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Malversations à la SNCFT, la victoire de l'INLUCC
Publié dans Business News le 09 - 03 - 2018

Voilà deux ans, l'opinion publique découvrait l'histoire incongrue de Issameddine Fitati, un conducteur de train licencié par la SNCFT en 2016 pour avoir dénoncé des dossiers de corruption. Le 8 mars 2018, le PDG de la société des chemins de fer, a annoncé, la réintégration du chauffeur, à partir de lundi prochain. Une décision prise sous la pression du ministre du Transport Rahouane Ayara et de l'INLUCC. Issameddine Fitati, présent au plateau de Hamza Belloumi sur Elhiwar Ettounsi exprimait hier sa joie de reprendre le travail soulignant toutefois son intention de continuer à « dénoncer les faits de corruption » qui gangrènent la SNCFT…

Le président directeur général de la société nationale des chemins de fer de Tunisie SNCFT, Anis Oueslati a annoncé, hier, que Issameddine Fitati qui avait été suspendu de ses fonctions au sein de la société de transport il y a un an et demi pour avoir dénoncé des dossiers de corruption, réintégrera officiellement son poste.
La décision a été « imposée » par le ministre du Transport, Radhouane Ayara, qui avait signé le 28 février dernier un document dans ce sens suite à la publication par l'instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), le 18 janvier 2018, d'une demande de réintégration de l'employé licencié.

L'affaire Issameddine Fitati date de 2016. Bien qu'il ait mené un combat acharné contre les défaillances de la SNCFT depuis plus de dix ans, ce n'est que lorsqu'il a commencé à apparaitre dans les médias qu'il a perdu son travail. Après avoir été traduit deux fois devant le conseil de discipline de la SNCFT, le 30 décembre 2015 et le 22 juillet 2016, le chauffeur a été licencié pour « avoir dévoilé des documents internes de la compagnie, pour avoir diffamé et insulté des responsables et pour avoir introduit, sans autorisation, une personne qui a filmé de l'intérieur les locaux de la gare de Jebel Jeloud ».
Selon la SNCFT, cette violation du secret professionnel a donc conduit le chauffeur de train à la révocation. Oui, mais… Issameddine Fitati n'a eu de cesse, bien avant la médiatisation de son « combat », et depuis 2012 déjà, voire bien avant, d'adresser des lettres aux ministres, aux responsables et à ses directeurs, toutes restées sans réponse.

Lors d'une entrevue avec Business News, datant du 21 avril 2017, il avait affirmé : « Quand j'étais encore conducteur de train, j'ai écrit à tous les ministres du Transport pour leur faire part de mes inquiétudes. En interne, à la SNCFT, personne n'a voulu m'écouter et on m'a fait passer pour un fou. Depuis Abderrahim Zouari, ancien ministre du Transport de 2004 à 2011 jusqu'au ministre actuel, Anis Ghedira, toutes mes lettres sont restées sans réponse. D'ailleurs, ceux qui sont à l'origine de la faillite de la SNCFT sont toujours en poste ou proches de la retraite. Ils n'ont pas été inquiétés ».
D'après ses dires, en 2010, lorsque Sarra Rejeb était directrice générale du transport terrestre, une entrevue a été organisée. L'actuelle PDG de la SNCFT lui aurait alors fait une proposition : « Changez le contenu de votre rapport sur la SNCFT et nous nous placerons de votre côté », une proposition que le chauffeur abasourdi, avait déclinée sans l'ombre d'une hésitation.

Les dénonciations de Issameddine Fitati concernent d'abord et comme il tient à le rappeler, les manquements conduisant à la mise en danger des 41 millions de voyageurs qui empruntent chaque année les trains de la SNCFT. Des anomalies majeures et très graves, que le chauffeur a documentées, filmées et exposées lors de son passage, il y a un an, dans l'émission El Hak Maak de Hamza Belloumi. Des anomalies, qu'il avait relevées et desquelles il a fait part, comme l'exige le code de bonne conduite du fonctionnaire dans le public, à ses supérieurs, en vain.
Lors de notre enquête en 2017, nous nous étions aperçus qu'Issam n'était pas le seul à parler de corruption au sein de la SNCFT. En allant visiter la page Facebook « Les cheminots Tunisiens », on s'était aperçu que les allégations de corruption se multipliaient. Usage abusif des pouvoirs conférés aux cadres de la SNCFT dans l'exercice de leurs fonctions, transactions douteuses dans le cadre des appels d'offres sur les marchés publics, détournement, dilapidation des deniers publics, abus de biens sociaux, collusion avec des chefs d'entreprises, enrichissement illicite, sont autant de sujets évoqués par les cheminots dont la plupart ont gardé l'anonymat par peur des représailles.

Aujourd'hui Issameddine Fitati est réhabilité, mais l'acharné qu'il est ne lâche pas l'affaire. Le 7 mars au matin, encore au micro de Hamza Belloumi, il dévoilait encore des soupçons de mauvaise gestion dans la SNCFT.
Selon le chauffeur, la SNCFT, a procédé, avec l'accord du ministère du Transport du temps de l'ancien ministre Anis Ghedira à l'acquisition de 20 locomotives pour près de 165 millions de dinars pour renforcer sa flotte. « Sauf que ces wagons ne sont pas compatibles avec notre réseau ferroviaire. En effet, un wagon pèse 120 tonnes et possède 6 roues, ce qui fait une charge de 20 tonnes par roue, or les rails, constituant le réseau tunisien, ne supportent pas plus d'une charge de 15 tonnes par roue. Ces trains ne sont donc pas opérationnels, et on sera obligé par la suite, comme on avait déjà procédé auparavant, de changer toutes les lignes, ce qui aurait un coût colossal pour l'entreprise publique. En gros, on achète du matériel inadapté, que souvent on est appelé à réparer alors qu'il est encore tout neuf et quand il est non conforme on engage des travaux coûteux sur les lignes pour essayer de rectifier le tir » a souligné l'agent licencié.
Issameddine Fitati a enfin précisé, que si l'affaire a été engagée par l'ancien ministre et l'ancienne PDG de la SNCFT, il était important aujourd'hui d'ouvrir une enquête pour en déterminer la portée. L'actuel PDG, Anis Oueslati, a tenu à expliquer, pour sa part, que les techniciens et ingénieurs de la SNCFT, œuvrent à s'assurer de la conformité technique du matériel acquis, ajoutant que les travaux engagés sur les rails entrent dans le cadre des travaux de restauration. Il a toutefois avoué que des locomotives neuves avaient, en effet, subi des rectifications pour une histoire d'écartement des roues et qu'elles sont aujourd'hui exploitées. Fait démenti par M. Fitati qui a souligné, de son côté, que les réparations n'ont rien arrangé au problème et que les roues « retouchées » ne font qu'abîmer davantage les rails des chemins de fer.

Issameddine Fitati s'engage donc dans un second round avec la SNCFT. Lors de son passage à l'émission « Ma Lam Youkal », le chauffeur, tout content de retrouver son travail, a bien assuré qu'il ne cèdera pas. L'INLUCC a d'ailleurs appelé les responsables de la SNCFT, à respecter la clause de non harcèlement des dénonciateurs de faits de corruption, afin qu'aucun moyen de pression ou de représailles ne soient exercées sur le chauffeur. Il s'agit là d'une victoire et pas des moindres, quand on sait la portée du phénomène de corruption dans les administrations publiques tunisiennes. Cette affaire pourrait bien être la fissure qui fera s'effondrer l'Omerta qui a toujours regné sur ce secteur.


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