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Le burkini ou l'habit de la discorde
Publié dans Le Temps le 19 - 06 - 2018

Le phénomène est apparu il y a quelques années dans le monde et en Tunisie et son interdiction dans plusieurs hôtels n'a cessé d'alimenter, année après année, la polémique. Entre les pour et les contre, le débat fait rage et divise. Aujourd'hui, alors que ramadan s'est éclipsé et la saison estivale sur le point de démarrer, gageons que ce sujet reviendra illico sur le devant de la scène et occupera de nouveau les esprits.
Qui n'en a pas encore entendu parler ? Le burkini est un habit de plage féminin couvrant tout le corps à l'exception du visage, des mains et des pieds. L'ensemble est aussi composé d'un foulard couvrant les cheveux de la dame. Ayant accompagné la vague d'islamisation qui a soufflé un peu partout dans le monde il y a quelques années, il a fait une apparition en force en Tunisie juste après la révolution. N'oublions pas que du temps de Ben Ali, le port du voile ainsi que tout signe de religiosité ont été pendant longtemps interdits et réprimés, surtout dans les années 90 et le début des années 2000, même si le régime avait lâché un peu du lest lors de ses dernières années de règne. Une fois l'ancien président chassé du pays, de très nombreuses femmes ont volontairement choisi de mettre le voile et d'autres y ont été contraintes par leurs familles. Ce qui a été perçu par les observateurs étrangers comme une islamisation de la société tunisienne. Mais force est de constater que depuis, nombreuses sont celles qui ont choisi de le retirer par manque de conviction ou pour d'autres raisons encore. Pour les autres, celles qui ont choisi de garder leur voile, nombreuses sont celles qui ont choisi d'adopter la pratique d'un islam modéré, ironiquement taxé de « light » par leurs détracteurs et qui n'interdit pas, par exemple, le fait de se maquiller, de porter des vêtements près du corps, d'assister à un spectacle musical, de passer du temps dans un endroit mixte, de voyager seule, de saluer et de parler aux hommes ou encore de se baigner dans une plage sous les yeux de tous, autant de choses prohibées par l'islam rigoriste. Et c'est justement dans ce contexte qu'a été introduit le burkini qui s'est affiché en grand nombre sur les plages tunisiennes mais aussi dans les piscines. Depuis, chaque année, la même question se pose : sera-t-il toléré dans les hôtels ?
Jusqu'à un passé très proche, seuls quelques rares hôtels osaient afficher l'interdiction du burkini en grand à l'entrée de leurs piscines et près de leur réception. Un de ces hôtels introduit jusqu'à ce jour cette interdiction en ces termes : « Nous informons notre aimable clientèle que pour des raisons d'hygiène, la politique de notre établissement interdit la baignade en tenues inappropriées dans nos piscines. » Cette formule courtoise, mais ferme, est accompagnée de la photo d'une dame en burkini. C'est à se demander si toutes les autres tenues, à l'instar des shorts en jean ou encore des jebbas, étaient tolérées. Toujours est-il que cette interdiction a commencé à se répandre d'année en année, selon de très nombreux témoignages de clientes qui se sont vues refuser l'accès à la piscine de l'hôtel dans lequel elles résidaient à cause de leurs tenues. Pourtant, en 2017, le ministère du Tourisme avait tenu à démentir ces allégations, déclarant que ce n'était là que des rumeurs qui visaient à porter préjudice au secteur touristique et à semer la zizanie. Cette année, alors que la saison estivale a, à peine, débuté, la question se pose de nouveau. Pour y répondre, il a suffi de se rendre sur le site web de quelques hôtels situés dans les zones touristiques pour savoir que oui, cette année, de plus en plus d'hôtels ont choisi d'adopter la politique de l'interdiction, au grand dam des femmes voilées qui ne semblent pas du tout convaincues par l'argument de l'hygiène. Nombreuses, en effet, sont celles qui se demandent pourquoi dans d'autres pays développés à l'instar du Canada ou de la Grande Bretagne, cet habit était toléré et qu'assurément, s'il constituait le moindre danger pour les autres utilisateurs, il aurait été interdit depuis belle lurette. D'autres encore ironisent pour dire qu'en Tunisie, la liberté individuelle ne s'appliquait qu'à une partie de la société. D'autres enfin menacent de porter plainte contre les établissements hôteliers interdisant le burkini pour discrimination. Dans le camp en face, deux arguments principaux sont évoqués pour justifier cette interdiction. D'abord l'hygiène, cet habit contribuerait à transmettre plus de bactéries que les maillots classiques. C'est ce qu'avait affirmé en 2016 le secrétaire général de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie qui avait déclaré que le nombre de clientes nageant dans les piscines en burkini avait tellement augmenté qu'il représentait désormais un danger pour les autres utilisateurs de ces piscines, vu son impact sur l'équilibre sanitaire et biologique de l'eau et la baisse du taux de chlore, ce qui pourrait constituer un facteur de transmission de maladies. Il avait ajouté à l'époque que les propriétaires des hôtels étaient dans leur plein en droit en interdisant cet habit. Le deuxième argument, évoqué généralement par les progressistes était que cet habit reflétait une mauvaise image de la femme en général. Dans une tribune publiée dans un journal français (Marianne), Me Maya Ksouri n'hésitait pas à titrer son texte ainsi : « Le burkini, insulte au combat mené chaque jour par les femmes arabes.»
Qui a tort, qui a raison? La question est loin d'être tranchée et le débat loin d'être clos. Une certitude toutefois. Un seul bénéficiaire de toute cette polémique, le tourisme « halal » qui ambitionne de se positionner comme une alternative intéressante aux clients désireux de faire rimer vacances et croyances et un seul perdant dans cette affaire, la Tunisie, qui verra ses enfants encore plus divisés, éloignés les uns des autres. Ce clivage n'est salutaire pour personne et encore moins pour la tolérance, la diversité ou encore la stabilité du pays. En effet, classer d'un côté les « pieux » et leur proposer de passer des vacances en communauté dans un hôtel halal comme celui inauguré tout récemment avec la bénédiction du chef du mouvement islamiste Ennahdha et de l'autre côté les « mauvais musulmans » qui ne désirent pas adhérer à la vague du « halal commercial », ceci ne peut qu'impacter négativement la société tunisienne à moyen et long termes. Après tout, la religion n'est-elle pas tolérance et la citoyenneté partage?


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