, c'est souvent au nom de la liberté individuelle et lorsqu'on les condamne c'est pour leur prétendue indécence et leur hérésie offensante. Pour notre part, nous aimerions avancer des arguments différents qui montrent que les non jeûneurs sont plus à plaindre qu'à traquer !
Risques réels sur la santé
Il suffit par exemple d'entrer dans l'un des cafés qui les accueille pendant la journée pour effectivement pleurer leur sort : dans tous les cas, c'est un fumoir étouffant. Y passer une demi-heure augmente le risque de cancer trois fois plus que de fumer trois « chichas » de suite. De plus, on y est trop serré et cela dégage un boucan terrible. Le service est plus lamentable que pendant les jours ordinaires. Les cafés servis sont d'un goût franchement suspect. Il en est de même chez les gargotiers : dès l'entrée où il vous faut vous plier en quatre à cause des stores baissés à moitié, vous vous sentez mal à l'aise et presque honteux. Là aussi, la fumée-non moins dangereuse pour la santé- enveloppe l'endroit et étouffe les clients. Les sandwiches et les petits plats que l'on y mange sont préparés à la va-vite et servis un peu trop rapidement si bien que très souvent, il y manque un ou deux ingrédients habituels qu'il serait préférable de ne pas exiger du serveur parce que cela risque de lui faire monter la « hachicha » de Ramadan au nez, ainsi qu'à son chef cuisinier et à son patron ! Comme personne ne contrôle ni le service ni les repas dans ces modestes restaurants, on peut imaginer le genre d'accueil qu'on vous y réserve et la qualité des plats qu'on vous y sert. D'autre part, et comme l'affluence atteint des records entre midi et 14 heures dans ces locaux trop étroits, vous vous sentez coupable si vous traînez en mangeant. Là-bas, c'est systématiquement le « very fast-food » : au café, vous commandez un café express, dans les gargotes, on vous sert un casse-croûte express que vous avez intérêt à terminer (si vous y arrivez bien sûr) à la vitesse d'un TGV. Quant aux prix pratiqués, ils ne sont jamais ceux d'avant Ramadan. Mais de préférence, il vaut mieux ne pas les discuter. Les arguments du caissier (il en a de tous les genres) finissent toujours par vous convaincre.
Traqués partout
Sur leurs lieux de travail, nombreux sont les non-jeûneurs qui passent mal le mois de Ramadan. Difficile pour eux de manger ou de fumer à leur aise. Aucun endroit ne leur est réservé, à part les toilettes ou les coins sombres des cages d'escaliers. Même chez eux, les non jeûneurs adultes ont quelques petits soucis : si leurs enfants font le Ramadan, ils éprouvent beaucoup de gêne à s'alimenter ou à griller une cigarette en leur présence. Parfois, ils ne trouvent rien à se mettre sous la dent et se contentent de peu pour se sustenter. Très souvent, ils jeûnent sans jeûner : en effet, la quantité d'aliments qu'ils consomment est de loin inférieure à celle dont leur corps a besoin. Au moment de la rupture du jeûne, ils ont intérêt à ne chicaner à propos de rien, les jeunes en particulier à qui on pourrait à tout moment adresser une remarque malveillante concernant leur non observance de Ramadan. Certains parents tendent même à traiter moins bien leurs enfants qui ne jeûnent pas. Ou alors ils les harcèlent pour les forcer à jeûner et cela se passe rarement dans le calme.
Craintes pour demain !
En bref, nous pensons que le mieux serait de ne pas persécuter cette minorité de Tunisiens qui ne jeûne pas. En tout cas, le langage que nous devons tenir à leur égard ne doit pas les diaboliser. A notre avis, la recommandation du mufti de la République quant à la fermeture des cafés et des restaurants pendant les journées de Ramadan va dans le mauvais sens et c'est ce genre de propos qui risque de semer la zizanie dans les esprits et le désordre dans nos cités plutôt que la crainte d'attaques contre les locaux ouverts aux non jeûneurs. Comment parler de l'Islam tolérant et en même temps céder aux menaces d'une poignée d'extrémistes ? C'est un Islam de la diversité et de l'ouverture qu'il importe pour un haut dignitaire religieux de défendre et de promouvoir. Le double langage tenu par M. Battikh n'est pas de nature à nous rassurer sur l'avenir de la tolérance sous nos latitudes. Aujourd'hui, les cafés ; demain les bistrots, les boîtes de nuit, les hôtels, les maisons closes, les plages, les cinémas et qui sait encore ! L'Avenue de la Liberté peut-être !
Badreddine BEN HENDA
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