En marge de la visite de Khemaïes Jhinaoui en Turquie, hier jeudi 15 juin 2017, il a été annoncé que le président turc Recep Tayyip Erdogan effectuera une visite officielle en Tunisie. Celle-ci devrait intervenir en juillet prochain. Bien qu'il n'y ait rien d'officiel en ce moment, cette annonce par voie de presse a été suffisante pour déclencher sur la toile tunisienne des appels au refus de cette visite au motif que la Tunisie n'a pas à recevoir un dictateur. Un des premiers à tirer, l'économiste et très influent Moez Joudi qui fait un rappel au même appel lancé par les islamistes quand il a été annoncé que le président égyptien Abdelfattah Sissi allait venir en Tunisie. « Comme les islamistes ont refusé la visite de Sissi en Tunisie et ont tout fait pour la capoter, on doit aussi refuser la visite de ce dictateur d'Erdogan qui réprime tous ses opposants et qui a changé la constitution turque pour s'enraciner dans le pouvoir et en abuser! »
S'il est évident que la realpolitik a ses exigences, et si l'on essaie de faire abstraction des affaires internes de la Turquie, il est bon cependant que les gouvernants tunisiens actuels se rappellent de tout le soutien montré par Erdogan aux islamistes tunisiens, mais également aux CPR et à leur tête Moncef Marzouki. Jusqu'à la veille des élections, la Turquie d'Erdogan a été le soutien indéfectible d'Ennahdha et de Moncef Marzouki. Il est aussi bon de rappeler que cette même Turquie a été une véritable passerelle pour le transit des Tunisiens vers la Syrie où ils sont allés rejoindre les terroristes de Daech.
Alors que l'annonce date de quelques heures seulement, les appels au boycott se multiplient. On rappelle essentiellement les actes de dictature du nouveau « sultan » turc dont voici un bref résumé :
La Turquie d'Erdogan et les atteintes aux droits de l'Homme depuis le putsch raté Purge des médias *Fermeture de deux chaines de télévision : 150 médias fermés par décret *Blocage du site d'information Wikipédia *Accès aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter) et aux applications de messagerie perturbés (WhatsApp) + Youtube contrôlé *Interdiction de diffusion des émissions ayant rapport aux mœurs (interdiction des émissions Tv de rencontres amoureuses)
Les chiffres 120.000 personnes renvoyées ou suspendues de leur fonction dans l'administration et le privé Dont 4000 fonctionnaires congédiés dans l'armée, la Justice et les universités Globalement : 40.000 arrestations et émission de 400 mandats d'arrêt 9100 policiers suspendus 9 députés défendant le droit des minorités en détention