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Youssef Chahed, an I
Publié dans Business News le 25 - 08 - 2017

« Il est de mon devoir d'être franc avec le peuple et de lui dire toute la vérité […] Nous devons être debout pour la Tunisie » avait déclaré Youssef Chahed dans son discours d'investiture devant les députés de l'ARP le 26 août 2016. Soit il y a très exactement un an. Des paroles fortes qui ont donné naissance aux slogans des plus patriotiques aux plus ironiques. Si son discours a donné un coup de frais aux textes officiels étriqués et en langue de bois, certaines des promesses formulées ce jour-là n'ont pas vu le jour. Retour sur ce qui a été fait en un an du gouvernement d'union nationale.


Le 26 août 2016, Youssef Chahed gravissait les marches de son pupitre au Bardo d'un pas pressant. S'en dégageait l'image d'un chef de gouvernement jeune, dynamique et pressé de faire face aux chantiers qui l'attendent. A 39 ans au moment de son investiture, Chahed est le plus jeune chef de gouvernement de l'histoire de la Tunisie et l'opinion publique entretenait de grands espoirs en lui.
Dans son discours, Youssef Chahed avait promis de faire de la guerre contre le terrorisme « sa première priorité », de soumettre une loi avant la fin de l'année 2016 afin de fournir le soutien nécessaire à l'institution sécuritaire mais aussi pour prendre en charge les enfants des martyrs de la guerre anti-terroriste jusqu'à leurs 21 ans. Il a aussi promis d'œuvrer à ce que toute la vérité sur les assassinats politiques soit dévoilée, en particulier, ceux de Belaïd et Brahmi. Hormis une amélioration de la situation sécuritaire, aucune des deux autres promesses n'ont été tenues et le projet de loi demeure encore entre les mains des députés qui continuent d'en bloquer plusieurs autres.
La deuxième priorité de Youssef Chahed a été la guerre contre la corruption. « Nous nous engageons à mettre en place un cadre juridique adéquat qui facilitera l'action des institutions en place pour lutter contre la corruption ». Youssef Chahed a aussi annoncé que son gouvernement allait « faire face aux grèves anarchiques » et a annoncé une reprise de la production de phosphate ainsi qu'une solution aux problèmes de saleté dans les rues.

Au moment de son investiture, Youssef Chahed devait gouverner un pays en pleine crise. L'Etat était en perte d'autorité, le déficit des finances publiques ne cessait de se creuser et la situation sociale était très tendue. Lors de son discours à l'ARP, c'est un sombre tableau qu'il avait dressé face aux députés venus lui accorder leur confiance. « La situation en 2017 sera beaucoup plus difficile si on ne fait rien. Nous serons obligés de suivre une politique d'austérité » a-t-il dit rappelant que « lors des cinq dernières années, le pays a été témoin d'une crise de valeurs, d'une recrudescence de la corruption. La production et l'investissement ont baissé et les Tunisiens n'ont pas travaillé comme il faut. Le terrorisme frappe encore. Nous sommes dans une situation difficile ».
Nombreux observateurs de la scène politique avaient estimé, lorsque le nom de Chahed a été proposé pour le poste, qu'il fallait être « kamikaze » pour occuper de telles responsabilités en une période aussi hasardeuse.

Un an après, si son plus grand coup de poker a été la lutte anti-corruption, la réussite du gouvernement Chahed est sans aucun doute la lutte antiterroriste. En effet, depuis l'opération de Ben Guerdène de mars 2016, aucun attentat terroriste d'ampleur n'a été enregistré sur le sol tunisien et plusieurs opérations ont été avortées grâce aux services de renseignement. De quoi apaiser les souvenirs des attaques sanglantes de 2014 à Sousse, au Bardo et en 2015 à Tunis.
Selon les chiffres communiqués par le gouvernement à l'agence de presse TAP, concernant les 6 premiers mois de l'année 2017, le taux de croissance s'est élevé à 1,9% contre 1% seulement pour la même période de l'année dernière. Ces mêmes indicateurs montrent aussi que plusieurs secteurs vitaux ont connu une reprise. Parmi eux, les hydrocarbures avec une hausse de 34% de la production de phosphate et le tourisme avec 19% de plus marquant ainsi « les prémices d'un retour à la normale ». Les exportations ont aussi évolué dans plusieurs domaines dont les légumes frais (+3%), les dates (+20%), les composantes automobiles (+16%), etc. Les intentions d'investissement ont aussi augmenté de 19,9% dans l'industrie et 47% dans l'agriculture et 77% dans les services.
Au niveau social, 6% de grèves en moins ont été constatées cette année par rapport à l'année dernière. En effet, là où les précédents gouvernements ont échoué, le gouvernement Chahed a réussi à trouver un terrain d'entente avec la puissante centrale syndicale. 37% d'entreprises en moins sont touchées par les grèves et le nombre des participants aux grèves a, par la même, baissé de 30%. Il s'agit des taux les plus bas depuis la révolution.
Aussi, en une année seulement, cinq des ministres du gouvernement d'union nationale ont quitté le navire. Youssef Chahed a limogé ses ministres des Affaires religieuses, Abdeljalil Ben Salem, de l'Education, Néji Jelloul, et des Finances, Lamia Zribi. Les deux derniers postes demeurent encore vacants à l'heure actuelle et tenus par intérim. Par ailleurs, deux autres ministres ont déposé leur démission, il s'agit du ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, Abid Briki, dont le département a été, depuis, supprimé, et plus récemment du ministre de la Coopération internationale, Fadhel Abdelkefi.

Mais si la communication n'a jamais été le fort du gouvernement Chahed, le projet le plus spectaculaire a été l'opération Mani Pulite qui l'a propulsé en tête des sondages d'opinion. Selon le dernier baromètre Sigma, Chahed devient personnalité la plus populaire de l'année 2017 bien devant Béji Caïd Essebsi, Néji Jelloul ou encore Samia Abbou. Une opération à laquelle on reproche notamment d'être plus spectaculaire qu'effective mais, surtout, inachevée.
Autre coup d'éclat, la conférence internationale Tunisia 2020 qui a réuni des bailleurs de fonds et organismes internationaux venus de plusieurs pays et engrangé près de 19 milliards de dinars de promesses d'investissement. Des promesses qui tardent à être concrétisées. Derrière ce blocage, entre autres, un code des investissements adopté depuis un an mais entré en vigueur seulement depuis avril 2017.

Depuis son investiture, Youssef Chahed a multiplié les visites dans les régions dont Sfax, Tataouine, Djerba etc. et annoncé, en grande pompe, de nombreuses promesses et projets qu'il s'est engagé à réaliser. Toutes n'ont pas été tenues et ses adversaires politiques ne tardent pas à le lui faire remarquer.
Sur Shems fm, en juin dernier, Noureddine Bhiri, président du groupe parlementaire d'Ennahdha, a appelé Youssef Chahed à « tenir ses promesses » affirmant que son parti se tenait derrière le chef du gouvernement et le soutenait dans sa mission.
Rien n'est moins sûr lorsque l'on sait que le même parti Ennahdha avait soutenu son président, Rached Ghannouchi, lorsqu'il a appelé Youssef Chahed, lors d'une interview télévisée sur Nessma, à ne pas se présenter à la présidentielle de 2019. Pourtant, aucun engagement dans l'accord de Carthage ne le lui interdisait.

En une année d'exercice, force est de reconnaitre que Youssef Chahed a suivi la feuille de route de l'Accord de Carthage dont est issu son gouvernement d'union nationale. Mais si sa cote de popularité auprès de l'opinion publique ne cesse de grimper, politiquement, Chahed se retrouve de plus en plus isolé. En effet, ses détracteurs estiment qu'il est « allé trop loin » dans certains dossiers, dont la corruption, en s'attaquant à de grands barons du domaine. De quoi compromettre un équilibre déjà établi depuis des années et toucher à des intérêts qu'on aurait aimé voir sauvegardés. Celui qu'on prédestinait à être « un simple exécutant » aux ordres de Carthage, qui est derrière sa nomination, Chahed a décidé de voler de ses propres ailes.


« Le peuple a perdu la confiance dans l'Etat » avait-il déclaré lors de son premier discours de chef de gouvernement. Si le bilan de Chahed n'a pas été brillant et qu'il ne s'est pas révélé être le héros que l'opinion publique espérait en cette période de crise, il aura quand même eu le mérite de restaurer la confiance des Tunisiens dans les dirigeants politiques. Du moins, certains d'entre eux. Heureusement que tous ne comptent pas leurs prouesses en nombre d'heures passées assis sur une chaise ou en dépoussiérant de vieilles photos populistes…


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