A l'approche des échéances municipales, notre parti islamiste national ne chôme pas. S'appuyant sur la discipline qu'on lui connait, sur des structures solides et des bases impliquées dans l'action partisane, Ennahdha se prépare comme il se doit à entrer dans la course et à en ressortir gagnant. Plus que quatre mois nous séparent des premières élections municipales après la révolution. Des élections qui renforceront le cheminement démocratique engagé par la Tunisie et consacreront un pouvoir local. Près de sept ans après les événements du 14-Janvier, ce sont des délégations spéciales qui ont pris en charge les affaires courantes. Plusieurs manquements et défaillances, ont fait que la situation ne s'est pas améliorée pour les citoyens. Leur quotidien est jalonné de tracas, quand on constate l'état des infrastructures dans les quartiers ou les problèmes liés à la pollution et à la gestion des ordures et autres déchets, pour ne citer que ça. Le 17 décembre 2017, ces citoyens devraient se rendre aux urnes et voter pour les candidats qu'ils pensent les plus aptes à les représenter à l'échelle locale. Il s'agit là d'un enjeu de taille pour la ribambelle de partis politiques que compte le pays. Une occasion pour se repositionner sur l'échiquier politique et de donner une idée sur leur véritable poids. Le fait est que ces élections viennent à mi-mandat des dernières législatives et de la présidentielle de 2014 et celles à venir de 2019.
Alors que certains partis évoquent, depuis quelques temps, la nécessité de reporter les municipales, arguant que la Tunisie n'est pas encore prête pour les mener à bien, Ennahdha n'en a cure et tient au contraire au maintien de la date prévue. Certains, justement, n'ont pas intérêt à ce qu'elles se tiennent en 2017, pour la simple raison qu'ils ne sont tout bonnement pas prêts. De quel parti traverse des crises internes, d'un autre qui ne s'est pas encore déployé sur tout le territoire et d'un autre qui n'a toujours pas fixé la manière et la forme avec laquelle il se présentera ; les langues se délient pour reporter l'échéance.
Pour le mouvement Ennahdha, les préparatifs vont bon train et la question du report ne se pose même pas. Sorti deuxième aux précédentes élections législatives derrière Nidaa Tounes (qui s'est désagrégé depuis), le parti islamiste compte bien se refaire une santé. Il en a les moyens, matériels et humains et compte bien en découdre avec ses adversaires. La redoutable machine islamiste s'est mise en branle et rien ne pourrait l'arrêter. Une machine bien huilée qui représente un atout majeur pour le parti, face à des adversaires désorganisés au niveau structurel. En préparation des élections municipales, Ennahdha met en place ses listes. Le parti a annoncé qu'il participera dans toutes les circonscriptions et municipalités, en établissant des listes électorales composées à 50% par ses adhérents et à 50% par des « compétences locales indépendantes ». Ainsi, et pour consacrer la démocratie au niveau de sa base et une ouverture à d'autres personnes en dehors du mouvement, les candidats seront classés dans les listes à la lumière des résultats des élections internes. D'après Mohsen Nouichi, président du bureau des élections d'Ennahdha et membre du bureau exécutif, le mouvement s'est fixé un calendrier. Ce qui fait que les listes électorales seront prêtes au plus tard fin août-début septembre, soit quelques jours avant l'ouverture des candidatures prévue pour le 10 septembre.
Depuis quelques jours donc, Ennahdha a tenu dans ses bureaux locaux des élections en vue de désigner ses candidats. Ne manquant pas de communiquer sur l'événement, le chef du mouvement, Rached Ghannouchi s'est déplacé dans les localités de Sidi Hassine, Beb Souika, la Médina et Ben Arous. Une organisation bien ficelée, des isoloirs dans les règles de l'art, des adhérents présents en nombre : la discipline est de rigueur. Tout est mis en place pour que ces élections des bases du parti se déroulent dans les meilleures conditions. Une approche participative et qui se veut transparente qu'Ennahdha adopte dans toutes les régions du pays, alors que les autres formations politiques semblent ramer ou du moins manquer de cette discipline, ô combien nécessaire pour espérer se hisser à l'exercice politique moderne.
Afin de souligner son attachement à la tenue des municipales dans les délais, le bloc parlementaire d'Ennahdha est entré en jeu. Se réunissant en présence de Rached Ghannouchi, le bloc a appelé incessamment à programmer une session parlementaire exceptionnelle pour finaliser la composition de l'Instance supérieure indépendante pour les élections. L'ISIE, alors qu'on se trouve en dernière ligne droite pour les municipales, fonctionne en l'absence d'un président et de deux autres membres. Ne ménageant pas ses mots, Noureddine Bhiri, président du bloc parlementaire, a exhorté les députés à respecter leurs engagements dans le but de fournir les conditions nécessaires pour la tenue des élections municipales dans les dates convenues. C'est que, au mois de juillet, l'Assemblée des représentants du peuple a tenu plénière sur plénière, en vue de combler les postes vacants. Sauf que, faisant fi du consensus sur les noms des candidats, des blocs parlementaires (surtout Nidaa Tounes) ont bloqué le vote. Les dessous de ces manœuvres ont été dévoilés par certains élus, dénonçant les desseins de Nidaa qui voudrait coûte que coûte placer son candidat au sein de l'instance, quitte à ce que les postes restent vacants et quitte à ce que les élections soient ajournées.
Ennahdha est prêt pour les municipales, certains partis le sont moins et ne cessent de s'égosiller en faveur d'un éventuel report, au lieu de faire en sorte de rattraper leur retard. Pour les prochaines élections, se sont plus de 5 millions de citoyens inscrits sur les listes électorales qu'il faudrait convaincre. Le parti islamiste en est conscient et ne laisse rien au hasard, avançant à pas sûrs pour décrocher le plus de sièges possibles.