C'est dans la conviviabilité habituelle que les professionnels de la pub et des médias se sont rassemblés samedi 20 janvier 2018 à l'hôtel Paris aux Berges du Lac, pour la grand-messe annuelle et rendez-vous incontournable de l'Open Sigma. Evénement qui a réuni un ensemble d'annonceurs, d'agences de communication, de médias, de régies publicitaires, d'experts médias et communication, de journalistes, universitaires et étudiants. Comme chaque année, Hassen Zargouni, DG de SIGMA Group y a présenté d'importantes informations notamment sur les tendances 2017 et les prévisions 2018 concernant la situation économique, les attentes et les appréhensions des Tunisiens, le tout en chiffres.
Côté prévisions, M. Zargouni estime, donc, que la croissance passera de 1,9% en 2017 à 3% en 2018 puis à 2,1%. Le PIB par habitant passera de 28.849 dinars en 2017 à 32.051 dinars en 2018 puis à 34.799 dinars en 2019. L'inflation évoluera, quant à elle, de 5,3% en 2017 à 5,3% en 2018 puis à 4,8% en 2019. Le chômage baissera à 15,7% en 2018. La dette extérieure atteindra 85.914 MD en 2018 puis 96.915 contre 73.568 MD en 2017. Le déficit courant évoluera de 10.406 MD en 2017 à 10.062 MD en 2018 puis 10.647 MD en 2019. Le déficit passera de 15.592,1 MD en 2017 à 13.416 MD en 2018 puis à 13.650 MD en 2019. Le taux de change dollars/dinar sera de 2,66 dinars en 2018, 2,77 dinars en 2019 alors que le taux de change euro/dinar passera à 3,09 dinars en 2018 pour atteindre 3,24 dinars en 2019.
Concernant l'évaluation de l'année 2017, 33,3% des Tunisiens estiment qu'elle a été mieux que 2016 alors 54,7% pensent qu'elle a été pire. 32,1% d'entre eux considèrent même qu'elle est bien pire. S'agissant des meilleures réalisations de 2017, 7,7% considèrent qu'il s'agit de la sécurité et la stabilité, 6,2% la qualification pour la coupe du monde, 5,7% l'amélioration de l'infrastructure, 5,4% la lutte contre le terrorisme et 4,5% la lutte contre la corruption. Les échecs les plus importants, selon les Tunisiens, pour 2017, sont la détérioration de la situation économique (18,3%), la cherté de la vie et la détérioration du pouvoir d'achat (14,8%) et le chômage (14,4%).
Les principales attentes pour 2018 sont la création d'emplois et de projets (30,8%), la lutte contre l'inflation (14,9%), l'amélioration de la situation économique (12,9%), l'instauration de la sécurité et la lutte contre le terrorisme (10,1%), l'amélioration de la situation sociale (9,8%) et plus de stabilité (9,4%). Les principales craintes pour 2018 sont la propagation du terrorisme (16,3%), le chaos (13,9%), une deuxième révolution (10,9%), la détérioration de la situation économique (10,8%) et la détérioration du pouvoir d'achat (9,6%). Ainsi, les échecs de l'année 2017 et les craintes de 2018 sont principalement économiques, fait remarquer M. Zargouni.
Ainsi, concernant les priorités attendues du gouvernement et sur lesquelles il doit agir immédiatement, les Tunisiens pensent à 17,6% que l'action gouvernementale doit viser la création d'emplois (17,6%), l'amélioration du pouvoir d'achat (15,8%), la lutte contre la corruption (15,1%) et la lutte contre le terrorisme (14,1%).
Interrogés de savoir si les choses vont dans la bonne ou mauvaise direction, les Tunisiens sont assez pessimistes, 78% pensent qu'elles vont dans la mauvaise direction et seulement 20% dans la bonne.
Questionné par Business News, sur le seul chiffre à retenir aujourd'hui, Hassen Zargouni a estimé qu'il y en avait plutôt 3. Tout d'abord la menace qui pèse sur la presse écrite, avec des investissements publicitaires dans les journaux papiers qui ont baissé de 18%. «Tous les ans, ce chiffre baisse et il y a moins de 16% du nombre d'insertions dans la presse écrite, notamment une baisse du nombre des quotidiens, c'est terrible !». Ainsi, il estime que si les journaux papiers ne parviennent pas à se réinventer, en passant par une transformation digitale par exemple, «il y a un risque sur toute une industrie, avec beaucoup de pertes en termes d'emploi». Deuxième chiffre important, celui des Tunisiens qui pensent à 54% que 2017 a été pire que 2016 et 78% qui pensent que nous allons dans le mauvais sens. «Ça, ce n'est pas le meilleur moyen d'aborder une année alors que la croissance va être au rendez-vous en 2018, grâce à une bonne année agricole, touristique et certains investissements étrangers déjà actés et c'est ça le troisième chiffre », a-t-il affirmé. Et d'ajouter, «Il y a une appréhension de cette année par manque de confiance en nos dirigeants et en nous-mêmes, qui contraste avec une bonne année 2018 qui s'annonce en terme économique, espérons, d'autant plus que les Tunisiens considèrent que ce qui compte en 2018 c'est l'amélioration de la situation économique». Sinon, s'il y a un et un seul chiffre à retenir, dit-il malicieusement et sourire aux lèvres, c'est les 20 ans de Sigma !