Des hôtels tunisiens seraient interdits aux familles algériennes, des augmentations des tarifs seraient, également, appliquées. Telles furent les rumeurs qui ont circulé depuis quelques jours, et qui ont entraîné un grand élan de solidarité en faveur des Algériens. Il faut dire que les relations séculaires entre la Tunisie et l'Algérie ne sont pas à définir, tout comme les liens existant entre les deux peuples. La polémique fût déclenchée au moment où la fédération des agences de voyages algériennes, (FNAT), qui organise des centaines de voyages vers la Tunisie, pointe des changements liés à la tarification des hôtels et dénonce le « refus d'accès aux familles algériennes », estimant que le comportement de certains responsables d'établissements hôteliers « inacceptable ». Plus encore, Chérif Menacer, président de la FNAT, a affirmé dans ses déclarations aux médias algériens que « des centaines de clients ont été contraints d'annuler leur réservation à cause de la nouvelle tarification adoptée par les établissements hôteliers en Tunisie. Les hôtels en Tunisie nous ont signalé le changement des tarifs et nos clients se retrouvent dans l'obligation de payer un supplément pour séjourner dans les établissements en question », indique-t-il, précisant qu'il y a eu une augmentation des de 30%. Et d'ajouter que plusieurs responsables d'établissements hôteliers tunisiens ont donné des instructions à leurs personnels pour « ne pas recevoir les familles algériennes et tunisiennes. Cette mesure serait due au comportement inacceptable des touristes algériens. »
Faut-il encore rappeler qu'un autre conflit a été créé, il y a quelques jours, lorsque des agences de voyage algériennes ont annoncé à leur clientèle que des hôtels tunisiens ont décidé l'interdiction du burkini pour des raisons d'hygiène. Cela a déclenché l'ire de plusieurs Algériennes qui ont évoqué leur liberté individuelle. Sauf, que cette mesure n'est pas nouvelle et a été prise par les établissements hôteliers. Il ne s'agit en aucun cas d'une décision prise à l'échelle nationale par le ministère tunisien du Tourisme, et ne vise pas les Algériennes portant ces burkini, elle est à la fois ancienne et générale. Toujours est-il, 100% des plages tunisiennes sont accessibles pour les femmes portant le burkini, y compris dans les hôtels qui l'interdisent dans leurs piscines. Ainsi, ces déclarations ont déclenché une véritable polémique, et une grande colère, aussi bien auprès des Algériens que des Tunisiens. Mais la réponse, n'a pas tardé à venir. En effet, le directeur du bureau d'Alger de l'Office Nationale du Tourisme Tunisien (ONTT), Fouad Eloued, a déclaré que « les informations qui circulent dans certains médias à propos d'une éventuelle augmentation de 30% des tarifs de réservation y compris celles faites à l'avance, ainsi que le renvoie de certaines familles algériennes n'ont aucun fondement ». Il a, également, tenu à préciser qu'il n'y avait aucune annulation de réservation faites par des agences algériennes ou tunisiennes, soulignant que les propos du secrétaire général adjoint du syndicat reste individuels. Par ailleurs, il a assuré que « 905 053 algériens ont visité la Tunisie durant le premier semestre 2018, avec une augmentation de 18% par rapport à 2017 ». Avant de souligner que « les clients algériens sont très privilégiés en Tunisie et ils le savent, vu les relations fraternelles et amicales qui lient les deux pays ». Foued Eloued a, également, révélé qu' « Il s'agit d'un nombre record de visiteurs dont les dépenses devraient injecter quelque 200 millions d'euros dans l'économie tunisienne » a-t-on expliqué. En effet, Cette année il y aura une augmentation du nombre des touristes algériens en Tunisie. On prévoit entre 2,7 et trois millions de touristes qui visiteront la Tunisie en 2018 ».
Pour sa part, le président de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH), Khaled Fakhfakh, a démenti catégoriquement les déclarations du secrétaire général adjoint du syndicat national des agences de voyage algériennes estimant qu'elles sont infondées. « La fixation des tarifs des nuitées dans les hôtels se fait désormais en fonction du paramètre Internet. Il n'est pas logique de laisser tomber les prix affichés sur les sites de booking et de proposer d'autres tarifs aux clients tunisiens ou algériens », a-t-il martelé.
Cela dit, la FTH a dénoncé avec la plus grande fermeté cette campagne mensongère et selon laquelle la clientèle algérienne ne serait pas la bienvenue en Tunisie. « Nos hôtels accueillent de la même manière tous les visiteurs sans discrimination aucune, dans la limite des disponibilités. Les prix sont fixés suivant des conditions contractuelles négociées à l'avance entre les agences et les hôtels, comme chaque année. Nous tenons à conserver les excellents liens unissant les acteurs du secteur touristique des deux côtés de la frontière et nous rejetons toute polémique stérile visant à régler des comptes partisans ».
Cela dit, même le syndicat des forces de sécurité intérieure a pris position sur ce sujet, en exprimant son soutien aux touristes algériens « Si les hôtels vous refusent l'accès, nos maisons vous sont ouvertes ! Et si les intermédiaires immobiliers préfèrent les européens, nous ne vous remplacerons jamais. Vous resterez toujours les bienvenus en Tunisie », indique le syndicat dans son message adressé aux Algériens. Le syndicat a tenu à rappeler le soutien précieux des Algériens au tourisme tunisien au moment de la crise vécue par le secteur. En tout état de cause, les relations entre la Tunisie et l'Algérie demeurent historiques. Les deux peuples ont toujours su exprimer leur solidarité mutuelle, clamant haut et fort les liens qui les unissent dans toutes les circonstances. D'ailleurs, la grande vague de soutien aux touristes algériens envahissant les réseaux sociaux, notamment, Facebook, témoigne de la profondeur de cette relation, en dépit de toutes les campagnes qui peuvent survenir.