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Ouled Erdogan
Publié dans Business News le 18 - 07 - 2016

Actualité très chaude cette semaine avec le terrible attentat de Nice du 14 juillet 2016. Un Tunisien a foncé avec un camion frigorifique de 19 tonnes sur la foule de la Promenade des Anglais, lors des festivités de la Fête de la République, faisant 84 morts et 202 blessés. Paix à leurs âmes et prompt rétablissement. A vol d'oiseau, Nice est plus proche de Tunis que de Quimper ou de Caen. La brise qu'on ressent sur la Promenade des Anglais est la même que la Corniche de Sousse ou de La Marsa. Ceux qui s'y baladent sont également les mêmes, des Méditerranéens bon vivants et fêtards.
Qu'il souffre de troubles psychiatriques ou qu'il soit terroriste, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a agi selon le mode opératoire de Daech. Il sème la terreur dans la foule et s'en prend à ce mode de vie des Niçois, identique à celui d'une bonne majorité de Tunisiens. Des radicaux comme Bouhlel, qui ne veulent pas de ce mode de vie, il y en a encore un très bon nombre en Tunisie et ailleurs et pas uniquement parmi les cellules dormantes de Daech ou ses sympathisants silencieux. Il y en a même à qui la France ouvre la grande porte. Paix aux âmes des victimes, quelles que soient leur nationalité, leurs origines et leurs convictions.

L'autre actualité de la semaine est ce putsch, dit raté, en Turquie contre Recep Tayyip Erdogan. Ce même Erdogan sans qui Daech n'aurait jamais pu exister et proliférer. Prié de dire si la Turquie restait un allié fiable dans la lutte contre l'organisation djihadiste, le ministre français des Affaires étrangères a répondu : "Il y a des questions qui se posent et nous les poserons. Il y a une part de fiabilité et une part de suspicion, il faut être sincère."
Sur les relations d'Erdogan avec Daech, le scepticisme est de mise. De même pour le putsch du 15 juillet. Plusieurs voix se sont élevées pour dire que ce putsch aurait été réalisé par Erdogan lui-même afin d'asseoir sa position et de pouvoir achever les réformes discrètement entamées depuis son investiture : islamiser la Turquie. Pour beaucoup d'analystes, Erdogan a bien réussi son coup… d'Etat. Je retiens cette analyse publiée en tribune libre dans Mediapart de Djordje Kuzmanovic, analyste géopolitique et Secrétaire national du Parti français de Gauche en charge des questions internationales et de défense.
Juste après ce coup d'Etat « raté », le régime d'Erdogan a procédé à l'arrestation de quelque 6.000 personnes parmi lesquelles on retrouve des centaines de juges et de hauts gradés de l'armée. Tous sont pour le moment accusés d'avoir fomenté et participé à cette tentative de coup d'Etat. Allez déceler le vrai du faux ensuite, car il est certain et sans doute aucun, qu'il y a parmi eux un grand nombre, de véritables opposants au régime islamiste d'Erdogan et son projet. Des personnes qui veulent vraiment sauver la démocratie turque et le modèle de société créé par feu Kamel Atatürk.
Les scènes insoutenables de lynchage et d'égorgement de soldats qu'on a vues après le coup d'Etat démontrent clairement que ce modèle est plus que jamais menacé. Erdogan parle carrément de rétablissement de la peine de mort (les lois se taillent sur mesure désormais). De ces scènes insoutenables, et à part cette violation flagrante des droits de l'Homme, il y a une chose à retenir sur la barbarie des islamistes turcs : dans les traditions de la guerre, on n'humilie jamais l'armée! En lynchant publiquement ses soldats, le régime d'Erdogan a violé cette règle. Ça me rappelle ce qu'ont fait les terroristes à nos soldats égorgés à Châambi et à leurs dépouilles, mais cela rappelle aussi les nombreuses scènes de lynchage et de décapitation des terroristes de Daech en Syrie, Irak et Libye.
La barbarie de Daech dans ces régions ne diffère pas trop de celle observée en Turquie ce week-end.
Ayrault and co peuvent continuer dans leur scepticisme, puisqu'ils refusent de voir ce qui nous semble évident.

Depuis Tunis, les réactions ont fusé. Et comme d'habitude, quand il s'agit d'islamistes, elles sont clairement tranchées. Entre ceux qui ont défendu le coup d'Etat alors qu'ils sont démocrates patentés et ceux qui ont défendu le lynchage post-putsch, alors qu'ils sont droits-de-l'hommistes patentés.
Concernant les premiers, Sofien Ben Hamida a bien expliqué le topo dans sa chronique du dimanche 17 juillet. Dans une démocratie, il faut savoir respecter les institutions d'abord et avant tout.
Concernant les seconds, ce sont les mêmes qui défendent le lynchage des soldats putschistes et la peine de mort qu'Erdogan pense rétablir pour eux…
Leur « droit-de-l'hommisme » est soudain mis entre parenthèses, délivrant ainsi un chèque en blanc au sultan Erdogan. Il est vrai qu'on soupçonne, beaucoup parmi eux, d'être financés par ce même sultan. « Au nom de la démocratie et du respect des institutions », disent-ils.
« Démocratie, que de dérives commet-on en ton nom ! » Les premiers oublient ses notions parce que ce sont leurs adversaires, qu'il faut abattre, qui sont au pouvoir. Les seconds oublient ses notions parce qu'ils oublient que c'est Erdogan lui-même qui a préparé le terreau à ce putsch en s'en prenant justement à la démocratie. Exactement comme Mohamed Morsi quand il a pris le pouvoir, il a utilisé la démocratie pour en finir avec la démocratie. Ben Ali parlait également de démocratie pour mieux s'en prendre à elle.

Au nom de la démocratie, Erdogan s'en prend aux putschistes et il a raison sur le principe. Il est hors de question que la Turquie vive de nouveau un coup d'Etat, militaire de surcroit !
Seulement voilà, la démocratie ne signifie pas uniquement l'organisation d'élections transparentes et le respect des institutions et des choix du peuple. Elle signifie aussi le respect de la liberté d'expression, de la constitution, des lois et des droits de l'Homme. De tout cela, Erdogan n'en a cure. Sous son régime, ce sont des centaines de journalistes qui crèvent dans les prisons. La presse est bâillonnée, la justice est aux ordres et on s'apprête à modifier la constitution pour donner plus de pouvoirs despotiques au président. Ce même président qui s'est construit un palais de sultan ottoman au luxe ostentatoire et dont le fils est mêlé dans de graves affaires d'enrichissement illicite et soupçonné d'être en business avec les terroristes de Daech.
Parler de respect de démocratie en Turquie signifie défendre le mandat du président, mais également parler de ses violations de cette même démocratie. En supposant qu'il y a bel et bien eu des putschistes qui s'en sont pris à Erdogan et à la démocratie turque, il serait bon aussi de noter qu'ils ne sont pas plus coupables qu'Erdogan lui-même qui s'en est pris à cette démocratie turque bien avant eux.
Dire qu'Erdogan a été démocratiquement élu ne suffit pas (ne suffit plus) pour lui donner toute la légitimé requise à son poste, car Ben Ali aussi a été démocratiquement élu.


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