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Offrez-leur des voitures et vous obtiendrez des lois sur mesure !
Publié dans Business News le 11 - 12 - 2017

C'est une calamité. C'est le moins que l'on puisse dire de cette loi de finances 2018 pondue samedi dernier. « Cette loi est une catastrophe et une calamité, non seulement pour les entreprises, mais aussi pour le citoyen», comme l'a si bien conclu la députée d'Afek, Rym Mahjoub.
C'est dans une véritable inquiétude que les chefs d'entreprise ont passé la soirée du samedi, lors du vote de cette loi et le dimanche pour étudier ses conséquences sur leurs activités. Dès la publication du projet de loi, ils ont vu que le gouvernement a proposé des textes anachroniques et improductifs qui manquent de visibilité et de cohérence. Mais ils ne s'attendaient pas du tout à la « cerise » offerte samedi soir par des députés d'Ennahdha, parti islamiste certes, mais supposé être libéral de droite. C'était le comble puisque ce parti a mis la main dans la main avec l'extrême gauche du Front populaire pour pondre une loi populiste. « Haro sur les riches ! », avait-on l'impression d'entendre ce samedi. Depuis la révolution, le populisme primaire des années soviétiques a gagné beaucoup de galons. Avec ce qui s'est passé samedi, on peut dire qu'il a encore de beaux jours devant lui.

Le 8 novembre dernier, Youssef Chahed a reçu les directeurs des grandes surfaces commerciales pour une séance de travail portant sur les moyens susceptibles de contrer la hausse des prix et la préservation du pouvoir d'achat du citoyen.
Le 9 décembre, soit un mois plus tard, les députés votent un texte de loi, proposé par des députés d'Ennahdha, taxant 35% l'impôt sur les grandes surfaces, alors que le reste des sociétés n'est taxé qu'à hauteur de 25%. Le prétexte est que ces sociétés réalisent trop de bénéfices. CQFD. Il se trouve que deux des trois plus grandes surfaces en Tunisie sont cotées en bourse et que leurs chiffres et leurs résultats sont connus de tous. D'après ses indicateurs boursiers au premier semestre 2017, le résultat net de Magasin général est en baisse par rapport à la même période en 2016 et il ne représente que 1,8% du chiffre d'affaires. Du côté de Monoprix, et pour la même période, le résultat net ne représente que 0,8% du chiffre d'affaires. Voilà la marge de bénéfice gagnée par les « riches » de ces deux grandes surfaces que nos chers députés veulent taxer encore davantage.
D'après vous, cette marge serait-elle révisée encore plus à la baisse quitte à faire peur aux investisseurs et ceux qui prennent le risque de faillite et d'échec avant de lancer un projet de grande surface ? Je doute fort, car d'une manière ou d'une autre, ces grandes surfaces vont faire impacter la hausse imposée par les députés d'Ennahdha sur le consommateur final. Et tant pis pour Youssef Chahed qui leur demande de baisser les prix, car Youssef Chahed ne sera pas là quand ils feront faillite ou qu'ils ne pourront pas rentabiliser leur investissement.

Les mêmes députés d'Ennahdha veulent également imposer à 35% les concessionnaires automobiles. Il parait que leur commerce est juteux selon les islamistes qui se présentent comme libéraux. Il se trouve que trois grands concessionnaires se trouvent cotés en Bourse. Quelle est la marge bénéficiaire de ces « riches » concessionnaires ? D'après les indicateurs boursiers arrêtés au premier semestre 2017, les « riches » d'Ennakl (Volkswagen, Skoda, Seat) ont un résultat net représentant 9,92% par rapport au chiffre d'affaires, les « riches » de Artes (Renault, Nissan) ont une marge de 12,76% alors que les « riches » de City Cars (Kia) ont une marge de 9,36%. Voilà combien gagnent les « riches » !
Au vu de cette dernière mesure, ces concessionnaires n'auront pas beaucoup de choix. D'un côté, ils sont dans l'obligation de rémunérer les risques pris par leurs actionnaires, qui ont un business plan d'amortissement de l'investissement très précis, et de l'autre ils sont dans l'obligation de payer les impôts exigés. Ils vont inévitablement impacter la hausse de l'impôt sur le prix final des voitures qui ont déjà fortement augmenté ces dernières années à cause de la chute vertigineuse du dinar tunisien. Voilà les conséquences de l'amateurisme des députés d'Ennahdha : encore plus d'inflation sur le consommateur final ! Et si celui qui va acheter la voiture est un professionnel (utilitaire, taxi, louage, véhicule de service ou de fonction), ce dernier va impacter lui aussi le prix du coût élevé de l'achat de la voiture sur son produit final. C'est un effet boule de neige automatique que nos « gauchos » du FP peuvent ignorer, mais pas ceux libéraux d'Ennahdha.
Pour les concessionnaires automobiles, il est bon de rappeler deux points importants puisqu'on les accuse à longueurs d'années d'être responsables de l'hémorragie de devises. Le premier est qu'ils ne peuvent importer une voiture que lorsqu'ils ont déjà prouvé qu'ils ont réalisé des exports du même montant. C'est ce qu'on appelle le système de compensation qui est totalement illégal, mais que l'Etat continue à pratiquer et à imposer d'une manière détournée depuis les années Ben Ali.
Le deuxième point est que ce même Etat continue à imposer des quotas d'importation à ces concessionnaires et il leur a demandé, dernièrement, de les réduire de 20%. Ils vont donc se trouver doublement condamnés. D'un côté on leur impose de réduire leur chiffre d'affaires (et donc leur bénéfice) et de l'autre on leur augmente les impôts sur leurs marges déjà minimes.
Le paradoxe est que ce même Etat a cédé dernièrement ses participations dans des concessionnaires auto et qu'il s'apprête à en céder d'autres et que les acquéreurs, avant de présenter leurs offres d'investissement, ont préparé des business plan précis. En clair, l'Etat se décrédibilise devant les anciens acquéreurs et se met une balle au pied devant les prochains. Qui va désormais faire confiance à cet Etat qui change les règles du jeu en cours de partie ?

Autres mesures pondues lors de cette loi de finances par des députés d'Ennahdha, l'imposition des franchisés à hauteur de 35%. Ici aussi, on change les règles du jeu en cours de partie et on donne un signal très négatif aux futurs investisseurs. Pourquoi viendront-ils investir leurs billes dans un pays où le taux d'imposition figure parmi les plus élevés au monde ? Un peu partout, on dit que ces franchisés n'apportent rien au pays, ce qui justifie leur imposition élevée par rapport aux enseignes locales. Vision biaisée et archaïque de l'économie du marché, car ces franchisés ne sont qu'une petite vitrine d'autres enseignes plus grandes. Ils commencent par un petit magasin avant d'ouvrir une grande usine. Un jour, un directeur de la City Bank, a déclaré à peu près : « Quand je constate que votre pays n'a pas de Mac Donald, je conclus tout de suite qu'il y a un problème. Je ne vais pas chercher c'est quoi le problème, je m'en moque, mais je sais qu'il y en a un et je ne vais pas m'amuser à investir dans un pays où il y a un problème empêchant même Mac Do de s'y installer ». Un investisseur étranger, quand il viendra explorer le pays, n'ira pas manger au keftegi du coin, il ira vers des enseignes internationales qu'il connait et en qui il fait confiance.

Et puis, il y a l'autre mesure injuste et idiote qu'on impose aux investisseurs, celle de l'impôt sur les dividendes. C'est Mehdi Jomâa qui a ouvert le bal en imposant de 5% les dividendes et voilà que Youssef Chahed la ramène à 10%. Pourquoi ce nouvel impôt est injuste et idiot ? Parce qu'il impose un résultat net qui a déjà payé son impôt sur le bénéfice ! En clair, on a un bénéfice qu'on impose à hauteur de 25% (ou 35%) et au moment de la distribution de ce bénéfice aux actionnaires, on les impose de 10% de plus ! Ces mêmes actionnaires qui ont pris le risque d'investir et de créer de la valeur ajoutée, au lieu de placer leur argent dans une économie de rente. Quel est le signal qu'on donne aux investisseurs dans ce pays qui souffre de chômage et de manque de croissance ? Arrêtez d'investir, car si vous allez gagner de l'argent, on va vous le prendre ! Merci de rester pauvres, merci de cesser de créer de la richesse !
Le comble est que ce pays où l'on fait face à tant d'injustices, d'aberrations et de pressions fiscales a été déclaré cette même semaine comme étant un paradis fiscal ! Vraiment, le comble !

Pour revenir aux députés d'Ennahdha qui ont pondu les mesures improductives qui vont causer une série d'inflations à la chaîne, les faits exigent qu'on leur fasse de suite un procès d'intention. Leurs propositions ont été dévoilées à la toute dernière minute, à la surprise générale. Elles surviennent deux jours après des mesures (idiotes et injustes également) imposant 90% de droits de douane aux produits turcs. Ils ont tout fait pour empêcher ce texte (article 36) de passer, mais ils n'ont pas réussi. Par vengeance, par revanche, ils ont réagi avec des textes encore plus idiots. Le député nahdhaoui a la nationalité tunisienne mais le cœur turc.

Qu'est-ce qu'il aurait fallu faire pour ne pas subir tant d'injustices, d'aberrations et de pressions fiscales ? Dans les pays développés et les grandes démocraties, on fait appel aux lobbys qui sont chargés de « convaincre » les députés que cette loi est bonne ou mauvaise pour tel ou autre secteur. Et il serait naïf de croire que les députés (et je parle en général et non des députés tunisiens en particulier) sont si patriotes et consciencieux qu'ils ne vont pondre que les lois allant dans l'intérêt du citoyen. Quelle que soit leur nationalité, les élus ne décideront que ce qui est dans leur intérêt. Donald Trump ne laissera jamais passer une loi allant à l'encontre de l'industrie des armes qui a largement financé sa campagne électorale. Et c'est là le grand déficit en Tunisie, nos hommes d'affaires ne savent pas faire du lobbying, ni pour eux-mêmes ni pour le pays. Ils auraient été présents à Bruxelles mardi dernier, les ministres européens des Finances n'auraient pas placé la Tunisie dans la liste des paradis fiscaux. Ils auraient été présents samedi dernier au Bardo, les députés n'auraient pas voté le texte leur imposant 35% sur le bénéfice. Et il ne s'agit pas de présence physique pour convaincre, il s'agit de faire miroiter aux députés (ou aux ministres) leurs propres intérêts. C'est de la corruption, dites-vous ? Non, ça y ressemble, ça s'appelle le lobbying, ça se pratique dans toutes les démocraties et ce n'est pas illégal.


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